Divers > L'homme qui murmurait à l'oreille des Mages

Auteur : Kemeth
07/06/07 08h47 | 38 Volcan 3725

Espheme... Plus qu’un état, un rêve, dit-on. Une idéologie qui a bouleversé les esprits de ceux qui y ont habité. Une œuvre d’art à grande échelle qui avait pour but la protection des citoyens ... Et bla et bla et blablablaaa...

Presque tous les habitants chantaient le sentiment de sécurité que leur procurait Espheme. Enfin chantaient, pour ainsi dire. Car oui, c’est une expression, mais imaginez tout de même des citoyens en train d’improviser une chorégraphie dans la rue tout en sortant, en chœurs pendant que l’on y est, des chansons parfaitement interprétées comme s’ils étaient nés en plein milieu d’une comédie musicale et qu’ils avaient ensuite passé toute leur vie à parler en mélodies.

Ils chantaient donc presque tous ce sentiment, mais quelques uns s’en fichaient royalement. Et c’était le cas du personnage qui montait actuellement les marches d’un bâtiment administratif. C’était un homme adulte à l’apparence très banale, ni trop jeune ni trop vieux, ni trop grand ni trop petit, il manquait tout de même d’une certaine présence. N’est-ce pas bizarre comme expression ? Manquer de présence, ça ne devrait pas vouloir dire ne pas être là tout bonnement ? Enfin bref, passons. Il possédait une personnalité plus ou moins étrange. Je l’aurais bien qualifié de Psychopathe, si seulement je n’avais pas eu l’intense désir de ne pas vous décrire exactement ce qui caractérisait cette étrangeté.

Son problème actuel était le fait très désagréable qu’il se sentait perdu. Cela l’avait entraîné dans une pente savonneuse qui eut pour conséquence directe de le faire démissionner de son petit travail monotone et sans fondement. Il s’était mis dans la tête qu’il lui fallait un travail passionnant et qu’il travaillerait d’arrache-pied pour y parvenir. Il faudra qu’il travail pour pouvoir travailler. Va t-il réellement devoir s’arracher un pied pour cela ? Qui sait... Moi ! Bien évidemment.

Il lut la pancarte, sur laquelle était écrit : Bureau des Emploies.

Il baissa la tête pour faire semblant de réfléchir. Il fallait avouer que ce n’était pas son fort, alors il faisait beaucoup d’efforts, même dans l’inconfort, pour paraître bien plus malin qu’il ne l’était vraiment. Vous connaissez peut-être quelqu’un qui fait la même chose ? Faites lui remarquer qu’il est ridicule, vous lui rendrez service. Du moins, s’il n’est pas comme notre fameux personnage, qui en plus d’être stupide, est têtu comme une mouette. Expression personnelle, ne vous déplaise.

Une fois qu’il eut fini son imitation de réflexion, il pénétra dans le bâtiment et entreprit de ne pas bousculer les personnes qui avaient l’air de jouer à un jeu très rigolo : Se mettre les uns derrière les autres et attendre son tour. Notre personnage n’avait pas du tout envie de jouer aujourd’hui, c’est pourquoi il tâcha de passer devant tout le monde. Mais il dut se résigner à moutonner car un homme très costaud le renvoya en arrière, vers une vieille dame qui en fit de même, armée de son petit sac de grand-mère. Cela vous est peut-être déjà arrivé ? Vous voulez en parler... Cela doit être traumatisant... Enfin excusez moi si je vous coupe dans votre pensée pendant que vous vous rappelez ces durs moments, mais j’ai une histoire à continuer, merci.

Il dut donc attendre une bonne demie heure avant de pouvoir enfin s’adresser à un Agent Spécial des Emploies, les A.S.E comme on les appelait. L’A.S.E lui montra son insigne doré. C’était obligatoire car bon nombre de petits malins se faisaient passer pour eux afin de ... En fait personne ne savait pourquoi ils faisaient une telle chose, ils étaient sûrement désaxés. Notre personnage s’assit en face de l’A.S.E et commença à raconter un peu n’importe quoi pour combler le silence pendant que l’Agent pianotait sur son clavier tout en sifflotant.

- ... Vous comprenez donc mon agacement quant à ce gardien qui n’a pas voulu me louer une place de parking. Certes je n’ai pas de véhicule mais qu’est-ce que cela peut faire ? ...

L’A.S.E finit par remarquer la présence de notre personnage, malgré son absence de présence, puis lui jeta un regard plissé et oblique après avoir essayé, en vain, de comprendre de quoi il parlait. A vrai dire, c’était souvent la réaction des gens au contact de notre personnage.

- Excusez-moi Monsieur... Je n’ai pas que cela à faire. Ma photocopieuse me manque, alors si vous pouviez me dire comment vous vous appelez et dans quel domaine vous désirez que l’on vous inscrive, vous seriez un prince... Oh puis non, ce serait normal ! Faites vite !

- Est-ce qu’un véritable A.S.E se comporterait vraiment ainsi envers un honnête citoyen qui cherche seulement sa voie ?

- Parfaitement Monsieur. Les faux, ce sont ceux qui paraissent gentils et bien intentionnés. C’est notre travail d’Agents Spéciaux de nous trouver si haut que vous vous feriez mal au cou si vous essayiez de nous regarder dans les yeux. Revenons-en à vous plutôt qu’à moi, même si c’est un sujet que j’adore tout particulièrement.


- ... Euh oui en fait je préférerais m’adresser à une personne plus... Humaine s’il vous plaît.

- Très bonne idée !


L’A.S.E se leva et alla discuter avec une jeune femme à quelques bureaux plus loin. Puis, elle se dirigea vers la photocopieuse, avant de lancer à cette dernière un clin d’œil langoureux et plein de sous-entendus.

La jeune femme à qui elle s’était adressée vint alors s’asseoir devant notre personnage qui la considéra d’un œil méfiant, comme si elle allait violemment se jeter sur lui avec son agrafeuse qu’elle aurait préalablement couverte de baisers.

- Bonjour Monsieur. Veuillez excuser l’Agent précédent, nous essayons de remplacer notre politique actuelle par une qui serait plus sociable mais essayez de donner un coup de balai à un chien et vous vous ferez mordre la cheville... Bien allons-y. Vous êtes Monsieur ?

Notre personnage, après que sa tension se soit rabaissée, ne manqua pas de remarquer que cette jeune femme était très charmante. Son sourire, bien que seulement professionnel à la base, le conforta dans son idée qu’elle le suivrait ensuite pour une toute autre tâche. Représentons-nous la complexité d’un cerveau d’homme : Une masse de femmes nues entremêlées, rien de moins pathétique.

- Euh voilà je m’appelle Trukency ... Mais vous pouvez m’appeler Truk ...

- Truk and Cie ? En trois mots ou en un seul.

- Un seul, cela suffira merci. Sinon en ce qui concerne le métier que je voudrais occuper... J’aimerai être Maître Mage mais des gens malintentionnés comme votre collègue m’ont dit que je ne pouvais pas actuellement entrer dans une école pour être formé...

- Ils vous ont peut-être dit cela tout simplement parce qu’avant d’être Maître Mage, il faut être Mage...

- Quelle perte de temps... Encore un système idiot qui doit certainement se dérouler comme tout ce qui se déroule ici, les Maîtres Mages qui courent partout sans vêtements en se demandant qui ils sont pour la simple et bonne raison qu’ils sont devenus fous à force de devoir passer des tests et des concours ayant eu pour objectif ultime de savoir apprendre à protéger ceux qui doivent protéger les protégés...


Regard plissé et oblique...

- Ce qui fait la différence entre les Maîtres Mages et les Mages, Monsieur Trukency, c’est l’accumulation d’une grande expérience et la capacité d’enseigner ce vaste domaine passionnant qu’est la Magie.

- Je saurai le faire moi aussi, apprendre des tours de magie à des gens ça ne doit pas être bien compliqué !

Regard plissé et oblique...