Archives du Conseil > Un mythe sort de l'ombre
Auteur : Trenia Heqat
07/11/07 22h44 | 41 Galan 3726
Dans de nombreuses légendes, on parle de magie noire et de sorciers, de destruction et de démons, mais qui a déjà parlé de cette envoûteuse bel et bien humaine qui a soufflé des populations entières et a rayé leurs civilisations respectives de lunivers ? Personne à vrai dire, car elle vit dans le secret.
Le grand Dar Lasham, roi des terres dOrlanhim, faisait les cent pas en narrant cette histoire quune demi-douzaine de scribes sempressait de retranscrire sur des parchemins dont lincroyable longueur était à peine entamée. Lhomme ne devait pas avoir plus dune quarantaine dannées, avait des cheveux bruns mi-longs, une barbe dune semaine et quelques rides déjà apparentes renforçaient son regard pénétrant que nombre de ses subordonnés craignaient parfois. Car sous ces yeux gris pâle pouvaient se trouver tantôt lattention et la générosité, tantôt la plus grande et effrayante cruauté. Véritable double personnalité, Dar Lasham nen était pas moins la plus importante à des hectares à la ronde. Mais en cette soirée dhiver deserticain les tempêtes de sable étaient au rendez-vous il semblait troublé par une présence. Ne cessant de se retourner et de scruter les alentours, il avait également renforcé la sécurité autour de son énorme et unique cité, avant de dépêcher un message stipulant que tout citoyen écrivant aisément, promptement, et capable de supporter des heures dacharnement perdues dans les pensées dun homme se présente au palais.
Autant dire que peu vinrent. Mais ceux qui avaient eu la force de répondre à lappel au nom de leur roi allaient entrer dans la plus incroyable des légendes avant le reste de la ville
Vous êtes ici pour entendre son histoire, que je connais. Eh oui, malgré mes airs de brute sans cervelle, jai tout de même une culture qui vaut bien celle de nimporte quel autre chef détat.
Cette enjôleuse, dupeuse de fiers empereurs et braves soldats, parcourt lunivers et amasse richesses et hommes de main sans scrupules
et sans limites. Elle a sous ses ordres larmée la plus énorme quon puisse imaginer.
Tout cela paraissait bien absurde, et certains sarrêtaient de copier tant ils étaient abasourdis. La galaxie entière nest-elle pas connue et surveillée ? Une vague deffroi parcourut le restreint comité, car si certains étaient effrayés par les mots de la tête de leur état que renforçait le souffle du vent, dautres semblaient plutôt inquiets pour la vie de létat qui, gouverné par un mystificateur, voyait sa fin arriver. Chacun dentre eux fut rappelé à écrire, car Dar Lasham reprenait la parole, rompant un silence de plomb.
Evidemment, par « énorme », je nentends pas tant la puissance que le nombre de soldats. Incroyable à avaler, mais lon dit quil y en aurait des millions. Je doute que le plus grand état de lunivers lui-même en contienne tant. Mais les personnes les plus respectables que je connaisse qui aient entendu parler de cette histoire renchérirent cet état de fait. Où donc se cache donc cette magicienne, nous lignorons tous, sauf ceux qui la servent évidemment. Mais ce ne sont là que des esclaves de sa pensée, renforcés physiquement et mentalement par sa volonté de réunir lhumanité sous une seule bannière, ils nen diraient mot, et ce, même sous la torture.
Aussi, seuls ceux possédant une force morale infinie ont pu sextirper des liens magiques avec lesquels cette idéaliste les avaient enrôlés. Et ils ont témoignés, lun dentre eux devant moi, avant de mourir sous le choc de laveu.
Et je crois à cette histoire, jai senti quaujourdhui notre monde était menacé, que Desertica semblait être la plus propice des planètes pour ses desseins de conquête ! Nous avons senti, nous autres grands penseurs, quune aura incroyable approchait, et cest pourquoi je tenais à ce que vous sachiez cela avant que notre cité et nos hommes ne soient
inévitablement
pris.
Le souffle sévissait toujours, et au dehors, partout le sable volait.
Je vous ai rapporté tout cela...maintenant vous savez.
Le bruissement se transformait en un mugissement sourd, les portes tremblaient sous limpact de la tempête.
Il vous reste une chose à savoir, avant que vous ne partiez.
Le silence était tombé soudain, tout le monde lavait remarqué, excepté le roi Dar Lasham qui toisait son audience avec des yeux exorbités.
Retenez ce nom, Trenia Heqat. Quand vous lentendrez, fuyez le plus vite possible, et ne vous laissez pas arracher à cette vie dont jai tenu à faire profiter chacun ici.
LEnjôleuse va sortir de son silence incessamment sous peu. Et elle va assouvir ses désirs, respecter son plan, mener à bien ses projets. Partez maintenant, diffusez la nouvelle partout où vous le pourrez, mais pas à la Corporation, ces crétins ne pensent être menacés que par dautres idiots de leur espèce. Ils ne vous croiraient jamais. Allez, dépêchez-vous à présent.
Au loin, un long râle séleva de la plaine déserticaine, et lon sut que cétait fini dOrlanhim. Les témoins de la folie dun roi rejoignirent les ténèbres ; et ceux de la vérité, le néant.
Auteur : Trenia Heqat
08/11/07 21h56 | 42 Galan 3726
Les coups de feu avaient été inutiles, une ville si peu peuplée ne pouvait faire lobjet dune prise de contrôle violente comme il en avait parfois été avec des contrées du sud, les opposants y étaient sobres et intelligents ce qui était le facteur de difficulté le plus contraignant pour cette armée de soldats-mages en plus dy être nombreux. Tous avaient de toute façon baissé les armes à un moment, et leur désormais maîtresse préférait de loin une victoire propre à une boucherie inutile. Cela lui épargnait quelques cordes vocales, et accessoirement quelques hommes.
La ville avait donc été vidée, les nouveaux soldats de Trenia Heqat étaient partis bien loin, dans le repère de linnombrable, revêtant leurs nouvelles couleurs, arborant déjà leur nouveau blason, laissant la ville à lescadron qui avait aliéné leurs pensées et leur volonté.
Partout désormais, des hommes à luniforme vert et la cape noire se tenaient larme à lépaule autour des bâtiments, certains patrouillant, dautres fouillaient intra muros. Au loin, la tempête avait repris son tumulte, et au travers des volutes de poussière que projetait la tornade, une ombre, une silhouette se dessinaient, un corps de femme se laissait deviner, une chevelure débène torsadée se balançait. Dun pas rapide, elle approchait pour savourer sa modeste victoire, dune démarche assurée, elle marchait au-devant de lunique âme encore solidaire de ses desseins, de plus en plus proche de la cité, lEnjôleuse allait sentretenir avec son roi.
A peine eut-elle fait un pas en son sein que la cité dOrlanhim, triste mais muet témoin du spectacle de la désertion de ses habitants, se ranima. Heqat prenait possession de la lumière, la maniait à sa guise, elle restaura le son dune ville en ébullition, comme elle lavait été quelques secondes plus tôt, et ses hommes devinrent leurs homologues Orlanhiens, dupant Dar Lasham qui avait déjà accouru à sa fenêtre, se désolant de la mort simultanée de ses messagers, et jetant des regards inquiets en deçà de son balcon, comme pour se rassurer que le phénomène ne sétait pas propagé. Il ne vit pas les pavés reposer sans contrainte de milliers de pas, il ne vit pas la grand-rue envahie par dinnombrables ennemis, il ne vit pas son ciel soudain dune pâle noirceur.
Et cest alors quelle entra silencieusement. Son aura flottait lourdement dans la pièce, les membres du roi sengourdissaient, et sa vue se troublait. Ou peut-être était-ce le ciel qui était subitement et sans raisons devenu sombre ? Il savère que les soupçons étaient déjà bien installés dès la mort de ses secrétaires de fortune, ou dinfortune en loccurrence, mais ils décuplèrent à cet instant. Dar Lasham continua dobserver les ruelles qui damaient la ville, où les gens travaillaient ou samusaient, mais quelque chose paraissait bizarre. Ses yeux se levèrent de lui-même au ciel, et le voile tomba, la supercherie fut découverte. Tant de magie se reflétait dans ces nuages sombres quil semblait incroyable quil ne lait perçue plus tôt. Les hommes qui vivaient là quelques minutes auparavant nétaient plus siens à présent. La pilule était dure à avaler, car même sil sy était préparé, le régent ne sétait pas attendu à voir tomber la quasi-totalité de son état représentée en ces murs avant quelques jours. Les plans de lémigration massive étaient déjà installés, et seuls les opposants politiques auraient été « invités » poliment à rester. Tout était parfait, il voyait là un moyen de jouer mine de rien dune pierre deux coups, tout était parfait, le territoire serait effacé mais lon parlerait de ce peuple dans Galactica, tout était parfait, avec ou sans son peuple son ascension à la pitié puis rapidement au respect aurait été rapide, tout était parfait
sauf le timing.
A présent le malheureux, peut-être inconsciemment victime de ses projets, se retrouvait encerclé, enfermé dans les étroites mailles dun large filet, la civilisation quil avait mis tant de temps à faire croître ruinée sous son orgueil.
Maintenant il attendait celle quil avait attendu toute une vie, non sans crainte mais avec, il faut lavouer, une pointe de curiosité. Cela faisait si longtemps
Passée la porte du bureau, de lautre côté du couloir, elle était là, avançant dun pas gracieux, sa cape virevoltant sous lair que déplaçait chaque pas. Trenia savait quil était là, et elle savait déjà ce quelle avait à lui dire. Elle avait passé tant dannées à ressasser ces mots, elle ne pouvait croire que dans quelques secondes, le fruit de cette longue période serait enfin dégusté. Il ny eut aucune hésitation lorsquelle posa la main sur la porte aux nombreuses moulures et en apprécia le relief, un simple frémissement aurait trahi sa réelle personnalité, et cela, elle ne le désirait en aucun cas.
Elle était et resterait la dame au cur sombre et inconnu pour tous, même pour les hommes du genre de Dar Lasham.
LEnjôleuse poussa la porte, et elle le vit, accoudé à la balustrade, attendant sans broncher quon vienne len ôter, par quelque moyen que ce fût.
Il neut aucunement besoin de se retourner pour savoir que les pas qui résonnaient sur ses dalles de marbre étaient ceux dune personne dont il navait aperçu le visage depuis des années, des décennies même, et de toutes les façons, il eût été idiot de faire cela : elle lui aurait inéluctablement imposé son emprise. Il pouvait résister à sa magie, mais point à ses yeux.
Après tout, cétait sa sur
Auteur : Trenia Heqat
13/11/07 21h56 | 47 Galan 3726
-Bonjour Trenia. Je tattends depuis environ trois secondes maintenant. Toujours aussi imprévisible.
Lhomme eut un flash : une fillette denviron six ans lui pose les mains sur les yeux, et lui, surpris par lacte, en tombe de sa chaise.
Surpris par lémotion, Dar Lasham sentit son cur semballer, mais resta stoïque.
-Nessaie pas de mavoir ainsi, surette. Tes petits tours ont peut-être ruiné une armée de fidèles, mais je ne suis pas comme eux. Je te connais trop bien.
La femme, plus jeune que son frère, avait aussi lair plus rieur, elle secoua sa longue chevelure tout en esquissant un sourire. Le régent déchu sentit de lair frais caresser sa nuque, mais refusa pertinemment de se retourner. Il ne voulait savoir à quel point elle était restée celle quil avait connu il y avait
-Douze années, mon frère, que nous ne nous sommes vus. Te souviens-tu ? Javais seize ans, et toi pas plus de trente, quand le destin nous a séparé
-Ne mets pas cela sur le dos du destin, Trenia. Je sais que tu es partie de ton plein gré avec ces gens. Ils timpressionnaient, tu les admirais, et tu ne voulais plus de notre vie.
Dar Lasham fulminait. Pourquoi
comment pouvait-elle insinuer que tout ceci était prédestiné ?
-En effet, je les ai adoré, je les ai aimé même
Leur vie, leur parcours, je les enviais. Ils mont tout de suite acceptée, ils mont rendu mon amour pour eux. Et puis jai adopté leur mode de vie, on a tout partagé, foulant la terre plus que tout autre leût fait, jusquà notre séparation soudaine, subite, mais acceptée par chacun, comme si cétait écrit. Elle ma tant rappelée la nôtre, Asahlm, si tu savais
Quant à toi, mon frère, quoi que tu en penses, jai toujours voulu te retrouver, mais personne ne te connaissait sous un autre nom que celui de Dar Lasham, ce qui ma rendu les recherches difficiles.
Néanmoins, jai été aidé par le plus fidèle de mes hommes, et également celui dont lintelligence surpasse toute autre parmi nous, et auquel tu seras bientôt présenté, du moins si tu daignes me suivre. Oui, jai trouvé qui tu étais. Dar Lasham, lanagramme dAsahlm précédée du mot Dar, premier mot du livre des Arcanes que notre père étudiait dont tu as connu le sens
« pouvoir ». Javais remarqué comme tu y étais attaché, et en en parlant à Erigeo, en lui en citant la phrase qui était sur la couverture plus précisément, il a compris.
-Erigeo ? Tu veux dire Erigeo Sondar ? Lhomme que notre père consultait pour ses annonces au sénat ?
-En effet, satisfaite que tu laies remarqué. Je me disais quil serait un allié des plus prépondérants dans mon accession au pouvoir, javais visé juste.
Jai peiné à le trouver lui aussi, mais finalement jai réussi, comme toujours.
Ses yeux rieurs étaient toujours braqués sur son frère, elle samusait, alors quelle avait été si troublée en entrant. Heqat lEnjôleuse oubliait presque quelle avait un jour quitté cet homme dont le corps restait inlassablement tourné vers les restes dune cité quil avait contemplé chaque matin en ouvrant les rideaux. Une cité fière, modeste mais croissante, et dont le chef était des plus persévérants et efficaces. Nul doute que sans sa sur, il laurait élevé au niveau actuel de sa communauté à elle, ces hommes craints de tous. Elle ressentit soudain une pointe de remords en pensant à ce quil serait advenu si elle-même avait été défaite en quelques secondes par son propre frère. Lui eut plutôt un répugnant élan de curiosité. Il ne voulait pas donner le plaisir dune question à son bourreau, mais ce dernier avait attisé un feu dans son âme, feu quil aurait renoncé à partager en sa situation.
Toutefois, ny tenant plus, ses lèvres se délièrent et prononcèrent ces mots :
-Raconte. Qui, depuis quand, comment et surtout
où ?
Elle éclata dun rire qui fit frémir Asahlm. Ses yeux brillaient à présent dune lueur où lon lisait, au-delà de lengouement, la folie. LEnjôleuse approchait du but, elle adorait ces moments où les frissons semparaient delle, où ladrénaline la dominait. Elle aimait tout contrôler, elle ne pouvait sempêcher davoir la main mise sur chaque chose que cette dernière était apte à atteindre. Cétait cela, sa nature. Nul fond méchant, nulle haine dans ses actes, juste une mégalomanie entraînée par ce quelle était capable de faire depuis lâge de vingt-trois ans, quand peu de temps auparavant elle avait abandonné les sentiers quelle foulait avec ses compagnons pour les clairières vertaniennes où la solitude permettait une concentration illimitée, la base dun apprentissage incroyablement rapide.
Elle répondit, soudain effrayante, les yeux d'un bleu flamboyant :
-Retourne-toi, mon frère!
Auteur : Trenia Heqat
01/12/07 01h59 | 65 Galan 3726
Comme une décharge électrique surpuissante, léclair bleuté lavait frappé. Une demie seconde dhésitation avait suffit, et Asahlm avait perdu. Les flammes lavaient happé, loin derrière liris marine de sa sur. Les ténèbres lenvahirent, en même temps que la haine et le remords. Pourquoi avait-il obéi, insouciant, comme si par ces quelques mots lamitié nouvelle avait été scellée ? Non, Heqat était vraiment sournoise, trop sournoise. Il napprendra jamais la leçon, désormais il irait grossir les rangs des faibles sétant pris au jeu contre leur gré ou délibérément.
Quand ces sombres pensées allaient prendre le dessus et le submerger, lespoir revint. Asahlm avait ouvert les yeux sur un environnement totalement différent de celui quil avait quitté depuis des secondes, minutes, heures, il ne saurait le dire.
Toujours est-il que le sens le plus utile pour lui revenait, sa vue. Il fit linventaire.
Il entendait le bruissement habituel quon appelle aujourdhui silence, car celui-ci nexiste plus. Il sentait la brise sur ses joues. Il huma la délicieuse odeur des complexes sidérurgiques déserticains. Le goût nétait pas présent, peut-être cela était il dû à la magie de sa sur ? Plausible, mais il persistait toujours une anomalie. Quelque chose semblait bizarre dans tout cela. Le rideau de la méfiance fut levé lorsque Asahlm décida de faire quelques pas. Son corps ne bougeait pas. Il essaya de lever la jambe, mais rien ne se passa, il la regarda, et saperçut quelle était bizarrement beaucoup plus courte quhabituellement, tout comme ses bras dailleurs, et son buste. Cest alors quil comprit que ce corps nétait pas le sien
Histoire de Trenia Heqat
Debout dans le sable de Desertica, le commencement. Porte de la modeste ville dInam, sous la direction dArthea Heqat.
Je ne tai que trop vue. Finies les heures dennui, finie léternelle aliénation de mon corps et de mon âme à mes devoirs. A moi le lendemain, la vie que mes amis vivent déjà. A moi une vie de liberté, au revoir cocon et parents. Adieu, même.
Un oiseau se pose doucement sur son épaule. Il la rassure. Elle le caresse. Volte-face, envol, dernier regard. La voilà partie.
Mais toi, mon frère, mon aide si précieuse, tu me manqueras.
Flash.
Assise dans les rocailles, tête contre le froid minéral, son esprit se repose. Une soirée qui se termine, des gens qui lui sourient, ses amis qui la portent, hilares eux aussi. A refaire, dit-on toujours. A la prochaine, clame-t-on heureux.
Le soir, puis la nuit, le réveil en leur communauté, la convivialité en son sein, les éclats de rire, les regards, les farces. Une journée qui sécoule, tellement vite que le temps sen vexe. Une vie qui commence, déjà sans complexes.
Flash
Allongés dans les hautes herbes dun vert vallon, immense pré. Lui est sur elle, elle est sous lui. Leurs mains sont liées, leurs yeux sont humides, leurs corps nen sont quun.
Un éclair, un éclat, et le paysage se couvre. Rapidement, cest la fuite, les cris.
Lon ne voit ni nuage, ni soleil, ni lune dailleurs. Du noir, rien que du noir. Tout sétait métamorphosé devant leurs yeux, le décor de rêve, le champ chaud et la situation romantique. Tout pour ne laisser quune telle quantité de vaisseaux quon en apercevait plus l'azur du ciel.
Flash
Recroquevillée sous un tertre de poussière, de poudre et de sang, elle pleure. Elle leur hurle darrêter, elle perd ses moyens, après avoir perdu son cur. Aucune bombe ne la frappe ce soir-là. Chanceuse, simplement.
Flash
Accroupie dans la terre, boueuse, de ses yeux douloureux némanent plus une larme. Juste un regard vide, figé, alors quelle tourne et retourne un bout de bois, une brindille, entre ses mains dun violet traduisant leur gel. Un instant de flottement, des pas, ce sont eux. Ils sont toujours là, ils seront toujours là pour elle.
Flash
Allongée, dans un lit douillet. Souvenirs, cauchemars, hantent son esprit, sa mémoire. Elle na peur mais se demande. Quelque chose grandit en elle. Non plusieurs. Un espoir, une magie, une ambition. Elle peut les sentir, les palper, ils sont là.
Flash
Assise en tailleur dans lherbe, un archimage, deux mages. Seule. Plus de compagnons, plus damis. Personne ne se demande pourquoi, ni comment. Du jour au lendemain, ladulte. Chacun suit sa voie, chacun suit ses désirs.
Les mages murmurent, elle ferme les yeux. Son aura est presque palpable à présent. Les murmures deviennent plus rapides, puis le silence. Lénergie circule. Elle est perceptible. Seulement elle ne vient deux, mais delles. Les yeux sécarquillent, les esprits senflamment.
Flash
Debout devant un bâtiment dune blancheur immaculée, en pleine forêt. Il se perd parmi les fleurs de lys en été et se confond avec le lotus en hiver. Les saisons sont douces sur Vertana, seul le climat change. On dit quune acquisition de chaque type de magie nécessite un apprentissage sur une année complète.
Lotus et Lys. Magie obscure et magie pure.
Les amis derrière les portes du passé, les multiples desseins derrière les portes de cette université de magie. Elle y perfectionnera ses talents, rénovera limagination, révolutionnera la persévérance, elle créera des mondes.
Flash
Assise à une table, le soir, vent et tonnerre sen mêlent. Lhiver. Elle lavait attendu si longtemps. Elle pressent ce quil va se passer ce soir. Les yeux se ferment, les lèvres souvrent, les incantations, les litanies, sen échappent. Puis soudain, tout change. La pièce devient sphère, le parquet béton, les étagères immeubles et les tables maisons. Premier pas vers un monde artificiel. Interdiction formelle de création sans accord et surveillance du professeur, se souvient-elle. Elle nen a cure.
Lexcitation fut forte ce soir-là. La sanction également.
Renvoi pour désobéissance déguisée en zèle, dur prix de lapprentissage de la sagesse. Dernière leçon.
Flash
Plaines dune herbe jaunâtre. Course, sifflement, armures percées. La troupe de cent cinquante hommes sarrête, soudain intriguée par la chute subite du dixième dentre eux. On cherche la cause, elle nest pas loin. Petite et fine silhouette, il est interloqué. Chef robuste de cette équipe, il savance. Grognements contre parler aisé. Elle lemporte, lui cloue le bec. Relève la tête. Tous la regardent, cette armée est sienne, ces yeux bleu électrique les y contraignent.
Il ne reste quune ville, la grand-ville de Kiham Hasat, Krasnod, et ils en auront fini. On peut lire cela sur son visage. Elle est fascinée par ce quune femme peut faire de sa volonté et de son ambition.
Le lotus est la marque de la journée.
Flash
Pièce éclairée, elle entre, pièce dun noir spectral. Il est déchiré, le quadragénaire, le grand homme daffaires, lélancé brun de Krasnod, le régent de ces terres, Kiham Hasat. La peur sen empare, tandis que les mots dun froid Asherien martèlent ses orifices auriculaires, pour aller frapper au plus profond de son cortex cérébral.
« Pas dissues, pas dissues, pas dissues. »
Il se débat, longtemps, longtemps. Force morale incroyable, mais elle est persévérante, elle a appris à lêtre. La victime faiblit, puis abandonne. Ses sentiments sont happés, ses sens sous contrôle.
Il est le premier ministre Aegyptian, désormais.
Flash
« Bonjour, Erigeo... »