Divers > Retour au pouvoir

Auteur : Kossnei
20/10/07 18h34 | 23 Galan 3726

Banrag, lourde masse de trois mètres quarante-cinq de haut et deux de large, "homme" inhabituel, procédait à son entraînement quotidien du côté de la forêt bordant son taudis lui-même situé dans les bas-quartiers de la ville de Sombrot.

En ce jour de chaleur intense de cette saison qu'on nommait Dense, Banrag Ilam' coupait du bois par ses propres moyens: en bref, il déracinait des arbres. La saison chaude est tellement bien désignée que cette chaleur en devient condensation. Elle est à Sombrot ce que le brouillard est aux villes galacticaines.

Vous me direz, où se situe donc cette petite bourgade commerçante, si ce n'est en Galactica? Et bien je répondrais tout simplement qu'elle se trouve...quelque part.

En un monde où la nature n'a point oublié toutes ses règles, en une contrée où d'ailleurs les gens se côtoient, communiquent, se respectent, bref se tolèrent.
La violence y est détestable et la population accepte cet état de fait malgré la facilité qu'elle aurait à mépriser la loi, étant donnée le laxisme de la justice locale.

Et si nous revenions à notre sujet de départ? L'on parlait à l'origine de la baraque à la courte et inextricable chevelure en train d'éclater son bois pour se faire les biceps...
La sueur perlant sur son touffu torse, il en était à son quatrième tronc lorsque quelque chose l'interpella. Une ombre, un courant d'air, puis le froid... Le gros idiot s'arrêta aussitôt, il se releva, empoigna une hache posée à deux mètres de lui, et qui ne servait que pour les souches les plus épaisses, et grogna:


<<Qui est là?! Approche, sale raclure, que je te fourre ma hache dans le bide! C'est toi Hurl? Ou toi Jal?>>

Le ton était assuré mais le visage livide. Les branches commençaient à s'agiter dans les cimes.
L'homme maintint encore la position pendant deux minutes, puis il se passa une chose qu'aucun des habitants de cette contrée n'aurait pu prévoir...
Un imposant oiseau d'un noir de jais jaillit d'un pin et fonça sur l'homme à présent mort de frayeur.

Moins d'une seconde plus tard, il était à terre, sa hache gisant à quelques mètres de là. L'ombre-oiseau avait disparu, mais devant lui se tenait à présent une femme blonde élancée que le monde galacticain connaissait parfaitement bien...
Elle portait un ensemble noir sous une cape violet foncé, et ses yeux d'une rare couleur orange foncé renforcait l'intensité de la domination qu'elle exerçait sur son incrédule adversaire.
Ce dernier semblait cependant ignorer qui il avait en face de lui... Il tenta de garder un ton hautain, mais sa voix trembla légèrement lorsqu'il lança ces quelques mots:


<<Hé, t'es qui toi espèce de sale garce?!>>

La jeune femme le toisa avec une mine dégoûtée, puis dégagea de sous sa cape ses bras bronzés. Elle fit quelques gestes avec ses mains avant d'y faire apparaître une boule d'énergie rosée de base, et de lancer au tas de viande prostré à terre:

<<Banrag Ilam'?>>

Et lui de répondre, avant même de réfléchir qu'il signait là son arrêt de mort:

<<Ou...ouais...>>

Le sortilège le heurta de plein fouet, lui infligeant une mortelle brûlure, et incendiant l'herbe environnante.
L'amiral Mana-Li II, dite aussi Nikki Katarilis, se baissa et glissa quelque chose qui ressemblait à
"Ta tête me sera utile" à l'oreille du défunt...
Fière d'elle, l'Amiral secoua sa chevelure blonde et fit léviter le cadavre jusqu'au ruisseau...

Auteur : Kossnei
05/11/07 20h17 | 39 Galan 3726

Ce jour là, on put dire qu'une calme ville effrayée s'était réveillée. Partout, on entendait prononcé le nom de Karlina Meryne. En effet, celle qu'on appelait aussi la protectrice, pourtant d'apparence si gentille, avait mis à terre la lourde masse qu'était le bourreau de Sombrot, Banrag. Aujourd'hui les bars étaient ouverts, la musique faisait vibrer les pavés, les enfants criaient, les hommes et les femmes buvaient, jusqu'à en tomber.

Cette cité en fête était loin de rappeler la froide place où seuls certains animaux rôdaient, eux qui n'étaient pas menacés par ce monstre qui tuait sans raison, juste pour qu'on n'oublie pas de lui laisser des offrandes sur la place publique. Tout le monde craignait sa venue, car il enfonçait parfois une porte pour massacrer la famille apeurée qui se trouvait derrière, et c'était toujours un soulagement que de le voir partir dans le brouillard, avec sa démarche chaloupée, portant plus d'une cinquantaine de livres de nourriture, tout en sachant que demain, inévitablement, il reviendrait.

Et puis ce matin-là, tous, il avaient épié sa venue. Mais à la place du gros lourdeau, c'était une jeune femme qui était entrée dans la ville, avec une sorte de sphère flottant autour d'elle. Encore un défi lancé à Banrag, pensaient les habitants, puisqu'il n'était pas rare de voir des fous sortir de temps à autres pour se faire massacrer.
Mais elle avait simplement sorti un morceau de parchemin de sa poche qu'elle avait joint à un paquet ovale, les avaient accrochés tous deux sur l'autel de la place centrale, avant de s'éclipser. On eut juste le temps d'aperçevoir un regard flamboyant, des yeux orange que personne n'avait jamais croisés.
Banrag ne vint pas ce matin-là. Le paquet resta minablement suspendu pendant des heures, jusqu'à ce quelqu'un osât sortir, et qu'une main crispée attrapât le ruban, le défit, avant qu'un cri incroyable survint. La tête de Ilam' Banrag avait roulé sur le sol.


<<Il est... il ...>>

La suite était inutile. Les volets s'étaient ouverts, les portes s'étaient déverrouillées, les langues s'étaient déliées. Tout le monde avait hurlé, chanté, pleuré. Les plus revanchards avaient même organisé un sport qui consistait à frapper le plus fort possible avec le pied dans la tête de l'agresseur devenu victime.
La fête avait commencé.

Le soir même, on lut sur la place publique la lettre reçue des mains d'une jeune femme dont on ne connaissait que le nom, la svelte silouhette et le regard. Les mots qui avaient redonné vie à la petite société avaient résonné partout dans la ville.




Bonjour, habitants de Sombrot.
Je me nomme Karlina Meryne, et je suis votre amie.
Votre civilisation m'intrigue. On m'avait dit qu'ici la paix régnait, et que les bons vivants ne manquaient pas. J'ai appris que la gentillesse vous qualifiait, mais je me rends compte que poussée à l'extrême, elle a bien failli vous mener à votre perte. Je suis votre amie, je le répète, ma présence ici est synonyme de renouveau.

Vous en aurez plusieurs preuves prochainement. Voici d'abord la première...

Karlina.

Ci-joint, la tête de votre présomptueux banquier.