Archives du Conseil > Stand Alone Files

Auteur : Ava Kusanagi
15/08/06 00h52 | 41 Desertan 3724

La Galaxie est si vaste, je la regarde du vaisseau cargo que j'ai réussi à subtiliser et je me sens ridiculement infime face à ce gouffre.
J'ai enfin quitté Desertica et cette seule pensée réjouit tout mon être. Je regarde ce tapis scintillant d'étoiles sans vie, mais à l'intérieur de mes paupières se dessine le visage émacié d'Erdan, mon vieux maître d'armes.
Il m'avait prévenu des risques encourus à me mettre en opposition ouverte contre la Fédération des Exploitants Miniers. Qu'importe, Erdan m'avait également enseigné qu'un guerrier devait suivre sa voie et être en accord avec soi-même...

... la belle plaisanterie...

Je revois mes années de formation... depuis quand n'ai-je pas vu de forêt ? En ai-je seulement vu ?
Mes yeux se ferment, est-ce cela qu'on appelle le sommeil, ou n'est-ce que de la lassitude ?
Je me branche sur le système d'auto guidage interstellaire, Volcano est à peine à dix heures, que vais-je trouver là-bas ?

J'étais une élève assidue, la plus jeune disaient-ils, la plus apte à faire partie du Programme de Perfectionnement Agea.
Beaucoup d'améliorations m'ont été apportées, la chaleur ne brûle pas ma peau, je peux me connecter à n'importe quel terminal et mon analyse des lieux est sans pareil, mais malgré cela, aucune de ces performances n'a pu répondre à la simple question de savoir quelle était ma voie.

Est-ce toujours si difficile de penser à "soi" ?

J'avais passé haut la main chaque échelle de la hiérarchie, j'étais à présent Major et mon équipe était chargée de la sécurité des transports inter galactiques, je ne parcourais plus le désert que pour repérer d'éventuelles aires d'atterrissages que les peuplades locales improvisaient afin de pouvoir écouler leurs marchandises issues d'exploitations piratées.

Je fuis ma planète, je fuis ma vie.
Ce terme me paraît soudain vide de sens tant ma vie repose sur un mensonge.
Le vaisseau est vieux, j'espère qu'il tiendra, Batou me l'a dégotté au marché noir, il n'est pas marqué, c'est un modèle d'assemblage de la ville Opaque du satellite Tedara ; on y trouvait là toutes les pièces que l'on désirait à condition de ne pas être trop regardant sur la provenance, les autorités laissaient faire comme à chaque fois, tout n'était question que de prix.

Nul ne sait où je suis. Je me sens libre.

Je ne suis pas en colère, peut-être un peu effrayée mais l'avenir s'offre à moi et ma nature avide de découvertes rend le silence de ma cabine étrangement excitant. Sur Volcano se trouve cette base abandonnée qui figurait sur l'un des rapports de missions. La Fédération, forte de son monopole, n'avait pu s'octroyer les faveurs des colons en exil et les avait tout simplement exterminés pour insubordination au Grand Conseil.

L'envoi des droides X18 avait été programmé ; ils ne faisaient aucun survivant. Batou, mon Capitaine avait alors falsifiés les rapports, le 18 fut remplacé par le V : destruction massive des équipements.
La Fédération ne s'en offusqua pas, la base était située loin de l'Etat avec lequel elle venait de signer de nouveaux accords d'échanges commerciaux, l'affaire de la petite base de Volcano passa dans le dossier des pertes et profits.

Je passe d'un désert de sable à une mer de feu.

Auteur : Ava Kusanagi
16/08/06 01h42 | 42 Desertan 3724

Volcano la Rouge est en vue. Je me redresse sur mon dossier, fascinée par cette boule de magma en fusion, voici donc mon nouveau devenir.

La sphère, telle une araignée au travail, semble se mouvoir dans l'immensité de l'espace et s'auréole d'un halo doré, mais elle a plus l'apparence d'une boule de l'enfer que d'un soleil apaisant.

Le bip feutré du système de repérage des radars que j'ai installé sur un circuit dérivé retentit, il me faut toute ma concentration pour calculer une trajectoire sans me faire détecter par les bornes de sécurité en faction autour de la planète.
De chasseur je passe au statut de proie.
Je découvre une fois de plus à quel point l’ironie se retrouve dans chacune des situations humaines.

J'ai fait en sorte, dans le pire des cas, de brouiller les détecteurs et d'envoyer les signes d'identification d'une masse à la dérive semblable à un astéroïde, la zone est réputée pour ses turbulences et ce côté ci de la planète est peu hospitalier en cette saison.
Je parviens néanmoins à entrer dans l'atmosphère sans ennui, le plus périlleux reste à venir. L'ouverture de la base se situe dans un cratère, le Complex est aux trois quarts souterrain, Batou m'en a communiqué les plans fournis par les X18.

Manoeuvrer le vaisseau est une tache ardue, je risque à chaque instant de frotter les bords de l’étroite embouchure mais je retrouve cette frénésie que m'apporte l'action mêlée à la concentration. Je réussis à amarrer après d'énormes efforts, le cargo a tenu, j’ai hâte de me dégourdir les jambes.

J’insère le code d’identification et, après un rapide examen des conditions de la base, je peux m'aventurer dehors sans combinaison de protection, je suis dans un grand hangar divisé en plusieurs zones ; au plafond je vois l'orifice menant au cratère se refermer.
Le lieu est très sombre et rougeoyant, il doit y avoir des vitres en cristal de Barainz. Je trouve un terminal près de ce qui doit être une rampe de lancement et m'y connecte, l'état des lieux est correct, je rétablis les fonctions premières : électricité, système de régulation de l’oxygène et de circulation de l’air, mise en place des boucliers que les droides avaient placés en état de veille.
Je peux à présent prendre possession de la base.

Tout est si calme ; je longe un couloir, c’est magnifique. Les murs sont effectivement en cristal de Bareinz, ils ont l’apparence du verre mais résiste à la haute fusion de l’environnement. Au travers, le spectacle hypnotise le regard, les coulées de magma lèchent les parois et prennent des formes rappelant tour à tour des monstres mythologiques, des êtres aux danses fantasmatiques… je reste envoûtée quelques instants avant de prendre conscience que quelque chose me dérange.