Divers > Dualité

Auteur : Aurel
30/05/06 19h11 | 40 Volcan 3724

Prologue

Ces quelques textes suivent un fil directeur que je me suis fixé, mais ils n'ont pas pour objectif de raconter une histoire jusqu'à son terme. Je suis parti d'un endroit, je ne sais pas encore où j'arriverai, ni même si j'arriverai quelque part. J'écris simplement pour le plaisir d'écrire.

Par conséquent, il serait vain de chercher dans ces récits un reflet conforme de la réalité. Il peut apparaitre certains ressemblances avec certains événements, comme il peut n'y avoir aucun rapport. (et ce même si ces textes sont à la première personne... ^^)

Je le rappelle, j'écris pour écrire. Tout simplement.


Sommaire

Auteur : Aurel
30/05/06 19h11 | 40 Volcan 3724

Moi



Le jugement est tombé. Irrévocable. La Mort. Pire, même : l’oubli.

Voila plusieurs semaines que je me bats contre l’Autre. Le Raisonnable. Le Réfléchi. Tout a commencé comme tout commence toujours entre nous : j’ai fait la seule chose que je sais faire. J’ai raconté des histoires. Mais cette fois, mes histoires ont eu un écho inhabituel chez l’Autre. Il n’a pas trouvé ça drôle. Plutôt triste. Il m’a pris au sérieux.

Alors a commencé une guerre comme nous n’en n’avions jamais connu. Quand je dormais, il me réveillait avec sa réalité. Quand il dormait, je le réveillais avec mes histoires. Et quand nous étions tous deux éveillés, je faisais la seule chose que je sais faire : je racontais des histoires.

Ces histoires le rendaient triste. Alors il m’envoyait sa réalité dans la face. La réalité me rendait triste. Nous ne pouvions plus nous reposer. Dès que l’un sommeillait, l’autre le poignardait dans le dos. Dès que l’autre s’endormait, le premier se vengeait.

Finalement, nous avons trouvé un compromis. Nous avons décidé de nous en soumettre à la décision du Juge. Le Juge suprême. Certes pas impartial, puisque directement au cœur de nos disputes, mais sa décision promettait d’être irrévocable. Elle l’a été.

L’Autre a gagné le « procès ». Le verdict est tombé. Telle une lame acérée. Prévisible, m’a dit l’Autre. Peut-être. Peut-être avait-il raison. Je ne peux pas contester la décision du Juge. En fait, je m’y attendais. Malgré mes histoires, je savais que l’Autre avait raison.

Maintenant, je suis condamné. Condamné à disparaître. Condamné à être oublié. Et il m’est impossible de fuir. Impossible de me dresser contre ce jugement. Je ne peux rien faire. Rien d’autre que de lutter contre l’Autre, sans aucun espoir de succès.

Mais je m’acharne. Je ne veux pas être oublié. Alors je fais la seule chose que je sais faire : je raconte des histoires. Dès que je peux. Dès que la volonté de l’Autre se relâche. Quand il rêvasse. Quand il s’endort. Mais il a entendu le jugement. Ce jugement le déprime autant que moi, mais lui a la Raison. Il sait qu’il n’a pas le choix. Il sait que je dois partir. Alors dès que je lui raconte une histoire, il m’interrompt. Non ! me crie-t-il. Et je dois me taire. Il a le jugement pour lui. Il est le plus fort.

Mais, tant que je le pourrai, tant que j’existerai, je continuerai à faire la seule chose que je sais faire. Raconter des histoires.


Il était une fois, dans un sombre cimetière, non loin d’une église…


- NON !

Auteur : Aurel
30/05/06 19h12 | 40 Volcan 3724

Lui



L'Autre ne se tait toujours pas. Rien d'étonnant. Si j'étais lui, je continuerais aussi.

J'ai presque envie de l'écouter. Ses histoires me manquent. Mais je sais que si je le laisse faire, je ne trouverai plus le repos. Et plus d'autre porte de sortie. Un jugement en appel est impossible. Impensable.

Dès qu'il me parle, je le rembarre. Il a compris. Il se tait. Il sait que tant que je suis alerte et éveillé, il ne pourra rien faire. Mais avant de dormir, ou pendant l'état de demi-conscience qui précède l'éveil, il s'en donne à coeur joie. Sans même parler des rêves nocturnes, domaine où il est omnipotent.

Dois-je le laisser faire ? Dois-je le laisser vivre ? Dois-je le laisser subsister jusqu'à ce qu'il s'en aille de lui-même ? Non, je ne peux pas le croire. Impossible. J'ai autre chose à faire que de l'écouter.

Mais depuis que je l'empêche de me parler, il refuse de m'aider quand j'ai besoin de lui. Pauvre Rikku. Pauvre Warren. Comme ils souffrent de son absence !

C'est nécessaire. Malheureux, mais nécessaire. Quand un membre est gangréné, on l'ampute. On ne le laisse pas contaminer le reste de l'organisme. C'est dans l'ordre des choses.

Tant que l'Autre s'obstinera à me raconter ces histoires, toujours les mêmes, à quelques variations près, je ne pourrai l'écouter. Il faudra qu'il apprenne à changer de discours. De thème. Qu'il parle de choses moins difficiles à entendre. De choses plus proches du Possible. Du Rationnel. Ou alors de choses si éloignées de ces domaines qu'elles ne pourront être confondues avec eux. De choses qui ne nous empêcheront pas de vivre.

Un jour, nous guérirons. Je le sais. Nous ne pouvons que guérir. Mais arriverai-je à rester lucide jusque là ?

Auteur : Aurel
30/05/06 19h12 | 40 Volcan 3724

Amertume



Mes deux moi se sont suffisament réconciliés pour qu'il me soit possible de parler à la première personne. Le Rêve comprend qu'il n'est qu'un rêve. La Raison accepte parfois de l'écouter.



Je me promène dans la forêt, toute humide de rosée. Autour de moi, le silence. Pas un silence absolu, un silence de forêt. On entend des oiseaux chanter, fêtant le retour des beaux jours. On entend des petits insectes s'ébattre, quelque part dans le sol moussu. On entend de petits animaux batifoler dans les fourrés. Au loin, le bruit d'un cours d'eau.

Je marche entre les arbres centenaires. Petit. Insignifiant. J'essaie de ne plus penser. Mais c'est au-dela de mes forces. Autour de moi, la nature sauvage vit comme si de rien n'était. Comme si je n'étais pas là.

Je ne suis pas là. Je ne suis plus nulle part ailleurs que dans mes pensées. Je m'assois au bord du cours d'eau. L'herbe est détrempée. Je ne le remarque pas. Mes pensées s'égarent.

Un jour, dans un sombre cimetière, je l'ai connue. Elle m'a connu. En un instant, nous nous sommes compris.

Mais ce n'est rien de plus qu'une histoire. Un rêve. Rien de réel. Maintenant je suis seul.

Amour solitaire.
Amère solitude.

Rien de ce que je vois ici n'a d'importance. Je suis perdu. Seul au milieu d'un monde qui m'est hostile. Les oiseaux se moquent de moi. Les arbres font comme si je n'existais pas. Je ne suis pour eux rien de plus qu'un insecte de passage. Si je mourrais ici et maintenant, je serais simplement un engrais.

Mais je ne mourrai pas. Je ne suis pas désespéré à ce point. Simplement nostalgique.

Amour solitaire.
Amère solitude.

Je me relève après un temps indéterminé. Je donne un coup de poing dans un arbre. L'écorce m'écorche.

Haine. Haine contre moi. Je déteste ce que je suis. Je me déteste.

Mon deuxième poing s'écrase contre l'écorce. Mon sang se mèle à la sève. L'arbre de ressent rien. Je ne suis pas même un insecte. Je ne suis rien.

Amère solitude.

Auteur : Aurel
31/05/06 08h38 | 41 Volcan 3724

Fugue


Peut-on fuir dans les mots ? S'évader dans des histoires ? Se réfugier dans une fiction pour oublier le réel ?

Peut-on négliger sa vie pour s'enfermer dans un rêve ?

Et surtout, le doit-on ?

Peut-être. Peut-être pas. Comment savoir si l'on n'essaye pas ?

Mais est-ce vraiment une bonne chose de fuir ainsi le réel ? Doit-on s'y risquer ? Dois-je m'écouter ?

Ouvrons un livre. Les mots sont nos amis. Jamais ils ne nous trahissent. Jamais ils ne refusent d'être lus. Jamais ils ne disent non. Fuyons parmi eux.

C'est un dictionnaire. Une page, au hasard.


Fugue (n. f.)

1° Fugue, au sens propre, fuite ; il n'est usité que dans le langage familier. Faire une fugue, s'enfuir.


Une fugue ? Peut-être est-ce une solution. Une fugue virtuelle. Une fugue dans les rêves. Ecouter l'Imaginaire en moi.

Mais déjà, la suite attire mon regard.


2° Terme de musique. Sorte de composition où l'on a réuni toutes les difficultés possibles sous les noms de sujet, contre-sujet, réponse, exposition, épisodes, reprises modulées, stretto et pédales, ces diverses parties se répondant toujours de sorte que l'oreille les reconnaisse sur quelque degré que ce soit, que le mouvement soit semblable ou contraire.


Je vois. Des variations sur un thème. Eh bien soit, varions. Nous verrons bien où cela nous conduira. Peut-être jusqu'à l'oubli. Peut-être pas. Qui vivra verra. Ou pas...

Je tourne quelques pages. Hasard des mots. C'est ce que j'aime dans un dictionnaire. Rien ne nous oblige à le parcourir dans un sens, sans arrêt. Il est possible de l'ouvrir à n'importe quelle page. De se laisser porter par les mots, tel un nageur dans un océan agité. Rien n'oblige à le lire jusqu'au bout. Il se laisse refermer sans protester. Brave livre.

Voyons ce qu'il va me proposer maintenant...

Auteur : Aurel
16/06/06 23h01 | 57 Volcan 3724

Prise



Je voulais écrire ce texte. Dans ma tête, il était prêt. Cependant, le temps a passé, et j'ai changé. Mes sentiments, eux, restent intacts. Ce sont des choses immuables. Mais la manière de les vivre est altérée par le temps.


Heureusement.


Aujourd'hui, je ne veux plus penser à ces mots. Ce qui est fait est fait, le reste n'existe pas. Inutile de se retourner l'esprit avec ça. Ecrivons plutôt sur un autre sujet. Peut-être pas plus réjouissant, mais différent. Changeons. Puisqu'il ne nous reste plus que cela.


Elle est prise. Ce n'est pas une surprise.

Soit. Pas de prise de tête. Il faut lâcher prise.

Auteur : Aurel
17/06/06 11h32 | 58 Volcan 3724

Sehnsucht

Note HRP : Sehnsucht = Nostalgie en allemand




Les temps changent. Le flot des jours coule lentement autour de moi. Inexorablement. Il entraine avec lui tout ce que j'ai. Tous mes repères.


Je marche en pensées en ces lieux que je ne reverrai plus. J'y ai passé des années. Elles sont révolues. Tout ce que j'y ai vécu part lentement. Volutes de fumées. Impossibles à rattraper.

Tous ceux que je ne reverrai plus. Tout ceux qui m'oublieront. Tous ceux que j'oublierai. Tous ceux que j'ai déjà oublié. Tous ceux que je n'ai jamais connu. C'est fini. Il est temps de partir. De quitter ces lieux, ces vieilles pierres. Et surtout, tout ce que j'y ai vécu.

A chaque fois c'est la même chose. Toujours cette difficulté. Il est plus facile pour nous de créer que de quitter. Cela vaut pour tous les domaines. Oui. Tous.


Je marche en pensées en ces lieux que je ne reverrai plus. Je pense à tout ce qui a été fait. Et à tout ce qui ne l'a pas été. Je repense à tout ce que j'ai vécu. Ici, un monde s'est créé. Ici, il s'est développé. Ici, j'ai changé.

Tout ici me retient. Ces vieilles pierres. Ces amis. Ces souvenirs, surtout. Mais le fleuve du temps emporte tout. Rien ne lui résiste. Seules mes pensées demeurent, inébranlables. Mon ultime refuge.


Je marche en pensées en ces lieux que je ne reverrai plus.

Auteur : Aurel
21/06/06 19h22 | 62 Volcan 3724

Ténèbres



Tout meurt autour de moi. Tout s'effondre. Je perds pied. Je sombre.

Je ne sais plus que faire. Je ne sais plus où aller. Sans mot dire, l'Autre est revenu. Il a suffit que je relache mon attention. Maintenant, il est omniprésent. Et je n'ai plus de porte de sortie. Continuellement, il me parle d'Elle. Par sa faute, jamais Elle ne me lâche. Jamais Elle ne disparait.

Tout est gris. Tout est terne. Rien ne m'attire. Rien ni personne. Personne d'autre.

Je ne sais plus que faire. Je ne sais plus que vouloir. Je ne sais plus. Alors que la nature vit et déploie ses couleurs, mon coeur sombre dans les ombres. Tout est fade. Tout est gris.

Je perds pied. Je n'ai plus mes repères. Plus rien. Plus rien à faire. Je m'occupe comme je peux. Je passe des heures à regarder le plafond. Sehnsucht. Mais plus que cela. Je ne dors plus. Je n'ai plus faim.

Tout s'écroule. Tout s'effondre. Je m'accroche comme je peux. Sans succès.

L'Autre me torture. Tout le temps. Mais y-a-t'il vraiment un Autre ? N'est-ce pas le simple reflet de moi-même ? La folie me gagne-t-elle tout à fait ?

Schizophrène. Ce mot me fait sourire. Un sourire amer. Schizophrène. Je ne sais même pas si c'est la bonne orthographe. Demandons à l'ami universel. Le seul qui ne nous trahit jamais. Oui, c'est bien cela. Suis-je vraiment fou ? Fou à lier. Fou à en crever. Amoureux fou.

Nouveau sourire. Rien de drôle. Non, rien de drôle. Rien de plus que le crépuscule qui arrive. Nous sommes le vingt-et-un juin. Aujourd'hui, c'est l'été. Le jour le plus long. Mais chez moi, il fait déjà nuit. Les nuages dans le ciel font écho aux nuages dans mon coeur. Aux brumes qui obscurcissent mon cerveau.

Je perds pied. Je ne sais plus que faire. Il n'y a rien à faire. Dès que je me relacherai, l'Autre recommencera. Mais n'est-il pas déjà à l'oeuvre ?

Pourquoi écrire ? N'est-ce pas Lui qui m'y pousse ?

Ecrire ne soulage pas. Quant à pleurer, je n'y arrive pas.

Ecrire ne sert qu'à différer tout cela. Différer. Mais juste derrière les mots, les ombres. Les ténèbres. Prêtes à bondir. Non, même pas à bondir. Pas besoin. Elles sont déjà là. En moi.

Auteur : Aurel
30/12/06 11h28 | 29 Aquan 3725

HRP : Dans ce post, les phrases écrites en police de caractères classiques sont issues de vécu. Les phrases en italique sont des fioritures, pseudo-interprétation psychologique, qui sont plus un exercice de style pour être dans la continuité du topic qu'autre chose.



Le temps a passé, et les blessures ont cicatrisé. Mes deux mois ont repris leur position habituelle, sans conflits. Rien ne semblait pouvoir troubler ce nouvel ordre.
Et puis un jour, il y a peu, une nouvelle « Elle » a déboulé dans ma vie. Sans prévenir. Source de dilemmes. Mais cette fois, étrangement, mes deux mois ont renoncé à se livrer leur petite guerre dans mon esprit. La situation ne s'y prêtait peut-être pas. Alors est arrivée l'Unité. Mes deux mois se sont mis d'accord. Et l'effet obtenu dépasse tout ce qu'aurait pu imaginer la partie de moi qui se laisse aller au rêve.


C'était en pleine nuit. Encore une fois, pensées amères dont j'ai le secret. Mesmer indescriptible de poisons de l'esprit. Et cette fois, c'était différent. L'espoir était là, bien réel. Peut-être trop réel. Comment se détacher d'une telle chose tant qu'il y a de l'espoir ? La dernière fois, j'avais pu tuer l'espoir avant qu'il ne tue la vie. Mais aujourd'hui ?

Alors, une amie m'a conseillé. Elle a fini par le regretter et prendre peur pour moi, mais je ne cache pas que moi aussi, j'ai eu très peur. Vous n'allez pas tarder à comprendre pourquoi.

Sur ses conseils, je me suis décidé. Je devais revoir mon amour avant son départ en vacances. Il était une heure du matin. Elle partait à quatre heures. Faisable. Et pourtant délicat : ses parents avaient eu l'excellente idée d'aller vivre dans le pire trou perdu. Au moins vingt kilomètres. Et bien sûr, je n'ai pas le permis.

Pas grave. Bien motivé, on peut tout. C'est ce que je commence à apprendre depuis quelques temps. Je devais lui parler, alors je lui parlerai. C'est parti, j'ouvre mon ordinateur, je me connecte sur un site de cartes (je ne donne pas son nom pour ne pas lui faire de mauvaise publicité, car vous verrez que son aide a été plus que discutable...) Je recopie toutes les étapes du trajet sur une grande feuille. De l'autre côté de la feuille, un mot pour mes parents : « Je suis parti en vélo, une affaire très importante pour moi à régler. Ne vous inquiétez pas. Ne me cherchez pas. »

Et ça y est, je m'habille chaudement, attrape mon porte-feuille, mon sac, l'itinéraire que j'ai noté, et je descends l'escalier. Sans faire de bruit, bien sûr : mes parents dorment juste à côté, et ont le sommeil très léger. Cela a failli m'être fatal, vous le verrez. Dans le plus grand silence (je m'étonne moi-même), je mets mes chaussures, mon manteau, et attrape les clés du garage où est rangé mon vélo. J'ouvre la porte (qui était fermée à clé, serrure bien sûr très bruyante), et sors dans la nuit. 1H10.

Je sors mon vélo du garage, referme la porte du garage, et en cache les clés non loin, puis commence à m'éloigner. Je suis parti ? Non, pas encore. Il me faudrait un plan, ce serait plus prudent je crois. Or les plans sont... Dans une voiture. Mais laquelle ? Nous en possédions deux, nous venons d'en racheter une à une vieille tante. Bon, je suppose que la carte qui m'intéresse doit être dans cette voiture, puisque c'est avec elle que mon père l'a utilisée la dernière fois.

Je rouvre la porte de la maison pour prendre les clés de la voiture. J'ouvre sans bruit la porte de la voiture (elle est garée juste à côté de la fenêtre de la chambre de mes parents). Je fouille... et le plan n'est pas là. Merde. Bon, je n'ai pas le courage d'ouvrir les deux autres voitures. Je repose les clés de voitures dans la maison et pars à vélo. 1H20.

Après deux kilomètres, la pédale de gauche commence à se dévisser très légèrement. Ah, je ne vous ai pas parlé de mon vélo je crois ? Il a cette particularité très gênante d'être complètement merdique. Régulièrement, la pédale de gauche se dévisse peu à peu, jusqu'à ne plus entraîner du tout son axe, rendant impossible l'utilisation du vélo jusqu'à ce qu'on la resserre grâce à une clé spéciale... que mon père n'a même pas. Hésitation. Dois-je retourner en arrière et prendre le vélo de ma mère ? Non, trop loin. Je continue, ça tiendra. Il faut que ça tienne.

Encore trois kilomètres. Il commence à pleuvoir. Génial... J'arrive à un rond-point. Je consulte mon itinéraire. « Suivre la rue Nationale ». Génial... La rue Nationale se poursuit à droite ET à gauche. Je prends à gauche. Deux minutes après, mauvais pressentiment. Je m'approche d'un arrêt de bus et consulte le plan. Hum... Apparemment c'était de l'autre côté. Demi-tour. 1H40.

Ma pédale se dévisse de plus en plus. J'ai déjà dû descendre trois fois pour la revisser à la main, espérant qu'elle tiendrait plus longtemps comme ça.

Nouvelles erreurs, nouvelles errances. Plan de merde.

Oh putain ! Ce plan n'est pas seulement merdique. Il est pire que ça. Je suis censé m'engager (à vélo, je le rappelle) sur une quatre voies...

Hésitation. Que faire ? Entre ça et ma pédale qui part... Non, il faut que je rebrousse chemin. Ma seule solution est de prendre une voiture. Mais je n'ai pas le permis... Bon, il ne faut pas. Il faut que j'y aille à vélo.

Je m'engage sur la quatre voies...

Un camion me klaxonne tandis que je m'accroche au rail de sécurité pour ne pas être entrainé sous ses roues par l'aspiration. Allé, motivé ! Heureusement, il y a peu de circulation.

Après cinq minutes à ce rythme, je renonce. La quatre voie, c'est pas fait pour les vélos. Et ma pédale ne tiendra jamais jusqu'à destination... Il faut que je prenne une voiture. En rentrant dès maintenant, j'ai le temps d'arriver à destination à temps.

Je fais demi-tour. Heureusement... Après un ou deux kilomètres, ma pédale me lâche définitivement. Je me retrouve à 5-6 kilomètres de chez moi, à deux heures du matin, sous la pluie, à courir à côté de mon vélo. J'étais bien parti pour une bonne course à pied... Dommage que je manque d'entraînement.

Des phares ! Je fais signe au conducteur de s'arrêter. Il passe devant moi sans ralentir. Je reprends ma course. Après deux minutes, nouvelles voitures. Il m'ignore de nouveau. Pas étonnant, à deux heures du matin...

Et enfin, la troisième voiture s'arrête. Je lui explique en quelques mots la situation de mon vélo, il accepte de me reconduire jusqu'à ma ville de départ. Je laisse mon vélo dans un fossé avec un anti-vol et remercie chaudement le conducteur.

Ca y est, je suis de nouveau chez moi. Et certainement pas prêt à abandonner. Il me faut une voiture... Le choix est vite fait : j'ai peu confiance en l'itinéraire que j'ai pris sur le net, il me faut la voiture équipée d'un gps. Je prends les clés sans bruit, et je repars vers le garage. J'en ouvre les portes, mets mes affaires dans la voiture. Bon, maintenant il va falloir partir. Mais le moteur risque de réveiller mon père, et dans ce cas je n'imagine même pas ce qu'il dirait. Il peut s'en apercevoir quand je serai parti, et j'assumerai les conséquences, mais s'il me voit là je ne serai jamais à temps pour parler à celle que j'aime (à la folie, pourrait-on dire... je crois que la situation s'y prête).

Résultat, je me retrouve à essayer de pousser la voiture hors de chez moi. Manque de chance, c'est une espace... Assez lourde. Je mets dix minutes à lui faire faire trois mètres, avant de réaliser que je devrai la pousser dans une montée. Mission impossible.

Nouvelles hésitations. Dois-je abandonner ? Et puis non, je ne serai pas arrivé là pour rien. Je monte dans la voiture, et tourne la clé de contact. Je sors de chez moi en évitant d'appuyer trop fort sur l'accélérateur. Je pars le plus vite possible, pour que personne ne puisse m'arrêter si je réveille mes parents. Je suis dans la rue.

Je me gare et allume le gps. Mais vous vous souvenez ? Je vous ai dit que celle que j'aime habite dans le pire trou perdu qui soit. Eh bien c'est gagné, sa ville n'est pas dans le gps... Et aucune de celles qui apparaissent sur mon itinéraire. Génial... Et après vérification, la carte n'est pas non plus dans cette voiture. Eh bien tant pis, je suis parti. On va devoir faire confiance à l'itinéraire...

J'arrive là où j'ai laissé mon vélo, me gare et le charge dans le coffre. Je me mets plein de boue sur le manteau, ça se verra... J'espère que j'en ai pas trop mis dans la voiture. De toute façon, mort pour mort... Je suis en train de rouler sans le permis. Je conduis prudemment, ce n'est pas le moment de me faire arrêter. Ma conduite est parfaite, si je passais le permis aujourd'hui je l'aurais les doigts dans le nez. Le stress, quel stimulateur...

J'arrive à la fameuse quatre voies. Ah, elle fait moins la maligne maintenant que je suis en voiture...

Je roule, je roule. Mais je trouve les panneaux étranges. D'après mes quelques notions élémentaires de la géographie sarthoise, je ne vais pas dans la bonne direction. Itinéraire de merde... Il m'avait pourtant dit de prendre à droite.

A la première bretelle, je sors, et me débrouille pour reprendre la quatre voies dans l'autre sens. Finalement, je pense que je suis sur la bonne direction.

Dix minutes... J'arrive à un rond-point. Mon itinéraire me dit de tourner à gauche. Mais sur un panneau, en face, ma destination. Vraiment, cet itinéraire aura été inutile jusqu'à bout... Je vais tout droit.

Après quelques erreurs, après quelques errances, j'arrive enfin à bon port. Je trouve sans difficultés la bonne maison, et me gare. 3H10. J'ai même de l'avance...

Je sors de la voiture et m'apprête à appeler mon amie pour qu'elle me rejoigne dehors, mais son père ouvre la porte. Eh merde... C'était pas une bonne idée d'avoir mes pleins phares allumés quand je suis entré dans la rue. Il ne me connaît pas. Je lui dis que je suis un ami de sa fille, et demande à parler à celle-ci. Il paraît plutôt étonné (sans blague...), mais accepte.


Les discussions qui ont suivi ne concernent que moi.


Quelques temps plus tard, je prends le chemin du retour. Ma ville est présente dans le gps, elle. Je roule vite. J'espère que chez moi personne ne s'est réveillé, sinon je sais qu'on savourera mes tripes au petit déjeuner. Je n'imagine même pas leurs réactions.

Mon gps me dit de poursuivre tout droit. Quel boulet... Je sais bien que c'est à droite. Ne faire confiance qu'à soi-même... Et en effet, j'arrive à bon port. Je ne sais pas par où le gps voulait m'emmener, et je ne tiens pas à le savoir. J'arrive devant chez moi. Je pense à couper les phares, cette fois...

Je comptais me garer en me laissant rouler au point mort, contact coupé. Manque de chance, ça bloque le volant. Je redémarre... Vraiment, j'espère que mon père est devenu sourd. Je range la voiture dans le garage, coupe le moteur. Je range mon vélo (pauvres pédales...) et m'aperçois que la voiture n'est pas assez avancée dans le garage. Qu'à cela ne tienne, je la pousse. Puis je referme la porte en vitesse et rentre chez moi.

Tout le monde dort. Je range mes chaussures. Mon manteau. Les clés. Pose mon sac. Vais à la cuisine pour récupérer le message que j'avais laissé à mes parents.

J'entends mon père se lever.

Et merde... Echouer si près du but.

« Tu fais quoi debout ? »

« Je bois. »

« Mais... Pourquoi tu es habillé ? »

« Heu..... J'avais froid »

Mauvais mensonge : j'ai trois couettes sur mon lit. Mais j'ai pas trouvé mieux...

Pendant que mon père ne regarde plus, je mets le message dans ma poche, attrape mon sac et monte vite dans ma chambre. Je me glisse dans mon lit. 4H15.

Mon père va et vient en bas. Quant tout à coup : « Aurélien, pourquoi la fenêtre de la cuisine est ouverte ? »

Excellente question. Mais qui ne m'arrange pas... Je marmonne quelque chose. A cet instant, la plus grande de mes soeurs se lève, ajoutant au bazar ambiant.

Peu à peu, tout se calme. Je sombre dans le sommeil.


Le matin, nouvelles questions inquisitrices au sujet du fait que j'ai eu froid. Visiblement, on ne me croit pas, mais il ne leur vient absolument pas à l'idée que j'ai pu sortir. Enfin, j'espère.

Maintenant, il ne me reste plus qu'à espérer qu'ils ne voient pas la boue dans la voiture et sur mon manteau. Que jamais ils ne sachent ce que j'ai fait.


Mais même dans le pire des cas, je ne regrette rien. Aller au bout de soi-même...



PS HRP : Mappy c'est de la merde XD

Auteur : Aurel
11/03/07 22h19 | 25 Vertan 3725

Jonction




20 février



Le garçon se retourne, encore et encore, dans son lit. Ses pensées se mêlent. Son corps est épuisé, mais son esprit s'agite. Pourquoi ne pas dormir ? Pourquoi ne pas se laisser sombrer dans un court mais nécessaire sommeil ?

Mes pensées ont des ailes. Quelle agréable sensation que de se laisser flotter. Je vole. En moi, je suis tout puissant. Ou du moins c'est ce que je veux me dire, mais je sais très bien que c'est faux. Il n'y a rien de moins vrai.

Je ne me connais pas. Je pense connaître mes limites, je pense savoir ce qui est bon pour moi, et pourtant rien ne m'empêche de me planter. Ma volonté atteint-elle donc si tôt ses limites ? Pourquoi reproduire toujours les mêmes erreurs ? Pourquoi s'obstiner à rêver ? Pourquoi, hein, pourquoi ?

Mes pensées ont des ailes. Mon corps reste cloué, mais je m'évade, je suis ailleurs. Cette situation pourrait durer, si seulement j'étais vraiment conscient de ce fait. Pourquoi transposer dans le réel ce qui ne doit pas l'être ? Pourquoi faire dépendre mon humeur d'autrui ?

En moi, à ma portée, j'ai un monde. Mais je ne le veux pas... Je le refuse de tout mon être. Non, c'est faux. C'est ce que je voudrais faire, c'est ce que les mots me poussent à écrire, mais c'est faux. J'aime ce monde. Il est loin d'être parfait, mais je m'y sens bien. Mieux que partout ailleurs ? Non, pas mieux que partout ailleurs. Il arrive que je sois plus équilibré. Moins victime de mon imagination.

« Que les fous soient dans une mesure quelconque victimes de leur imagination, je suis prêt à l'accorder, en ce sens qu'elle les pousse à l'inobservance de certaines règles. Mais le profond détachement dont ils témoignent à l'égard de la critique que nous portons sur eux, voire des corrections diverses qui leur sont infligées, permet de supposer qu'ils puisent un grand réconfort dans leur imagination, qu'ils goûtent assez leur délire pour supporter qu'il ne soit valable que pour eux. »

Jolies phrases en vérité. Elles sont de Breton. Et quel accord avec ce que je ressens ! C'est exactement ça. Il serait si simple de dire ce que je pense sur ce sujet. J'aime écrire.

Pourquoi j'écris aujourd'hui ? Non, je ne pique pas une nouvelle crise de déprime, de rage contre moi-même, de folie destructrice et surtout auto-destructrice. Non, je ne suis pas « poussé à l'inobservance de certaines règles ». Pas aujourd'hui. Non, rien de nouveau sous le soleil. Alors pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Quelle question... Comment le saurais-je ? J'ai simplement eu envie d'écrire, alors pourquoi pas ? Je n'ai pas envie qu'on me lise, mais je trouve pire encore d'écrire et de ne rien en faire. Pourquoi ne pas rendre ces mots publics, après tout ? Qui les lira ? Qu'est-ce que cela apportera ? Rien, rien, rien du tout. Alors pourquoi continuer à lire, hein ? Arrête tout de suite, cela ne sert à rien. Franchement.

Léger sourire... Ces mots me rappellent l'incipit des essais de Montaigne. Un hypocrite, selon Malebranche. Peut-être... Peut-être en suis-je un aussi. Est-ce que je veux être lu ? Hmm... Difficile à dire. Peut-être par certains, finalement. Je n'en sais rien, je ne creuserai pas la question. Aquoi bon ?

Les années s'écoulent, et je change. Et pourtant, rien ne change. Suis-je condamné à ce cercle sans fin ? Suis-je condamné à me rapprocher encore et encore du Centre ?

Sourire ironique. J'aime à mêler ainsi les mondes, les pensées, les idées. Schyzophrénie ? Non, pas cette fois, clairement pas cette fois. Je suis déjà passé par ce genre de délire et je sais que ce n'est rien de comparable. C'est simplement qu'écrire sur un sujet interposé me permet de me sentir moins égocentrique. Encore une illusion dont aime se bercer mon esprit...

Ces personnages... Qui sont-ils vraiment ? Totale fiction ? Reflet de moi-même ? Je ne pense pas. Non, rien de tout ça. Chacun d'eux est une idée, plus ou moins personnifiée. Un concept. Et pourtant, certains points communs ressortent, qu'on y regarde de plus près ou pas. Pur hasard ? Bien sûr que non. Bien sûr que non.

Qu'est-ce que l'amour ? Je ne pense pas qu'il existe de réponse fixe. Tout dépend de la personne qui se pose la question, de l'époque de sa vie où elle le fait, de son état de santé, de ce qu'elle a vu dans la journée, de la quantité de sommeil qu'il lui manque, de ce qu'elle a mangé le soir. L'amour existe-t-il ? Sûrement. Un tel concept ne peut apparaître partout simultanément sans aucun fondement. Mais après tout, tout n'est peut-être qu'une question de phéromones... Nous ne sommes que des bêtes. Des bêtes qui se prennent pour Dieu. Paroles étranges dans la bouche d'un athé convaincu...

Qu'est-ce qu'aimer, finalement ? Une simple obsession, temporaire ou non ? Une maladie du cerveau ? Les humains sont-ils une espèce de psychopathes permanents ? Mais qu'est-ce qu'un psychopathe, s'il est la norme ?

Réponse évidente. Un psychopathe sort justement de la norme. N'est-ce pas une forme de folie que d'agir de manière totalement inconsidérée, inutile, et même nuisible ?

Non, non, décidemment non. Pas vraiment en tout cas. J'appelle plutôt ça... de la connerie. Rien d'autre, non, rien d'autre. Et au final, à quoi bon ? Quoi que ce soit, ce n'est qu'un mot. Une période. Sommes-nous si insignifiants ? Sommes-nous ainsi ballotés par le vent de notre vie ?

Sourire ironique, encore. Je devrais aller dormir, mais je n'ai pas le courage de me lever de ma chaise. Dans mon dos, je sens mon lit qui m'attend, qui m'attire, qui m'appelle. Bientôt, je devrai me lever. Mais maintenant, pourquoi se coucher ? Mes doigts travaillent tous seuls. Etrange indépendance, peut-être liée à la fatigue. Pourquoi écrire tout ça ?

Question absurde et inutile. Il n'y a pas de réponse, pourquoi la poser ?

Mais c'est justement l'objet de ce texte. Que fais-je d'autre que lever des questions sans fondement et sans réponse ?

Et au final... C'est quoi, l'amour ? Peut-on vraiment aimer quelqu'un, ou aime-t-on simplement le reflet qu'il nous renvoie de nous ? C'est peut-être encore plus simple que cela... Je pense qu'on aime tout simplement être aimé. Ou même, qu'on aime aimer. N'est-ce pas ça que les intellectuels nomment l'Idéal ?

Hum... Excellente question, il faudra que je me replonge dans mes cours de première.

Là, j'éclate presque de rire. Je me retiens à temps pour deux raisons : d'abord, je ne dois pas réveiller ma voisine, et ensuite et surtout, je me sentirais vraiment très con de rire tout seul devant un texte que j'écris sans y penser, comme un zombie. Il faut vraiment que je dorme... Mais j'en ai marre. Je ne vois pas pourquoi je devrais continuer, encore et encore, encore et toujours. Des satisfactions, c'est vrai, il y en a, mais ensuite ? A quoi bon ?

Je me demande à quoi ressemble la mort. Une simple tombée de rideau ? On est là et hop, on est parti ? On n'existe plus ? Probablement... Mais dans ce cas, à quoi bon s'agiter sur ce monde tant que l'on vit encore ? Le rideau... Non, le Voile tombera un jour, et alors rien n'importera plus. Vivre seulement pour les quelques satisfactions qu'on peut tirer de son existence ? Mais cela vaut-il la peine d'endurer pour cela tout le reste ? Le mauvais temps, la faim, le froid, la peur, les regrets, la nostalgie, la déprime, le travail, l'abandon, la cantine du lycée, les disputes, les jours qui se répètent, les espoirs déçus, les tortures du corps et de l'esprit ? Tout ça simplement pour quelques instants de « bonheur », ou plutôt de contentement, qui disparaitront avec nous lorsque nous redeviendrons un simple assemblage de boyaux inanimés ?

Peu importe. Encore une question inutile, puisque je sais très bien que quelle qu'en soit la réponse, je continuerai, encore et encore, à cheminer jusqu'à une fin qui arrivera bien assez tôt. Comme nous tous, je suppose. Et ceux qui mettent fin à leurs jours ? Ceux-là ont-ils compris quelque chose ? Sont-ils curieux ? Ou sont-ils tout simplement impatients d'en finir avec les aléas de la vie ?

La mort est propre, nette et précise. Plus de dilemmes, plus de cas de conscience. Plus de regrets. Plus de tourments. On n'est pas fatigué, on n'a pas faim, on n'a pas de devoir à rendre le lendemain, et on ne perd pas son temps à écrire un texte sans intérêt.

N'importe quoi... J'en ai marre de perdre mon temps à ça. Il est temps d'aller dormir.







Warren se réveilla en sursaut. Sa chemise était trempée de sueur.


Tu vois, dit-il lentement. Je t'avais bien dit ce qu'il était.








Halad se réveilla en sursaut. Sa chemise était trempée de sueur.


Les paroles du Shadowsong résonnaient encore dans son esprit. Et avant elles... Celles de l'autre.


Mais alors...



... ce que Warren lui avait chuchoté lorsque Shingaz n'écoutait pas ...



... le Linceul ...



c'était vrai ???




HRP :
1)Ce post est un tout petit peu moins inutile que ce qu'il peut sembler au premier abord ;)
2)Arrêtons-nous parfois de jouer un rôle ? Si non, qu'est-ce que le RP ? Ecrire « HRP » a-t-il un sens ? Depuis quelques secondes, j'en doute fortement.
3)Votre imagination est une malédiction, mais aussi une bénédiction, je refuse tout manichéisme à ce sujet. Alors, profitez-en ;)

Auteur : Aurel
16/07/07 02h40 | 2 Desertan 3725

... des cas



Bla.


C'est le premier mot qui me vient. C'est vous dire l'étendue et la richesse de mes pensées actuellement.

Petit sourire, mi figue mi raisin. Bla. Un bel idéal. Un terme parfait. Si simple, mais si riche en sous-entendus à la fois.

Un simple petit Bla peut régler bien des problèmes. En troupeau de trois, c'en devient absolument renversant.



Etrange comme on se retrouve ici parfois. Dans cette situation. Inventant de nouveaux prétextes pour se jeter la pierre, se traiter de tous les noms, et finalement garder un goût écoeurant dans la bouche.

A première vue, il n'y a pas de raison. A seconde vue non plus, d'ailleurs. Tout cela est invisible aux sens.

Alors pourquoi un tel état si rien n'est visible, si rien ne se passe ? Pourquoi se mettre dans une telle situation alors qu'aucune raison concrète ne l'a ammenée ?

Sourire désabusé. Si seulement c'était si simple que ça. Aussi simple qu'un petit Bla. Bien sûr que des choses se passent. Bien sûr qu'elles ne devraient pas engendrer tout ça, mais que suis-je devant la puissance de ce qui m'opresse ?

Après tout, ce n'est rien d'autre que moi... Adversaire certes pas supérieur en nombre, mais il a l'avantage de la surprise. Il occupe mon territoire. Et finalement, c'est moi et moi seul qui me mets dans cet état.


Encore du bla bla... Ca n'arrête pas. Que sais-je faire d'autre ?

Là, je suis injuste. Oui, il faut bien l'avouer, parfois je ne m'arrête pas là.


Dehors, le tonnerre gronde. Je perds le fil de mes pensées. Le voile de la fatigue est toujours présent devant mes yeux, je ne distingue plus rien de ce que je pense.


Mes mots reviennent devant mes yeux. Oui, il faut bien l'avouer, parfois je ne m'arrête pas là. (la puissance du copier-coller est en moi).

Oui, parfois je vais plus loin, c'est vrai. Trèves de bla bla, faisons quelque chose de notre vie. Et le résultat, vous me demanderez ?

Voyons, réfléchissez mieux. Cette question est inutile. Le résultat, vous l'avez sous les yeux. J'ai fait des choix. Parfois j'aurais dû en faire mais je me suis contenté d'attendre.

Et même quand j'avais fait les bons choix au bon moment, finalement...

Finalement, me voilà.


Et l'intérêt de ce texte m'ébahit toujours autant.

Je pense que la prochaine fois je me contenterai d'un lait chaud.


Le plus tard possible j'espère . .

Auteur : Aurel
01/11/07 00h25 | 34 Galan 3726

Réveil


La fumée bleutée se dissipe en de complexes motifs dans l'air glacé. Je la balaie d'un geste machinal. Tout comme je balaie les pensées qui me gênent. Mais, pas plus que la fumée, celles-ci ne disparaissent. Tout comme elle, elles s'accrochent, rageuses, collent à la peau. Omniprésentes.

Quand on vit dans ses rêves, on peut toujours s'évader, se libérer. Penser à autre chose qu'à ce qu'on a sous les yeux. Oui, c'est se voiler la face, oui, c'est refuser de voir ce qui est, d'affronter le monde. Mais c'est tellement plus simple... Tellement plus gratifiant.

C'est ce rêve, toujours présent, qui permet d'éviter de sombrer. Mais que devient cette porte de sortie quand le rêve devient réalité ? Où est passée cette porte de sortie, qui paraissait pourtant si immuable, si intouchable, une fois que la réalité l'a absorbée pour la recracher, quelques temps plus tard, comme simple fantôme informe et infâme ?

Je me suis parfois demandé ce qu'il pouvait y avoir de pire que de ne plus avoir de rêve. J'ai trouvé la réponse. Que peut-on encore rêver quand on a vécu dans son rêve et qu'on s'est réveillé ? Où peut-on encore fuir, que peut-on encore se raconter pour penser autre chose, autrement ?

Le matin, au réveil, il ne reste plus rien. Ne reste du rêve qu'un amas de souvenirs qui déjà s'effrite, une agréable sensation que l'on ne veut voir disparaitre, et l'amère réalisation que ça y est, on est réveillé, et que ce qu'on a vécu pendant notre sommeil n'était que chimères.

Alors on attend. Et on espère qu'une nuit, bientôt, le rêve recommence.

Le rêve laisse place aux rêves. Encore et encore. C'en devient lassant...