Divers > Un énième projet de kaly.

Auteur : Kalyso
03/11/07 20h21 | 37 Galan 3726

La nuit était étonnement douce pour cette période de l’année.
Les glaciales étoiles éclairaient une scène des plus habituelles, jouée dans un vallon rocheux, au sud de Galactica.

Un groupe de voyageurs, eux pour le moins inhabituels, étaient assis sur une imposante pierre, dans un creux de laquelle brillait un feu qu’un œil averti devinerait magique.
Ils étaient trois. Un homme, deux femmes. Aucun d’entre eux ne s’était encombré de bagages. Aucun d’entre eux n’était accoutré pour partir à l’aventure.
Et pour cause. Ils étaient là. Simplement. Trois amis de longue date qui partageaient une soirée. En souvenir d’un temps passé, en prévision des jours futurs. Parfois leurs rires découpaient le morne silence de la nuit.

Levant les yeux au ciel, une des femmes but une gorgée à même une petite gourde et prit la parole.

Les étoiles me manquent.

Elle était jeune, vingt ans tout au plus. Pourtant, le timbre de sa voix était emprunt d’une pointe de sagesse que l’on trouve chez ces hommes et femmes qui ont du dépasser les limites que la nature leur a imposées. Les flammes caressèrent son visage d’une lumière émeraude, qui se refléta dans ses yeux gris. Son visage clair était encadré de longs cheveux qui se fondaient dans l’obscurité, renvoyant ça et là à la lune son éclat argenté.
Ses mains blanches jouèrent avec le flacon quelques minutes, avant de le tendre à la femme qui lui faisait face et parlait en riant.

Toi et ton romantisme…

Saisissant la bouteille qui lui était tendue elle y but longuement. Ses yeux félins irradiaient d’une malice enfantine et brillaient d’un éclat sanguin. Elle but de nouveau, laissant s’échapper le liquide de ses lèvres et couler jusque sa gorge. La robe saphir qu’elle portait s’alliait à la perfection à la couleur brune de son teint, aux nuances fauves de ses longues boucles, à son sourire provocateur et à la soif de vie qui se lisait sur son visage. Elle se pencha pour faire passer la bouteille par-dessus le feu, et une ceinture de fines clochettes ajouta son chant limpide aux crépitements des flammes. Elle passa une main sur sa poitrine à moitié découverte et lécha son doigt en gloussant.

Je pense que notre Kalyso est simplement nostalgique. Et qu’elle projette quelque chose.


C’est l’homme qui cette fois-ci avait parlé. Il inclina la gourde au dessus du sol et soupira en constatant qu’elle était vide. Alors il la saisit et la porta à son visage, comme pour l’observer. Quelques mots s’échappèrent de ses lèvres gonflées de l’orgueil des grands orateurs, et tandis qu’il murmurait, un clapotis bruit dans le récipient. Puis il prit un gobelet posé près de son genou et y versa quelques gorgées de la boisson, qu’il but avant de tendre la gourde fraîchement remplie à Kalyso.

Son visage anguleux était marqué de quelques cicatrices qui, au lieu de l’enlaidir, lui donnaient un charme mystérieux. Sous de longs cils presque féminins, bougeaient deux yeux durs qui semblaient ne laisser s’échapper aucun détail du tableau dont ils étaient le point de chute. Il souriait, sur de lui, et heureux de retrouver une compagnie d’antan. Le foyer, qui éclairait à tour de rôle chacun des personnages, mit en évidence le contraste que créait la présence de l’Aristocrate en ce lieu. Il était vêtu comme à son habitude d’un costume clair, soigné. Ses gants blancs semblaient ne jamais avoir été en contact avec quoi que ce soit tant ils étaient immaculés. La sombre cape qu’il avait repliée était posée à ses côtés, laissant voir un coin de l’ancien blason de son clan. Il était assis en tailleur, et observait les deux femmes, laissant doucement l’alcool gagner du terrain sur sa sobriété.

Le ris cristallin de Kalyso le tira de sa rêverie.

Allez vous faire voir, tous les deux, OK ? C’est peut être fou, mais ça peut marcher. Ne vous rappelez vous pas, de cette sensation, quand nous volions !

Tu parles, comment oublier ça !

La seconde femme replia une jambe contre elle, laissant voir sa cuisse nue. Kalyso ri de nouveau, portant le flacon à ses lèvres brillantes.

Traînée.

Hep Kaly, si tu retirais le balai qui t’obstrue le ….

Il est vrai que ces temps là étaient un délice.

L’homme avait coupé celle qui se faisait appeler l’Impératrice et s’appuya sur ses coudes, son éternel catogan effleurant presque la terre, le visage tourné vers le ciel. Et les regards des deux femmes se joignirent au sien.

Oui, il avait été un temps où ces trois là, accompagnés de leurs précieux alliés, naviguaient dans des extrémités inexplorées de l’espace, repoussant les limites, s’émerveillant de la beauté des paysages vierges, et cherchant à découvrir encore et toujours des choses nouvelles, pour que jamais leur intérêt pour l’existence ne se tarisse, pour que jamais leur vie ne soit vaincue par la lassitude. Côte à côte, ils avaient croisé le fer avec leurs ennemis. De la puissante Néon Génésis, aux moindres états souhaitant se mesurer à leurs flottes. Et lorsqu’ils étaient ensemble, rien ne leur semblait impossible. Ils étaient alors neuf, et s’aimaient comme une fratrie.

Pourtant, le Destin avait voulu qu’ils se séparent, et que chacun traverse ses propres épreuves. Et de l’Aristocrate, l’Impératrice, et la Dame de l’Assianta ne restaient que des ombres partageant mille souvenirs. Le hasard les avait fait se retrouver. Il avait effacé les années. Leur poids même s’était envolé des épaules de nos protagonistes, pour qu’ils se sentent comme les enfants qu’ils étaient alors. Qu’ils s’aiment de nouveau comme au premier jour, et qu’aucune gêne ne les étouffe dans leur volonté de se retrouver.

Tu es sûre que c’est ce que tu veux faire, Kalyso ?

Certaine.

Après tout, pourquoi ne pas reprendre notre vol.

Ouais, on était des tueurs.

Nous ne sommes plus que trois, Noj.

Et alors ? Cela nous empêche t-il de refaire le monde ?

Le ton sec de la Kalyso avait étonné les deux amis qui s’étaient subitement tournés vers elle. Elle baissa les yeux et posa la gourde, dessinant dans la poussière.

Bien sur qu’on ne les fera pas revenir. Ils étaient…tout. Je crois que je suis incapable d’aimer qui que ce soit comme je vous aimais tous, alors.
Pourtant… J’en ai assez de rouiller. Nojounette n’a pas tort. On était des tueurs. Vous vous rappelez de Xionyde ?

Ce que nous y avons fait était monstrueux.

Mais mérité.


Un silence suivit, où ils se perdirent dans leurs pensées, voguant entre l’envie et la crainte.

Nous ne sommes plus tout jeunes …

Parle pour toi mon vieux ! Je suis encore désirable, et si tu es devenu frigide, moi je peux encore bouger.

Oui mais toi tu n’es qu’une traînée.

Non, j’aime simplement la vie !

Donc ça veut dire que tu es avec moi ?


La jeune femme haussa les épaules, croisa les bras sous sa tête et s’allongea sur le sol. Ses deux compagnons rirent doucement en la regardant.

Nous veillerons les uns sur les autres.

Je le sais bien. Mais serons nous capable de recréer ce qui était ?

Nous pouvons au moins essayer… Et si nous lançons le truc et qu’il tient la route, et bien…

Mais que veux tu, au juste, Kalyso ?

Que l’image de notre bannière fasse trembler l’univers. Que le simple murmure de nos noms fasse frémir. Et surtout que nous soyons comme avant, une grande famille, unie, et qui n’a pas peur.

Tu es si effrayée.

Je me sens si petite.


Le souffle régulier de Noj fut le seul bruit qui rythma le combat que se livrèrent les regards de la Dame d’Assianta et de l’Aristocrate, quelques minutes durant. Et celui-ci enfin baissa les yeux.

D’accord Kaly. Tu as gagné. Je vous suis.

Et si les étoiles l’avaient pu, elles auraient applaudi l’Union qui venait de naître.
Entre ces trois êtres déracinés où chacun avait son but, sa vie, ses idées. Où d’aucun malgré les apparence ne souhaiter exister. Et cette nuit là pourtant, au-delà de leurs rêves, ils avaient retrouvé une raison de vivre.

Auteur : Aurel
06/11/07 02h51 | 40 Galan 3726

Aquablue au crépuscule. Magnifique spectacle que le reflet de la lune naissante sur les eaux grises. La plage était déserte, ils n'étaient que tous les deux. Delmeth était allongé, ses longs cheveux noirs dans le sable, les yeux mi-clos tournés vers le ciel. A ses pieds, une jeune femme, Adrya. Les yeux brillants, la respiration haletante, elle s'affairait à satisfaire son compagnon. Le sourire de Delmeth s'élargissait peu à peu.

Une sonnerie brisa le silence du soir. Adrya releva la tête, irritée, tandis que Delmeth extirpait son communicateur d'une des poches de sa veste.

Oui ?

...

Ah, Kalyso, j'étais justement en train de penser à toi.


D'un geste de la main, il fit signe à Adrya de le laisser. Celle-ci ramassa ses vêtements en silence et s'éloigna, pieds nus dans le sable froid.

Alors, Kaly, que puis-je pour toi ?

Le jeune homme écouta longuement, son sourire se crispant peu à peu. Finalement, ce fut un masque de froide colère qui s'imprima sur son visage.

Je trouve une telle demande plutôt osée de ta part... Après... Tout ça.

...

Peut-être, mais ça ne change rien à ce qui s'est passé. Et tu le sais.

...

J'ai d'autres projets. Et je me vois dans l'obligation de te rappeler que je ne suis plus le bienvenu là-bas...

...

Oui, si tu veux, j'y réfléchirai. Mais ne compte pas sur moi, tu as déjà ma réponse.




* * *



Plusieurs jours s'étaient écoulés. Les vieilles amitiés se renouaient. Des pactes étaient signés. Une nouvelle fois, le destin allait être modifié. Une nouvelle fois, le sang allait couler.

Bonjour, Kaly.

Delmeth.


Les deux anciens amis se firent face quelques instants. Les yeux gris clair de Kalyso fixés dans ceux plus sombre du jeune homme. Finalement, tous deux détournèrent le regard.

Je ne pensais plus te voir venir.

Et pourtant.

Viens, viens voir les autres. Ils seront heureux de te retrouver.

Tout comme moi, Kaly, tout comme moi...


Pourtant, la voix de Delmeth se faisait basse, ses yeux vagues. Il passa une main dans ses longs cheveux sombres, réajusta son manteau noir, et suivit les pas de la dirigeante de l'Assianta.

Une nouvelle fois, ils allaient combattre ensemble. Delmeth espérait simplement qu'il trouverait les réponses qu'il venait chercher. Et que tout ceci se terminerait différemment de la dernière fois...







Dans une autre dimension...


Bunker des développeurs de C2G. Deux heures du matin. La pénombre règnait, seules les lueurs blafardes des écrans éclairaient les visages fatigués de Antoine, Alex et Aurel. A leurs côtés, des thermos de café à moitié vides. Depuis des mois, ils travaillaient avec acharnement. La version 3 avançait, peu à peu...

Alors, Alex, ça donne quoi ces tests de persistances ?

Je suis toujours sur le code de la classe Flotte de test, avec toutes les inscriptions à valider ça n'avance pas très vite.

Ok, prends ton temps. Aurel, le code de la v3 en est où ?

Le module du budget est pratiquement terminé, là je suis sur l'algo génétique qui gère l'évolution de la pop. J'ai commité tout ça, tu pourras jeter un coup d'oeil.

Je ferai ça dès que j'aurai le temps, pour l'instant je mets à jour php sur le dédié, tu sais, pour rajouter le support des sockets comme tu...


Antoine s'interrompit, les sourcils froncés. Il venait de remarquer une petite anomalie dans les accès au serveur... Avec calme et dextérité, il entreprit d'élucider ce mystère.

Aurel, on va avoir un problème... Quelqu'un est en train de modifier la source de c2g.

Ah ?...
demanda l'administrateur d'une voix distraite.

Cinq scripts modifiés, alors qu'aucune mise à jour n'était planifiée. Je suis en train de les parcourir pour voir ce qui a été changé.

Oh, pas la peine, ce n'est sans doute rien...

Mhh... On va voir ça
, murmura Antoine, un pli soucieux lui barrant le front.

Pendant quelques minutes, le silence retomba, seulement troublé par les bruits de clavier.

Aurel... On va vraiment avoir un problème.

Qu'est-ce qui se passe ?

Un des joueurs a piraté la source de c2g. Il a boosté toute son alliance... Je suis en train de tracer son ip, on va bientôt savoir qui a fait ça.


Quelques commandes plus tard, le résultat s'afficha sur l'écran d'Antoine. Celui-ci resta quelques secondes figé, sans comprendre. Puis, il se retourna lentement vers le webmaster.

Aurel...

Désolé, Antoine, tu ne me laisses pas le choix.


Aurel pointait une arme vers le visage de son administrateur. Il n'avait pas du tout l'air de plaisanter.

Antoine, Alex, je suis désolé d'avoir à en arriver là. Si vous restez calmes et que vous obéissez, il ne vous sera fait aucun mal. Je prends le contrôle de Galactica, mouah ah ah ah ah ah ah !

Heu... Aurel... Tu es déjà l'admi...

Silence, petit vermisseau ! Tu vas coder, et plus vite que ça, et si l'un de vous s'avise de se dresser contre moi et l'alliance de ma Maîtresse, vous allez tous périr dans d'atroces souffrances, et après vous serez privés d'ordi, bouah ah ah ah ah ah ah !


Un vent de terreur s'était levé dans le bunker des développeurs de c2g... Comment tout cela allait-il finir ?

Auteur : Duanration
06/11/07 16h03 | 40 Galan 3726

Von Helmut se délectait devant la retranscription 3D de la plus fameuse des émissions Duanratienne. Il en était le créateur et n'en était pas peu fier. Le principe était simple, on prenait des hommes et des femmes qualifiés d'inutiles (Personnes âgés, handicapés physiques ou mentaux, personnes de couleurs peu communes ou de religion différente, immigrants, etc...) puis on les torturait et on les tuait en direct. Les méthodes utilisées étaient fines et recherchés parfois, plus sauvages d’autres fois, souvent originales certes, mais les grand classiques restaient.
L'émission en était à la fin de sa première heure, et entamait l'un des moments favoris d'Helmut : Le "Qui crie souffre". Dix inutiles, nus, étaient accrochés sur des tables indépendantes les unes des autres, ils étaient torturés selon des étapes bien précises, chacun leurs tours, à chaque étape, celui qui avait crié le moins était directement décapité, pour les autres le cauchemar continuait, dans l’ordre : On arrachait les dents une à une, on brisait les genoux et les coudes, on « épluchait »la quasi-totalité de leurs corps , on découpait doucement leurs mains, puis l’on s’attaquait aux pieds. Après cette cinquième étape, l’on s’assurait que les 5 rescapés pourraient survivre jusqu'à la fin. Puis le doux rituel reprenait son cours, alors on tailladait le corps, on les trempait dans une marre d’acide, on crevait les yeux, on donnait 20 coups de fouets sur les corps pelés et brulés. Et le public avait son survivant. Etant donné qu’il était désormais inutilisable, des pierres étaient distribuées aux spectateurs et le survivant était lapidé.
Von Helmut était excité, il ne restait que 3 survivants… Lorsque l’émission s’arrêta. A la place, cette femme…


Kalyso… L’œil borgne d’Helmut vibrait de nervosité.

La situation fut rapidement expliqué au dictateur, il ne lui plaisait guerre de prendre autant de risque, inspirer crainte et douleur dans son pays était une passion qui jusqu’ici l’avait parfaitement épanoui.


Je crains hélas ne pas pouvoir refuser une requête qui vient de toi. Je te dois ma vie d’aujourd’hui, alors je la remets entre tes mains. Et puis, ma supériorité doit etre mise en évidence, je suis l’être parfait et ultime qui doit s’imposer en modèle à notre monde, la fin de la déjection humaine doit sonner.

En disant cela il arrachait délicatement la tête d’une souris de son emplacement naturelle, âpres quoi il s‘aspergea du sang du cadavre, encore chaud et vibrant d’une vie qui s’éteignait, il en bu une partie et s'assuya le visage.

Silencieuse, la jeune femme se tue. Frustré qu’il ne lui soit pas donné raison de la supériorité qu’il tentait de se convaincre d’avoir Von Helmut coupa court à la discution.


Je suis avec toi. Par le passé, aujourd’hui, et pour toujours.

L’image de Kalyso disparu de l’écran, pour être remplacée par une chose qui ressemblait à un vieux sac mal tanné. Le corps du survivant, si il peut être appelé ainsi, était méconnaissable et Von Helmut n’arrivait pas à voir auxquels des trois candidats qu’il avait vu avant l’interruption de Kalyso appartenait ce reste cadavérique.

SECRETAIRE !!!!

Un instant plus tard l’homme se tenait devant le dictateur. Von Helmut ne faisait qu'1m70, son secrétaire faisait aisément une tête de plus. C’est pourquoi le maitre de la Duanratie attrapa rapidement un sabre qui décorait la pièce (Sabre Aquablusien de quelques milliers d’années, une pièce rare fait mains, cout à l'unité : 1000 crédits, vendu dans son emballage garanti 100% cuir de bouc) et équilibra leurs deux tailles. Après que la tête du malheureux eut volée pour s’écraser contre le mur, pris d’une terrible pulsion colérique incontrôlable, Von Helmut s’acharna sur le cadavre de son secrétaire jusqu'à ce qu’il ne soit qu’une marre de sang puante et dégoulinante jonchée de quelques morceaux d’os tel un puzzle eparpillé dans une marre de boue rouge.
Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il releva la tête d'un air sobre et distingué, passa un revers de main sur son uniforme ensanglanté, de la même façon que l’on retire quelques grains de poussières, puis demanda que l’on trouve un autre secrétaire, le dernier n’était pas apte à être maintenu dans ses fonctions. Il fit ca tout en se servant un verre de vin Galacticain qu'il bu avec delectation, sur un fond de musique classique.
Il ne fut posé aucune question. Von Helmut était le maitre. Adoré de son peuple et de ses hommes. Ou c’était au moins ce que l’on était obligé de penser en Duanratie.

Auteur : Tobyass
09/11/07 19h26 | 43 Galan 3726

Ridicule.

C'était souvent le premier mot qui traversait l'esprit quand on se retrouvait devant ce Manoir d’aspect crasseux, quel que soit l'angle, dans la mesure où l'on avait déjà dépassé les petites grilles dépeintes et ornées de poissons métalliques aux couleurs défraîchies. En fait, il y avait même la possibilité de pénétrer ici sans forcément devoir passer par ces dernières, les rendant donc plutôt inutiles.

La cour d'entrée.

Parsemée de gravier et de terre rouge, s'alignaient en son centre de simples dalles de béton usées au point d'en laisser voir les profonds dégâts du temps dans chacune des craquelures. Celles-ci serpentant aisément en séparant les éléments, voyaient s'étendre en leur sein plusieurs touffes d'herbes montrant que la nature était forte maîtresse indétrônable à long terme.

L'intérieur.

En parcourant le Hall et les premières pièces, venaient alors les mots " Impeccable de propreté ". Il s'avérait en effet que le moindre chat n'avait pu investir ne serait-ce que le plus petit coin pour y vivre sa vie absurde de chat.

La poussière rejetée comme par un bannissement à vie avec un acharnement continue, la guerre contre la saleté intérieure semblait avoir été déclarée tandis que l'extérieur souffrait d'un contraste saisissant.

Le couloir du fond.

Long. Très long était celui-ci alors que selon la direction que l'on pourrait prendre, il apparaissait vite un choix à faire entre la lumière et l'obscurité.

A droite, l'éclairage s'amenuisait nettement. A plusieurs dizaines de mètres de l’intersection, la crasse refaisait surfasse, s'imposant de plus belle en provocant le dégoût de par ses apparences visqueuses. Il y avait d'immondes, épaisses et grandes marques de sang, et divers endroits montraient également un stade très avancé de rouille ponctué d'un mélange de pourriture et de moisissures.

Si l'on tendait l'oreille, l'on entendait alors plus loin s'abattre dans le vide un lourd objet fait d'acier. Fendant l'air à plusieurs reprises avec force, de petits grognements accompagnaient le bruit du mouvement et lui donnaient un caractère irrité.

A gauche, le couloir aux murs blancs sans aucune tâche continuait comme si de rien n'était. Des portes en bois cirées, presque toutes entrouvertes, étaient implantées ici et là et défilaient de manière constante. Allant ainsi au bout, le passage débouchait sur un large balcon entouré d'une solide rambarde grise. Contre celle-ci, un homme et une femme s'appuyaient de tout leur poids. Les mains de l'homme jointes et son corps tourné vers l'extérieur, celles de la femme à chacun de ses côtés, le corps vers l'intérieur.

Eux.


- Qu’est-ce qu’on fiche ici Tobyass ?

Avait prononcé la jeune femme d’un ton las, le regard droit sur le couloir. Habillée d’une jupe noire par dessus un pantalon de cuir tout aussi sombre, ses bras menus enveloppés de tissu pourpre dépassaient d’un haut noir sans manches. Ses longs cheveux bruns détachés lui arrivaient au milieu du dos et des mèches blondes encadraient un visage doux, jurant contre la lueur froide habitant ses yeux verts.

- On s’occupe...

Répondit Tobyass, l’air un peu ailleurs, un rictus figé au coin des lèvres en observant la minuscule cour adjacente tout aussi dépourvue de soin que l’autre.

Les épaules plutôt larges mais sans plus, il portait un costume trois pièces de grande qualité sous une longue veste s’étendant jusqu’au ras des genoux. Sa chevelure ni vraiment courte, ni vraiment longue, avait la couleur des nuages en temps de paix. Il était jeune, entre trente et trente cinq ans, seulement il appréciait de s’afficher ainsi car il s’imaginait que cela en rajoutait à sa prestance naturelle.


- Moi je m’ennuie...

Reprit la jeune femme avant de continuer.

- A quoi ça va te servir de diriger un état ? T’as jamais eu besoin de ça pour te débrouiller, même si tu ne sais pas te battre. Depuis quand tu aimes ça d’ailleurs ?

Tobyass prit une profonde inspiration avant de souffler plus fortement que d’habitude.

- Je ne t’oblige pas à m’accompagner Ambroise. Puis j’ai des choses à faire, des personnes à voir, des plans à échafauder, des coups tordus à préparer. Etre à la tête d’un état ce n’est pas qu’avoir du pouvoir, c’est aussi avoir l’opportunité d’aller bien plus rapidement dans les actions, à une échelle plus importante qui plus est.

- D’accord...

Fit Ambroise en levant les yeux en l’air. Elle secoua la tête tout en se parlant à voix basse, comme si elle l’insultait secrètement, et lui dégaina un sourire.

- Je te suis, quels que soient tes projets fous. Mais pour ça, faut-il vraiment que nous habitions ici?

Elle jeta de nouveau un coup d’œil au couloir avant de poursuivre.

- Et... Surtout avec... L’autre là... Vraiment, pourquoi avoir choisi cette baraque ?

Tobyass eut à son tour un sourire.

- Shaka nous sera utile, c’est un bon guerrier et il saura mener nos hommes. Pour ce Manoir, aucun de ceux que l’on connaît ne pensera à venir me trouver ici, et c’est tant mieux.

- Je vois, toujours aussi trouillard et parano.

- Oui, toujours aussi prudent.


Plusieurs minutes s’écoulèrent, jusqu’à ce que Tobyass sorte de sa rêverie. Après avoir regardé sa montre, il fit alors un signe bienveillant à Ambroise et tâcha de retourner à l’intérieur.

- Tu vas la voir... Elle, n’est-ce pas ?

Demanda Ambroise, loin d’être amusée par cette perspective. Tobyass s’arrêta mais ne se retourna pas. Baissant la tête et toisant le sol, il parut réfléchir à ce qu’il pourrait répondre.

- Kalyso ? Il le faut. Je crois bien que pour une fois, j’ai envie de m’investir. Faire de mon mieux, des efforts même. Nous allons en être, Ambroise. Nous allons en être...

Tobyass reprit sa marche et disparut au premier croisement, pendant que la jeune femme s’était retournée pour contempler la cour. Elle fit une grimace de dégoût et souffla fortement, tout comme son compagnon l’avait fait quelques minutes auparavant.

- Quel taudis...