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Auteur : Nagaremono
07/08/06 17h32 | 34 Desertan 3724

Log 1 :

Mon nom est Nagaremono. Dans un vieux dialecte de la planète mère, cela signifie vagabond. La vérité est que je ne connais pas mon vrai nom. Je ne sais pas qui je suis. Je me suis réveillée il y deux semaines sur une vieille plateforme de forage abandonnée. Ma tête semblait prête à exploser. Quand j’ai porté la main sur mon crâne, je me suis aperçue qu’il saignait. Je suis descendue en titubant dans les quartiers habitables de la plateforme. Dans la salle d’eau, j’ai essuyé avec mon poing la poussière sur le miroir et regardé de plus près la blessure. Une grande plaie sur le haut du crâne – je ne suis pas sure de l’arme utilisée et si c’était bien une arme – où le sang avait déjà bien séché. Je cherche dans l’armoire à pharmacie des compresses et de l’alcool pour désinfecter. Les flacons et les boites ont l’air aussi âgés que l’épave rouillée sur laquelle je me trouve.

Une fois les premiers soins finis, je relève la tête et regarde mon visage dans la glace. Je réalise alors que je ne me rappelle pas de ce à quoi je ressemble. Je suis face à un visage de jeune femme – fille peut-être même vu mon corps androgyne – aux grands yeux marron légèrement bridés, le teint pale et des cheveux noirs coupés à la garçonne. Je reste plantée devant le miroir un long moment mais rien, non rien ne me revient en mémoire. Mon faciès m’est complètement inconnu. Je sens un sentiment de panique s’engouffrer dans ma poitrine et je remonte en courrant les escaliers pour sortir à l’extérieur.

Dehors, je m’agrippe à la balustrade rongée par la rouille. Mes doigts serrés sur la barre, j’essaye de retenir mes larmes. Je sens la corrosion du métal et cette sensation m’aide peu à peu à m’échapper du sentiment d’oppression qui m’envahit. Les battements affolés de mon cœur se calment et ma respiration se ralentit. J’inspire une grande bouffée d’air pour anéantir les dernières ombres d’angoisse et je remarque alors l’odeur iodée de l’atmosphère. J’ouvre les yeux et regarde l’horizon. Que de l’eau. Une eau d’un bleu éclatant, qui reflète un ciel sans nuage. Je fais le tour de la plateforme – ce qui me prend un certain temps vu sa taille – et ne découvre que la mer pour toute compagnie à chaque fois. Mare infinitus… La mer infinie, c’est tout ce qu’il y a autour de moi. Etrangement, la vaste étendue d’eau ne m’effraie pas. Je sais que contrairement ce que je pourrais croire de ma situation, je ne suis pas seule, abandonnée sur une planète dépeuplée. Non. S’il y a bien une chose que mon cerveau sans mémoire me donne comme vérité absolue, c’est que je me trouve sur Aquablue.

Auteur : Nagaremono
08/08/06 15h19 | 35 Desertan 3724

Log 2 :

J’ai trouvé un drone cassé dans la salle des machines. Je l’ai réparé. Mes dons de mécanique me viennent naturellement bien que je n’aie aucun souvenir de leur provenance. Peut-être cela signifie-t-il que je suis originaire d’Aquablue, planète réputée pour son avance technologique et sa recherche ?
Le drone réparé commence à travailler et à produire. Petit à petit, je gagne quelques ressources qui me permettent de me développer sur une petite échelle.

La plateforme est vraiment très grande. Je viens d’y trouver un hangar et une caserne. Tous les deux sont vides mais cela m’indique que tout n’est pas qu’eau qui dort sur Aquablue.
En fouillant dans les différentes salles du bâtiment, j’ai trouvé des vieux bouquins sur les recherches scientifiques et magiques. J’ai lancé les premières études. Je suis curieuse de voir dans lequel des deux domaines je progresse le plus rapidement. Les habitants d’Aquablue ne sont pas réputés en magie mais qui sait, je viens peut-être de Vertana ?

J’ai réussi à remettre en route la console de navigation. La radio marche à présent et je m’informe de ce qui se passe autour de moi dans le ciel. C’est étrange, il ne me reste aucun souvenir de ma vie avant que je ne me réveille sur cette plateforme mais le système solaire de Galactica et son Histoire me sont familiers.

Le Shadowsong possède désormais quatre sphères. Une de plus et nous sommes fichus. L’univers tel que nous le connaissons disparaîtra et avec lui les éternelles querelles d’alliances. Mais je n’ai pas les moyens de m’investir dans cette guerre « sainte » même si elle concerne tous les habitants de cette galaxie. J’ai des soucis plus pressants, comme les gros porteurs en provenance de Jumi qui vient régulièrement piller mes maigres ressources. Je suis étonnée de voir qu’un état aussi puissant vienne faire des raides sur ma plateforme insignifiante. Il y a des dirigeants bien peu scrupuleux… Mais depuis que la console de communication fonctionne, je commence à trouver de l’aide. Les états de Hawk et Othalla m’ont offert assistance et j’espère que leurs blocus seront dissuasifs.

Souvent le soir, je m’allonge sur le ponton rouillé de la plateforme et je regarde les étoiles. J’essaie de deviner ce qui se passe dans le ciel constellé. J’imagine que j’aperçois la flotte de Lord Yu tout là-haut qui veille sur moi. Parfois je surprends des jets de lumière, comme des étoiles filantes, seuls témoins des guerres qui déchirent les états dans la voûte stellaire qui est mon toit. Mais surtout je scrute la nuit étoilée à la recherche de réponses quand à ma raison d’être dans ce cosmos infini.

Auteur : Nagaremono
10/08/06 16h12 | 37 Desertan 3724

Log 3:

Mise à part les pillages réguliers du gros Jumi, la vie est plutôt calme ici. La Grande Bleue ondule paisiblement sous le soleil éclatant de la saison du Desertan. J’organise la production et les constructions au rythme du clapotis des vagues sur l’épave rongée qui est désormais ma demeure. La gestion de la plateforme me fascine. Peut-être m’y suis-je investie avec acharnement pour ne pas avoir à penser à ma situation : sans mémoire et seule. Si ça continue, je vais finir par donner un nom au premier drone que j’ai réparé et lui faire la causette.

Ma tranquillité forcée est troublée par l’arrivée d’un petit vaisseau, fort sale et cabossé, qui se pose sur le ponton supérieur de la plateforme sans même me demander l’autorisation d’atterrir par message radio. Armée d’une clef à molette et pleine de cambouis sur la figure, je regarde le pilote sortir de l’engin. Un homme grand et mince, à la musculature sèche que je remarque parce qu’il est torse nu, saute de l’appareil. Les cheveux noirs et mi-longs avec les yeux bridés, il me ressemble un peu. C’est peut-être mon frère ? L’homme allume une cigarette et m’interpelle en souriant. Je ne comprends rien de ce qu’il me dit car un autre vaisseau vient de se poser – je suis très populaire aujourd’hui – près du sien. Le deuxième appareil est plus petit, en très bon état, et je remarque que son propriétaire lui a fait ajouter des modifications particulières car j’aperçois certains détails qui le différencient des autres modèles de la même série. Le navigant du deuxième engin descend du cockpit : une femme, presque aussi grande l’homme á la cigarette et entièrement vêtue de noir, avance vers moi. Son visage est d’une beauté fascinante mais d’une froideur déconcertante. C’est donc sans aucune expression faciale qu’elle incline légèrement la tête pour me saluer et se présente : Tomoé no Oda, ainsi que son compagnon, Ike Bana. Dans ma stupeur, je ne trouve rien à répondre. Son ami prend alors la parole et me demande s’ils peuvent stationner quelques jours sur ma base de forage pour réparer leurs machines. Ma clef à mollette toujours dans ma main levée, je n’arrive qu’à émettre un grognement qu’ils acceptent comme une réponse positive à leur requête. Sans plus me porter d’attention, ils s’attellent à la réparation de leurs appareils. Je reste plantée là comme une idiote, le bras toujours levé, pendant que la batterie que j’étais en train de réparer se met à biper.

Auteur : Nagaremono
11/08/06 15h30 | 38 Desertan 3724

Log 4 :

Cela fait plusieurs jours maintenant que mes nouveaux compagnons sont sur la plateforme. Ils n’ont pas essayé de piller mes maigres ressources ou de m’égorger pendant mon sommeil. Le soir, Ike Bana fait un feu sur le ponton inférieur de la base de forage dans un vieux bidon et nous nous asseyons autour. Alors que le brasier jette des étincelles vers le ciel étoilé, nous faisons connaissance peu à peu. Mes cordes vocales se réhabituent à émettre des sons et ma voix a maintenant perdue sa résonance métallique due au manque de pratique.

Mes « invités » viennent de Volcano. Leur compétence au niveau nucléaire est étonnante mais peu utile pour ce que je veux faire de la base de forage : une station de production où je resterais à l’écart des guerres et de la politique. Tomoé me dit que cela me sera difficile vu les temps qui courent. Elle me raconte aussi qu’Ike Bana et elle sont partis de la planète radioactive pour participer à la guerre du Shadowsong mais que leur force de frappe avait été rudement mise à l’épreuve. Voyant que ma plateforme fonctionnait mais ne portait pas d’emblème d’alliance, ils décidèrent d’y trouver refuge. J’ai comme la très nette impression que ces deux-là aiment particulièrement leur indépendance… Peut-être essayent-ils d’échapper à quelqu’un ou quelque chose ? Deux fugitifs et une amnésique, quelle belle brochette !

Auteur : Nagaremono
14/08/06 19h03 | 41 Desertan 3724

Log 5 :

Les récits de la planète Volcano sont tout aussi effrayants qu’ils sont captivants. Je m’étonne que des hommes puissent supporter les dangers des volcans en éruption permanente et l’air sulfureux qui brûle les poumons pour y tenter leur chance. Ils doivent être de la même trempe qu’Iké Bana : un peu kamikaze et toujours à l’affût d’un rush d’adrénaline dans les veines. Il parle de la terre de feu avec passion et j’apprends que lui et Tomoe vivait dans une des stations spatiales en orbite.
J’observe mes deux acolytes : grands, minces et élancés, des cheveux noirs et raides, et les yeux bridés, ils forment un duo surprenant : l’homme à l’attitude débonnaire, toujours torse nu et clope au bec ; la femme au visage impassible, impeccablement habillée et de la froideur pour toute lueur dans les yeux. Je leur demande s’ils sont mariés. Iké éclate de rire et Tomoé lui lance un dédaigneux « bakémono* ! » (*imbécile) sans pour autant montrer la moindre expression faciale. Quand le pilote a fini de s’esclaffer, il relève la tête pour me dire qu’il n’est pas « aussi désespéré que ça ». Vu la beauté de sa compagne de voyage, je ne comprends pas à quoi il peut bien faire allusion et je regarde Tomoé l’air déconcerté qui me donne pour toute réponse que le lien qui les unit est disons familial. Frère et sœur ? Quelque chose comme ça me dit-elle. Je n’insiste pas plus.

Pendant qu’Iké Bana s’affaire autour de la cuisson d’un long poisson moucheté qu’il a péché durant la journée, Tomoé me demande si je commence à avoir des souvenirs de ma provenance. Je regarde le soleil qui se couche à l’horizon, comme pour y chercher la réponse. Je soupire et réponds que non, toujours rien. Les seuls indices que je possède sont mon réveil sur une plateforme abandonnée de la Grande Bleue, mes dons mécaniques, le fait que mes recherches magiques prennent rapidement de l’ampleur et le sable fin et jaune que j’ai trouvé dans les grandes poches de mon pantalon. J’émets l’idée que si je ne viens pas d’Aquablue ou de Vertana, alors peut-être de Desertica. J’ai à peine fini ma phrase qu’Iké se tord de rire. Il me dit qu’avec les rapports de combat qu’il a vu de ma base, il y a fort peu de chance que je fasse partie des grands stratèges qui font la renommée de la planète aride. Il m’énerve ce type…

Auteur : Nagaremono
18/08/06 19h31 | 45 Desertan 3724

Log 6 :

J’ai la tête en feu. J’ai l’impression que mon cerveau est farci d’un liquide visqueux et lourd qui tente d’échapper á mon crâne en partant en supernova. Et cette envie de vomir…

Hier, mes mystérieux compagnons et moi avons fêtés dignement d’avoir échappé à trois attaques grâce à l’intervention d’un état bienfaiteur. Iké a fait chauffer un alcool appelé Saké sur le brasero qui est désormais le centre de notre petit monde. A cause de ma perte de mémoire, je n’avais aucune idée de ma résistance à la boisson ou si même j’en ai déjà bu. Il s’avère que ma capacité à supporter l’alcool est nulle alors que cette substance ne semble avoir aucun effet sur Tomoé qui le consomme en grandes quantités et très froid.

Sous l’effet du tord-boyaux, mes amis se sont montrés plus inquisitifs qu’à leur habitude :
Iké : « Qu’est-ce que tu vas faire de ta plate-forme ?
Naga : - Je sais pas trop encore. Pour l’instant, je regarde où je progresse le plus.
- Faut pas être sorti du c** d’un Shadowsong pour savoir où tu progresseras le plus sur Aquablue : c’est dans le carburant que tu récolteras le plus.
- M…
- D’ailleurs pourquoi refuses-tu d’en produire ? J’ai regardé tes rapports de gestion et c’est la ressource que tu négliges systématiquement.
- Mais de quoi j’me mêle ?? Est-ce que je te dis ce que tu as à faire moi ? Comme de te foutre une chemise sur le dos par exemple !
- Ouh la ! Du calme la p’tiote ! C’est qu’elle mordrait !
Tomoé : - Oui, pourquoi ne pas extraire du carburant ? Ne serait-ce que pour ta consommation personnelle. Ne veux-tu point visiter les autres planètes ?
- Tu vas finir aussi rouiller que cette base de forage si tu restes ici. Har ! Har ! Har ! »

A l’idée de quitter ma plate-forme rongée, j’ai soudainement éclaté en sanglots et entre deux hochés j’ai réussi à brailler :
« Je ne connais rien d’autre que cette base ! C’est la seule réalité que je possède ! En partir me fout les jetons ! »
Sous le regard confus d’Iké et stoïque de sa compagne, prise d’hystérie j’ai continué à vider mon sac :
« Qu’est qui m’attend dans le ciel ? Je me suis retrouvée sur cette plate-forme abandonnée, la tête en sang et pas une seule trace d’où je vienne ! Qui m’a laissé là, isolée de tout, sans un mot ou un indice ? Pourquoi personne ne vient à ma recherche ? POURQUOI ??? »

Debout sur le ponton inférieur devant le feu qui crépite, je m’étranglais dans ma colère et hurlais en direction des étoiles, les yeux brûlants de démence, lorsque deux mains m’attrapèrent, une par le col de mon haut sans manche, l’autre par la ceinture de mon pantalon. Et je m’envolais… Oui je m’envolais vers la nuit étoilée :

PLOUF !

J’ai bu la tasse plusieurs fois avant de me rendre compte dans mon état d’ébriété avancée que l’on m’avait balancée à la flotte. J’ai levé la tête pour proférer des insanités à l’attention d’Iké Bana mais ce fut la haute et fine silhouette de Tomoé no Oda que mon regard rencontra. Tellement abasourdie par la facilité avec laquelle elle m’avait lancée à la mer que je n’ai plus trouvé mes mots. Je l’ai regardée descendre avec une corde le long d’un des pilonnes qui soutiennent la base, agile comme un félin des montagnes rocheuses de Vertana, pour m’agripper avec une seule main et me jeter sur le ponton, quelques mètres au dessus du niveau de la mer.

Iké m’a attrapé et remise sur mes pieds. Il m’a envoyé me sécher et m’a conseillé de me coucher. Devant le sérieux de son regard – ce qui est fort inhabituel – et encore secouée par ma baignade forcée, je n’ai pas bronché. En descendant les escaliers qui mènent à ma chambre, j’ai entendu un bip radio venant d’un des deux vaisseaux et Iké parler d’un ton grave à la jeune femme mais je n’ai pas compris ce qu’il lui disait.

A mon réveil, il n’y avait personne sur la plate-forme. Les deux engins ne sont plus sur le ponton supérieur. Aucun message de la part de mes compagnons. Seulement les cendres dans le vieux bidon, seules témoins de leur présence passagère.

Je suis à nouveau seule. Et j’ai toujours envie de vomir.

Auteur : Nagaremono
19/08/06 22h38 | 46 Desertan 3724

Pause

Auteur : Nagaremono
11/02/07 02h34 | 72 Aquan 3725

Log 7 :

Ike Bana et Tomoé no Oda sont revenus. Ils ont ramené avec eux un nouveau membre : Yoji M'bo. Homme á la carrure imposante et la peau sombre, son crane rasé et sa mâchoire carrée commandent le respect. Toujours un cigare á la bouche, il m'aide á forger ma défense et á améliorer mes attaques (il a du boulot !). Et il a la foutue manie de zigouiller mes envoûteurs durement acquis sous prétexte d'essai tactique !

La vie continue tranquillement sur ma plate-forme rouillée. Je m'attelle aux recherches scientifiques et magiques, essayant de trouver ma voie. Je garde un profile bas pour éviter les attaques destructrices de certains dirigeants peu scrupuleux. Mes amis de fortune semblent satisfaits de ma politique pacifiste. Je ne crois pas qu'ils veuillent attirer l'attention sur eux mais je ne leur demande pas pourquoi. Après tout, ce sont leurs affaires et je ne vais pas m'y immiscer alors que je ne connais pas mon propre passé.

J'ai rejoint par trois fois des alliances mais je reprends rapidement mon statut d'indépendant. Les affaires politiques de la galaxie me dépassent et je préfère ma solitude aux éternelles querelles de guilde et l'orgueil démesuré de certains chefs d'état. Malgré ma discrétion, des dirigeants viennent me solliciter pour les rejoindre. Il faut dire que je suis un des rares indépendants dans cet univers. Je ne réponds même plus aux missives de recrutements.

Il y a quelques jours, j'ai reçu un message de Mega Zerionus, un ancien allié. Sa proposition d'intégrer une alliance où prime convivialité et soutient m'a convaincue. J'ai accepté. Je quitte enfin mon statut d'indépendant pour rejoindre la Fédération de l'Améthyste. J'ai sauté dans mon chasseur et suis partie prendre ma place au quartier général de la fédération. L'endroit est très beau et l'organisation y règne. J'ai donné des instructions strictes á Ike Bana de ne pas mettre ses mégots partout ! Pendant que mes capitaines prennent connaissance de la carte du bar, je me familiarise avec les tactiques de guerre de Galinéas. Ses connaissances martiales sont telles que j'en ai mal au crâne ! Je sens que je vais devoir me montrer á la hauteur au niveau militaire. J'espère que mes nouveaux alliés sont armés de patience, ils n'ont pas idée du boulet inter-galactique qu'ils viennent de recruter...

Auteur : Nagaremono
06/04/07 19h38 | 51 Vertan 3725

Log 8 :

Des rêves étranges hantent mes nuits depuis que j'ai rejoint la fédération. Je ne sais pas si c'est la proximité des améthystes et leurs pouvoirs mystérieux ou la menace constante de guerre mais mon sommeil était paisible avant de venir sur cette planète. Ou du moins, je ne me souvenais jamais de mes songes auparavant. Maintenant je me réveille en sursaut de cauchemars dont je ne comprends pas le sens, comme des visions d'un passé que je ne reconnais pas.

Je me redresse d'un bond dans un grand lit aux draps soyeux. La main de mon amant endormi caresse mon dos nu pour m'inviter á me rendormir et ses doigts s'entremêlent dans mes cheveux longs. Cheveux longs ?! Je dois être encore en train de rêver... Je me retourne pour voir qui est l'inconnu allongé á coté de moi mais l'ombre de mon subconscient cache son visage. Une clameur angoissée attire mon attention. Je me lève et revêts un long caftan de soie vaporeuse de couleur jade. Je glisse mes pieds dans des petits chaussons de même ton, ornés de perles d'argent. Ces vêtements semblent être les miens mais ils n'évoquent aucun souvenir. Je m'approche d'une grande porte vitrée aux décorations baroques et m'avance sur le balcon d'une résidence aux colonnades imposantes. Les flancs béants d'une planète dont les hommes ont ravagé les ressources pour en extraire un petit cristal aux reflets violets s'offrent á mon regard effaré. Je réalise que les hurlements viennent de la terre déchirée. Je ne peux supporté d'avantage cette plainte angoissante. Mes mains sur mes oreilles, je m'enfuis.

Je cours dans un long couloir aux teintes métalliques. Les vêtements luxueux ont fait place á une tenue grise aux coupes masculines et strictes. Les cris ont cessés et je ne suis plus sur la mystérieuse planète. Je pense être sur un vaisseau spatial. Quelqu'un ou quelque chose me poursuit et sa présence menaçante se rapproche inexorablement. Autour de moi, j'entends les bruits de combat, des explosions. Je fuis. Des mains meurtrières s'avancent vers moi et je sais que ma course effrénée touche á sa fin. Je tombe á terre et mon assaillant dont je ne vois pas les traits serre ses mains autour de mon cou. Je hurle mais les doigts se serrent d'avantage et je perds connaissance.

J'ouvre les yeux. Un soleil éclatant s'offre á moi. Toujours un rêve mais je sais que je suis sur la plate-forme rouillée de Mare Infinitus. Je reste allonger á écouter le clapotis des vagues d'Aquablue. Une silhouette se découpe dans le ciel bleu et se penche vers moi. L'homme me tend une main et je reconnais aux couleurs noir et mauve de sa manche l'uniforme des prétoriens de Mega Zerionus. Styliannus m'invite á rejoindre l'alliance de l'améthyste. Soudainement accablée de doute, une voix faible et hésitante s'échappe de mes lèvres :
« Pourquoi moi ? 
- Parce que personne jamais n'échappe á son destin... »
Je tends la main et nos doigts se touchent.

­Je me réveille en sursaut dans mon lit au quartier général de la fédération. Les brides de mon rêve étrange déjà s'échappent de ma mémoire alors que j'enfile un pantalon et un T-shirt et me dirige instinctivement vers le bar. Pas grand monde chez SP au milieu de la nuit. La seule âme qui traîne est mon capitaine Iké Bana, en train d'étudier des rapports de combat. Je m'assois á sa table et lui raconte de façon très agitée mon délire nocturne. Prenant un air préoccupé, il me répond :
« Incroyable ! 
- C'est dingue hein ! 
- Sidérant !
- J'en reviens pas non plus ! »
J'allais enchaîner sur le fait extraordinaire que mon passé réside peut-être sur cette planète mystérieuse lorsqu' Iké me coupa le souffle avec :
« Ouais, c'était qui le mec dans ton pieu ? »
Complètement décontenancée par sa remarque, les bras balants, je lui lance un regard noir et grogne entre mes dents :
« Trop c*** tu es, Iké... »