Divers > Parcelle d'espoir

Auteur : Kossnei
16/12/07 12h32 | 5 Aquan 3726

Petit poste de police galactique du coin, le vieux bâtiment grisâtre marque l'entrée du quartier sud de Ryzhof, mégalopole surpuissante, et qui, comme toutes les mégalopoles, comporte des quartiers à l’odeur de béton, au goût de misère, aux allures de spectre, et dans lesquels l’insécurité est devenue le maître mot de soixante-quinze pour cent de la population.
Peu fréquentés, les alentours font peur, et le peu de personnes se rendant sur les lieux le font incognito, de peur d'être reconnu et de perdre toute dignité. Dans ces bas-fonds croupissent les marginaux, fourmillent les criminels et les gangs, et persévèrent les malheureux membres de la police.
Ce ne sont pas tant les conditions terribles dans lesquelles ils travaillent qui affectent ces hommes de loi que le nombre de personnes avec lesquels ils peuvent dialoguer pour éponger leur peine. Ils ne sont qu'une dizaine à lire des dossiers miteux assis à leur bureau branlant pendant des heures, et pourtant, ils parviennent encore à jouer un rôle suffisant voire satisfaisant. Leur morceau de béton est toujours là, ultime rempart contre la criminalité montante.
L’inspecteur Ivan Remmin, chargé des enquêtes sur les délits mineurs, est le chef de cette bande de courageux policiers galacticains en décrépitude. Âgé d’une quarantaine d’années, il a étudié longuement dans le but de devenir procureur, pour au final se retrouver dans ce véritable radeau de la méduse. Il n’en reste pas moins un meneur d’hommes exemplaire et a su le démontrer au cours des derniers mois.
En effet, il est logique qu’un tel regroupement de l’état en gêne quelques-uns, c’est pourquoi le poste est quotidiennement soumis à l’adversité, et ses hommes ont dû par de nombreuses fois avoir recours à la force pour maintenir l’ordre à ses alentours, et ce, toujours avec succès.

Lundi matin, reprise hebdomadaire du travail pour la moitié des membres de la police, l’autre moitié partant seulement en congé, sécurité oblige. Les lieux sont morbides, les visages graves, les yeux rougis. Encore une série de sept jours qui s’annoncent difficiles…


<<Hé Ivan, tu m’écoutes ?>>

L’inspecteur, assis à son bureau, releva la tête, épuisé. Il toisa le jeune homme d’un mètre soixante-quinze et vingt-huit ans qui l’observait d’un œil bleu et d’un regard surexcité. Inspecteur Eli Tamail, le seul ici qui partageait le rang d’Ivan, toujours aussi enjoué, quelle que soit la situation…
Et d’un air désabusé, Ivan répondit :


<<Qu’y a-t-il, gamin ?>>
<<Nous avons enfin une affaire intéressante, mon grand.>>


Il ouvrit de grands yeux, puis un tas de dossiers qu’Eli lui avait tendu. Vols en série, sans aucune preuve, et ce …
Ivan n’en crut pas ses yeux, il releva à nouveau la tête vers Eli, et celui-ci répondit sans attendre de questions.


<<Dans le quartier résidentiel sud-ouest, exactement.>>
<<Bordel, on va aller faire une enquête chez les riches ?>>
<<Et oui, malgré les mesures de sécurité incroyables qu’ont mis en œuvre les autorités locales, l’anguille se faufile, et un soir par semaine, commet un vol.>>
<<Et bien… voilà qui va nous dégourdir les jambes. Des indices ?>>
<<Depuis quand on doit tout t’apporter sur un plateau, grand con ?>>
<<Tu as raison, mais…>>


Il se retourna, observa les bureaux délabrés, les ampoules dont la moitié était grillée, les cartons humides renfermant des dossiers à l’odeur infecte, le lino troué qui servait de sol, les portes aux vitres cassées, les chauffages qui n’avaient plus qu’un rôle de décor, les fenêtres…

<<Mais quoi ?>>

L’inspecteur Tamail l’avait sortit de sa torpeur.

<<Aura-t-on une quelconque gratitude de la mairie voire même de l’état pour ce que l’on va faire ? Et puis après tout, c’est bientôt les congés de deux semaines pour nous…>>
<<T’es qui, toi ?>>
<<Hein ? Bah Iv…>>


Eli avait un grand sourire figé.

<<Sale môme…mais tu as raison.>>

Et il se leva énergiquement, manquant de renverser son bureau. Tout le monde – c’était peu dire – le regardait, à présent.

<<Messieurs…et mademoiselle – ajouta-t-il en observant Sofia, l’étincelle de vie dans les lieux austères –. Nous avons du pain sur la planche !>>

Et c’est ainsi que les bureaux furent rangés, les autres affaires mises en stand-by, les voitures sorties du garage, les tours de veilles mis en place, que beaucoup partirent chez eux le cœur léger, et que ceux qui restaient avivaient le feu allumé en eux par deux hommes, Remmin et Tamail.
Cette semaine, avant que la moitié de la police parte en congés, ils auraient attrapé le fauteur de troubles, et ils auraient gagné la reconnaissance de tous.

Auteur : hell
16/12/07 16h16 | 5 Aquan 3726

Dans la voiture, pendant le trajet :

<<Tu as l’air préoccupé Ivan…>>
<<Hein ? Non, ce n’est rien ! Occupe toi de conduire.>>
Décidément, j’te comprendrais jamais… T’es vraiment lunatique…>>
<<Je t’ais dis de t’occuper de la route !>>
<<Ok, ok, pas la peine de t’énerver.>>


La voiture filait à vive allure dans les rues sombres de la ville. Il faisait encore jour et pourtant il n’y avait presque pas de lumière, comme si elle était toute absorbée par ces immenses bâtiments délabrés, la saleté omniprésente et le vice que traînait dans ces rues. Les couleurs semblaient même ne pas exister. Les tons variaient du blanc au noir, passant par le gris… Mais même le blanc était rare… Quelques lueurs colorées étaient visibles par-ci ou par-là à cause de l’atmosphère qui jouait avec la lumière du soleil et dérivait quelques rayons rouges orangés sur les façades des bâtiments les plus hauts.
Dans le véhicule, un téléphone sonna…


<<Allo ?>>
<<C’est moi… on a un petit soucis…>>
<<Rappelle plus tard ma chérie, je ne peux pas te parler maintenant, je suis en intervention !>>
<<Justement…>>
<<J’ai dis plus tard. Je te rappellerai !>>
<<Très bien, j’attends votre appel.>>
<<Un problème avec ta femme ?>>
<<Nan aucun. Fais attention, on prend la prochaine à droite et dans 2 km on y est.>>
<<Ok, c’est parti.>>


Le décor changea brusquement après avoir passé le pont sur la VolgOb. Cette « frontière » naturelle séparait les bas quartiers des secteurs huppés. Les immeubles délabrés furent remplacés par de belles maisons individuelles, puis, en s’enfonçant de plus en plus dans cette région de la ville, ils aperçurent les immenses villa de la haute bourgeoisie de la ville. Certaines auraient même pu être comparées à de petits châteaux.

<<Pffff, toute cette bourgeoisie… Ca me débecte.>>
<<T’es pas le seul…>>
<<Tiens, c’est la, gare toi et allons jeter un œil. Ah, et… je vais rappeler ma femme, ça avait l’air urgent.>>
<<Pas de soucis, prend ton temps, je vais commencer à repérer les lieux.>>


Eli se dirigea vers le lieu où le vol avait été commis pendant que Ivan attrapa son téléphone et composa un numéro.

<<Allo>>
<<C’est moi ! Qu’y a-t-il ?>>
<<Et bien… Max a merdé…>>
<<Comment ça ?>>
<<Disons qu’il a laissé « traîner ses affaires » là où il ne fallait pas…>>
<<QUOI ?!>>
<<Oui, je sais…>>
<<Et c’est encore moi qui vais devoir rattraper vos conneries…>>
<<Désolé…>>
<<Je vais voir ce que je peux faire, mais si ça tourne mal, tu sais quoi faire ?>>
<<Je suis vraiment obligé ?>>
<<Tu veux que ça te retombe dessus à toi aussi ?>>
<<Non, très bien, je le ferai. J’attends votre coup de fil.>>


Ivan raccrocha brutalement et alla rejoindre ses collègues dans la maison. Il observa rapidement la porte d’entrée. Elle était intacte, aucun signe d’effraction. Les cambrioleurs n’étaient pas passés par ici. Il entra ensuite dans le hall d’entrée. Rien ne semblait avoir disparu, à part peut-être un ou deux tableaux dont on devinait la trace sur le papier qui était plus clair qu’ailleurs.

Un des enquêteurs lui indiqua la direction du salon. En entrant, Ivan vit immédiatement comment les malfrats étaient entrés… La cheminée, comme le père noël. De là, facile ensuite d’aller couper le système de sécurité et de sortir par la porte ou les fenêtres. Eli avait commencé à repérer les éventuels indices. Des pas dans la suie, des traces de doigt à plusieurs endroits, mais pas d’empreintes, ils portaient des gants. Rien d’autre ne semblait pouvoir servir d’indices à première vue…


<<Du travail propre on dirait.>>
<<Oui, rétorqua Eli à Ivan.>>
<<Nous avons tout de même des traces de pas et…>>
<<Toi, on voit que tu débutes…>>


Le jeune Vladimir ne savait plus où se mettre… Pourtant, il ne lui semblait pas avoir dit de bêtise…


<<Tu n’as pas l’air de te rendre compte de ce que tu viens de dire…>>
<<Euh… je ne sais pas…>>
<<Essaye de réfléchir, tu es encore en formation, c’est normal que tu fasses ce genre d’erreurs. Comment trouves tu une personne en particulier à partir d’une empreinte de chaussure ?>>
<<Et bien… je… je ne sais pas… Des centaines de personnes peuvent avoir ce genre de chaussures et… et…>>
<<Voila, tu as ta réponse. Ces empreintes peuvent éventuellement nous aider à la fin de l’enquête pour comparer avec divers suspects. Bien, maintenant, continuons de chercher, peut-être que l’un deux aura laissé « traîner ses affaires ». Quelles autres pièces ont été fouillées lors du vol ?>>
<<Le bureau du premier, là où se trouve le coffre.>>
<<Très bien, allons voir…>>