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Auteur : Kalyso
30/12/06 16h15 | 29 Aquan 3725

    [ Elle ]


Je crois que je suis morte.

Tout autour de moi est devenu froid. Plus rien n’a eu d’intérêt.
Alors je suis partie.

Je suis partie un matin, alors que tous dormaient. J’ai fui, en réalité, pour cacher mes faiblesses. Je me suis emmurée dans un silence impénétrable, mes yeux se sont éteins. Les sentiments ont fui mon corps. Et je suis là, aujourd’hui, prisonnière de … de quoi au juste?

Prisonnière de moi-même. D’une volonté dont je ne connais la racine. D’un désir, impuissant.

Et je ne puis rien faire d’autre qu’obéir à présent. Je ne puis qu’avancer, courbée, tête basse, à la recherche d’un Passé qui n’est que conte, d’un futur qui n’est que rêve, d’un présent déjà tracé.

Je marche, je suis sans détour la voie que j’ai dessinée, sur le sol, dans les airs, sous les flots.
Parfois je m’élance, mais je fatigue vite, alors je reprends mon rythme, calme, las.
J’aimerais pleurer, aussi, mais je n’y arrive jamais. Je ris et j’attaque. Et je ris de nouveau.

C’est bien triste, de savoir ça. Le vivre l’est encore plus. Et pourtant… Pourtant cette existence…mon existence… elle ne s’arrête pas.

Je crois que je suis morte.
Mais je que vis encore.

Je suis femme. Je suis jeune. Je suis perdue. Entourée, soutenue, mais perdue.
La voie que j’ai choisie à un certain moment n’est pas la bonne. Qui saurait me dire où je me suis trompée ? Je refais le chemin, en sens inverse, je cherche qui m’éclairera, je tente de réparer mes erreurs. Je ne suis rien de plus qu’une âme qui a pêché, et qui se rachète.

J’ai ris de tout, jadis, de Dieu, des maîtres, de la mort, de la vie, des forts et des faibles.
Aujourd’hui j’aimerais pleurer. Mais je n’y arrive pas.

Et toi.. toi tu me regardes de tes yeux d’où, tout doucement, s’échappe la vie. Tu as peur n’est ce pas ? Tu crains et ne comprends pas encore. Tu veux te raccrocher, mais là seule chose que tes mains de mourants attrapent est la lame froide de mon épée, plantée en toi.
Et moi, en présent d’adieu, je t’offre mon histoire. C’est bien peu, mais c’est, avec cette arme qui maintient tes organes en place et empêche ton sang de couler, et la douleur de se répandre, les seules choses qui sont miennes.

Alors écoute, écoute bien car ma voix est la dernière que tu entendras.

Auteur : Kalyso
30/12/06 16h58 | 29 Aquan 3725

    [ Arti ]


Un jour mon maître m’a dit que nous étions tous pièces d’un puzzle. J’ai compris alors, malgré mon jeune âge, que nous avions tous un rôle à jouer.
Lorsque j’ai demandé au maître ce qu’il devait se passer après que nous eussions tous trouvé notre place, il s’est contenté de sourire en me lançant un bâton.

Ce bâton… quinze ans après, c’était le même.
Je savais le manier de toutes les manières possibles et imaginables. Je savais faire tant de chose, en réalité.
J’étais un Slom, cette élite en l’existence de laquelle nul ne croit, mais de laquelle tous les petits garçons rêvent de faire partie.

Ma naissance m’avait donné cette opportunité. Enfant de Slom, tu seras des leurs. C’est ainsi que la lignée continuait d’être, sans exister aux yeux de tous, en parallèle à celle des rois.

Les Sloms étaient tout, savaient tout, pouvaient tout. Sans prétention aucune, je peux affirmer que trois des notres suffisaient à mener un royaume, une dizaine, à anéantir une armée, une centaine à refaire un monde. Un monde parfait.
Mais nous n’en avions besoin. Ou peut être étions nous conditionnés à l’idée que nous n’en n’avions besoin. Notre bonheur était celui des rois. Leurs paroles étaient d’or. Leur vie de diamants. De vulgaires robots, en réalité ? Non. Non, nous avions l’humanité en plus.

J’avais dix neuf ans, lorsque ma première, mon unique mission, me fut confiée.
Le Royaume de Karalevstvo semblait à bout de souffle. Son souverain, Brat le Fier, qui avait su le mener à la perfection ces dernières années était à l’agonie.
Certes, nous avions tous foi en sa descendance, et savions tous que l’Etat se relèverait. Mais notre peine n’avait d’égale que celle d’assister à sa disparition à elle.

Elle, elle était la princesse. La plus charmante des femmes qu’il m’eut été donné de voir.
Gracieuse et sage, elle était l’incarnation parfaite de ce que l’on attendait d’elle.
Et elle est morte, un matin, alors que tous dormaient. Elle a fui, pour cacher ses faiblesses.

Et moi, pauvre fou, j’ai été le plus heureux des hommes, lorsqu’on m’a confié pour mission de retrouver celle qui, depuis mes plus jeunes années, faisait battre mon cœur. Et celle par qui il devait s’arrêter.