Archives du Conseil > La vie est rêve, un rêve la vie.

Auteur : Malinia
14/05/06 18h50 | 24 Volcan 3724

Il fait chaud. Le soleil doit être haut et le ciel sans nuages. La terre aussi est chaude.
Mon visage me brûle, la lumière m'éblouit. Le vent caresse mes jambes dénudées. Mes cheveux balayent le sol, virevoltant dans les airs. Il n'y a aucun bruit. Rien de profane la douce virginité de mon repos.
La terre, encore humide de la dernière pluie se craquelle ; elle se soulève, forme un dôme. Une plante sort. Je la vois très bien. Elle est d'un vert bien vif; légèrement blanche à sa limite avec la terre. Elle pousse, elle grandit. Elle est toute proche de moi, à seulement quelques centimètres de mon front.

La brise ne souffle plus. La plante arrêt de se développer.
Un oiseau pépie. L'intensité de son crie indique qu'il s'agit d'un grand prédateur : un aigle indubitablement, royal peut-être.
Le bruit s'étouffe. L'aigle s'en va retrouver son nid.

La plante déroule son premier bourgeon. Je la contemple.
Bientôt, elle pourra se donner en spectacle. Ses fleurs écloront, son nectar attirera les abeilles et les papillons, ses pistils déposeront du pollen sur les pattes de ces insectes qui se poseront sur d'autres fleurs, encore et encore, jusqu'à ce qu'un oiseau les gobent.

Ses premières feuilles se détachent de sa tige. Elles se déploient vers le soleil qui darde ses raies lumineuse aux quatre coins de la planète.

Ces mêmes raies casseront des molécules dans l'atmosphère, molécules naturelles et naturellement créées par l'Homme. L'effet de serre augmentera sans cesse tant que son principal initiateur sera là; Pas besoin d'usines ou de voitures, les vaches suffiront.

Rien ne pourra empêcher le soleil de briller à part le soleil lui-même.
Rien ne pourra empêcher les humains de détruire la nature à part la nature elle-même.
Telle la lèpre grignotant les os, les hommes mangeront à grandes bouchées ce qui les entourent.

Il te reste trois minutes, ô verdoyante plante. Mais ça tu ne pourras jamais le savoir.
Tu dégustes tes derniers photons. Ta chlorophylle fait ses derniers allers-retours, jusqu'à tes racines.
Absorbe tes derniers minéraux, tu en auras besoin pour supporter ce qui va suivre.

La plante disparaît. Une forme noire la remplace. Elle bouge, elle monte et disparaît.

Le vent ne souffle plus, le soleil ne brille plus.
Depuis quand les nuages font du bruit ? Non ce n'est pas eux. Ils n'assombrissent pas aussi rapidement le sol et ne mâchent pas aussi bruyamment.
Qu'elle est cette créature aussi peu élégante, aussi tonitruante ?
Avec elle le silence n'existe plus, ce mot n'a plus aucun sens, mais ce n'est rien comparé à ce qu'elle fabrique.

Un bruit fugace mais perçant mes tympan remontant au cerveau se fait entendre, disparaît puis revient. Il augmente en puissance pour finir de plus en plus aigu, jusqu'à s'aménuir.
Et puis le silence retombe.
Cependant il ne dure qu'un très court instant.

Le premiers mot que j'entendirent furent ceux-ci :

« Capt'ain Rhéa, la voici. »

Je sens comme un regard persistant sur moi. Les frissons me font hérisser les poils. Je me recroqueville et sert fort mes jambes pour me réchauffer.


« Regardez, le détecteur est complètement saturé. Ça ne peut être qu'elle, l'épicentre de l'onde de choc. C'est elle qui a causé...
- Tais toi ! » fit une autre voix plus douce. Mais le son me détruit comme même les oreilles.

Qu'ai-je fais pour mériter cela ?
La nature chante, joue de la musique. ces bêtes font du bruit, elles gâchent la beauté de la simplicité sonore, tel un nouveau-né qui sanglote et qui crie, dans les bras de sa mère, désespérée et impuissante, entouré par une foule de badauds mécontents.

La créature, près de moi, sort d'une voix nonchalante :


« On en fait quoi, M'dame ?
- Endormez là et couchez la dans la soute de l'appareil. »

Un grincement métallique... Deux bulles... Le même grincement... Une odeur de fenouil...
Ma tête tourne du bas vert le haut puis dans tous les sens.
Des étoiles apparaissent alors que nous sommes encore en milieu de journée.
Elles se mettent à bouger, à clignoter, à passer du blanc au jaune et du jaune au blanc. Elles tournent de plus en plus vite, tapissent mes globes oculaires de lignes jaune, spiralant et éclatant à n'importe qu'elle moment.

Des crocodiles nagent paisiblement. Ils suivent les lignes dorées qui montent et se rejoignent en un point. Celui-ci se rapprochent à toute vitesse de moi. Je fais tout mon possible pour l'éviter. Rien ne se passe. Il avant toujours et de plus en plus vite.

Je suis sous le dôme d'une cathédrale. Enfin, c'est l'impression que me donne les crocodiles qui battent leur queue pour se déplacer autour de moi.
Ils répandent un chant très grave et très lent, comme un son ralentit artificiellement.


Ma tête tourne moins maintenant. Le chant devient de plus en plus net et et de plus en plus aigu. Le mot sont audibles, mais je ne les comprend pas.

Et puis, une douleur me prend à la joue droite. La gauche ne tarde pas à me faire mal.
J'ouvre les yeux. Une créature se tient devant moi. Elle a un bras de lever, la gueule ouverte, la langue qui pendouille, de la bave qui coule. Elle est horriblement moche.
Elle fait faire des allers-retours à sa main sur mon visage.

Une autre créature arrive. Elle tend un de ses bras sur celui de la bête ma frappant. Elle lui vocifère des mots.
J'ai froid. La gentille créature me recouvre d'une couverture.
Elle pose sa main sur mon front. Elle est chaude et douce comme la fourrure d'un lynx.
Je ne tremble plus. C'est une femelle, je le sens. Elle me rassure et s'en va avec l'autre bête.

J'entend des mots durs.


« Mais t'es fou où quoi ? C'est un élément très précieux. Ne plus elle est comme toi et moi, enfin...
- Ça une humaine, je n'en crois rien. Même un mage n'a jamais réussi à faire un truc de cette envergure.
- Tais toi Trévor et écoute. Le professeur Vüenthal a fait une expérience avec la sphère qui a obtenu. Et l'onde de choc, qui a tué tout le monde excepté nous et ceux qui étaient dans le labo, s'est propagée en même temps que l'expérience. Ok ?
- D'accord. Mais elle alors ?
- J'en sais rien. Mais elle est apparue juste après. Donc au lieu de la frapper et de lui hurler dessus, laisse moi faire.
- Bien, cap'tain »

La femelle revient. Elle tient dans ses mains un plateau sur lequel sont posés des aliments.

Elle le met à côté de moi et me dit de manger. Je la regarde. Que veut dire manger ? Elle me fait signe de mettre les aliments dans ma bouche et de les broyer avec mes dents.
Je le fais.
C'est bon. On dirait du cactus. Je dévore tout rapidement. Je ne voudrais pas que l'autre créature arrive et casse le plateau-repas.

La tête me retourne. Les crocodiles réapparaissent. C'était du peyote, le portail qui ouvre sur la Réalité. Il me mène sur la route qui conduit au vrai Soi.

La vérité est comme l'air que bous respirons. Beaucoup de chose se présente en fragments qui nous éloigne de la réalité.

J'ai chaud, je transpire.
Les crocodiles se transforment en figures géométriques. Leurs couleurs font toutes celles de l'arc-en-ciel.
Je ne sens plus mes muscles. Je n'arrive plus à bouger mes doigts.

Et puis, je me lève, mes yeux s'ouvrent. Je vomis sur ma gauche.
La femme avait mis une bassine.
Elle m'essuie la bouche.

« Ça va ? »

Je hoche la tête. Tout va pour le mieux.

Ma vie est un rêve, et le rêve, la réalité.