Divers > Fin des Contemplations et testaments

Auteur : Kossnei
02/01/08 16h37 | 22 Aquan 3726

Un homme m’a dit un jour : « Vis ta vie pour les autres et tu seras oublié, vis-la pour toi et tu deviendras un des plus grands. » Il avait sûrement tort... Mais à présent ses réflexions m’angoissent, mon pouls s’accélère et des sueurs froides m’envahissent, tout est froid, est-ce lié ? Cet homme est mort et pourtant nul ne l’a oublié, l’Empire auquel il a égoïstement donné son nom est et restera le garant de sa vie passée. Et quelle vie…

Quant à moi, je n’ai vécu que pour eux… mes platins, mes Croisés, mes Aurors. Tous, je les ai enviés à un moment ou à un autre, mais chacun, chacun d’entre eux j’ai aimé, chéri, et bien entendu respecté. De certains j’ai appris énormément, à d’autre j’ai inculqué dix fois plus. Homme méprisant et méprisable d’apparence, j’aurais tout de même su en aider certains... Jamais je ne serai assez reconnaissant pour ce qu’ils ont pu me dire et me faire. Chacun de leurs mots sonne bien creux à présent, et les images deviennent ternes. Sont-ce mes yeux qui déjà se voilent ? Je ne pense pas, je dois encore répondre à Endy, et puis...il est encore trop tôt, beaucoup trop t…


[Supposés derniers écrits de l’Empereur précurseur de l’âge d’Or, Kossnei]

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D’hystérie aride à calme humide, de « déserticain dans l’âme » à « sage retiré », l’évolution s’est imposée, implacable, dans sa réalisation comme dans ses effets. Petite sœur de l’absurde renouveau d’un conseiller dépassé par son temps et qui tâche de le rattraper, elle règne désormais sur les terres platines. Seul symbole de l’oubliée jeunesse platine, Aramis incarne la fougue que le grand Platin avait instauré dans ses plus hautes instances.
Mais qu’est-il donc, au fond ? Empereur symbolique, faux remplaçant d’un Kossnei fait d’ombres et de vent, de faiblesse et de peine, simple marionnette, dit-on.
Parmi le gouvernement, il existe des réticences, il existe de sombres acquiescements, mais guère de réelle collaboration. Seul va donc Aramis, suivi de son ténébreux conseiller, aux commandes d’une des forces les plus détestées de l’univers.
Tout se meurt sur les terres coincées entre le Mikanésia et le Nécrolia, ce couloir exigu menant à la forêt la plus vaste de Vertana, cet Empire Platin frappé d’une malheureuse malédiction.

Néanmoins, d’une main de maître l’Empire Platin se bat, et remonte la pente. Leur nouvel empereur parvient à reformer un état convenable, au prix de temps et d’hommes. Mais le résultat est là, il est désormais respecté et aimé, grâce aux enseignements de son conseiller.
Seulement voilà : le retour du Mikanésia est loin désormais. Le passage par le souvenir, la mort, la joie et l’amour, ce passage affaiblissant mais Ô combien plus renforçant n’est plus d’actualité. Les traits s’affaissent, le moral blesse, le physique cède sur la précieuse aide d’Aramis.

La mort l’emporte enfin sur l’acharné Kossnei.
Et l’œuvre d’une vie s’achève.

Le douloureux deuil d’un empire délaissé commence. Partout les pleurs, partout les cris. L’annonce faite par Ethel Trust et Aramis, diffusée dans tout l’état, foudroie les platins. La mort plane désormais comme si c’était la leur. Comme si Kossnei avait été leur père. Et pourtant, n’était-ce pas le cas ? N’était-il, ne serait-il pas toujours un homme incroyable dans leur esprit ? Celui qui les avait emmené plus loin que loin dans l’ambiguïté et la confusion mais aussi le prestige et la fierté ?

N’avait-il pas été le précurseur d’un nouvel empire ? D’une nouvelle civilisation ? N’avait-il pas transformé, à l’aide de son éternel ami Endymion, ces hommes de sang en homme de foi ?
Car les idéologies doucement s’étaient installées sur l’Empire Platin, et une seule voix les avait liées. Celle de la personne la plus respectable et respectée de tout le pays, à présent défunte.

Jamais, non jamais il ne serait oublié.


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<<Aramis, puis-je te parler ?>>

L’Empereur Platin leva les yeux, observa la personne qui lui avait susurré ces quelques mots d’une voix tremblante, et reconnut les grands yeux d’Ethel Trust, la diplomate. Pas une parole, il avait compris. Après tout, cela faisait quelques jours déjà qu’il l’attendait, cette nouvelle. Alors, les jambes tremblantes, mais la démarche assurée, comme elle se devait de l’être, il se leva, et suivit celle qui le détrônerait sûrement d’ici quelques minutes. Il ne lui en voulait point, car le respect qu’il nourrissait envers Kossnei était infini, et sa fidélité resterait inchangée. Son serment serait éternellement respecté, quel qu’en soit le prix.

<<C’est ici…>>

La pièce où tout serait enfin dévoilé. La pièce où se jouerait l’avenir platin. La porte était déjà ouverte, et Aramis se tenait devant.
A l’intérieur, des hommes et femmes qu’il connaissait bien, et même plus que cela. Leur groupe uni incarnait l’Empire qu’il dirigeait. Il y avait au premier plan Devar Shurak, toujours aussi désinvolte, autant dans sa tenue que dans son attitude, mais Ô combien précieux aux yeux de Kossnei. Il fallait lui parler comme à un grand politicien, car il en était un.
Derrière lui, reconnaissable même de dos, se tenait la base de la puissance platine, Julian Pirioca, lui qui avait comme bâti de ses mains la flotte offensive. A une table, le ministre du développement, qui avait tant apporté par ses dernières recherches, notamment sur la magie double tant convoitée en ces temps, était penché sur des papiers, le regard vide. Estalet ne savait définitivement plus où il en était.
Dans un coin de la pièce, en grande discussion, se tenaient Edagener – alias Darkness Cruiser – et Mustang, les deux officiers les plus réputés de l’état, bien devant le sombre Mana-Li IV. L’espoir d’un futur pour les flottes platines.

Tous levèrent la tête lorsque l’empereur passa la porte du bureau. Ils le saluèrent chaleureusement, avant qu’Ethel ne prenne à nouveau la parole, cette fois-ci très assurée.


<<Aramis, empereur platin, nous te laissons l’absolu privilège d’ouvrir cette enveloppe qui t’est adressée.>>

Il tendit la main, la diplomate lui passa un morceau de parchemin soigneusement cacheté à l’aide du sceau platin. L’émotion était à son paroxysme. Aramis décacheta fébrilement le testament, et le déplia. Avides, ses yeux parcoururent hâtivement la relique. Il ne savait si c’était ce qu’il convenait de faire, mais il entreprit de lire les mots que la main de Kossnei avait subtilement calligraphiés.

Aramis, pour l’Empire Platin, voici le testament de ton conseiller et cher ami.

J’ai longtemps vécu comme un idiot, écoutant les autres, aidant aveuglément, reprochant à tout va. Puis j’ai pris conscience de ma bêtise, et ai viré de l’autre côté. J’ai vécu des mois et des mois comme un ingrat, avant d’enfin trouver le juste équilibre. Tout cela, je le dois à la fière escorte qui m’entoura et me protégea durant toutes ces années. Je vous le dois, mes amis.
A présent, j’espère que vous saurez rester cois devant la misérable mais nécessaire répartition des pouvoirs, et que vous continuerez à vous aimer, comme je vous l’ai inculqué.

N’attendons pas plus longtemps, voilà ce qu’il advient de l’Empire désormais…

Aucun des platins présents dans la pièce n’aurait voulu entendre – ou voir pour le lecteur – s’achever les douces phrases de leur défunt ami. Avec un pincement au cœur, Aramis continua, comme Kossnei l’aurait désiré.

Commençons par notre politique interne. Ce sera bref : maintenir le régime existant, et en montrer les qualités. Je compte notamment sur toi, Lionel, pour continuer en ce sens. Les platins doivent pouvoir encore vivre heureux et fiers. Ils doivent pouvoir continuer à aimer leur mode de vie, et la foule doit encore pouvoir scander le nom de leur chef avec amour.
A présent, la politique externe. Soyez garants de la paix, abhorrez les inégalités dans les conflits, et ce, à tout prix. Qu’importe les moyens, du moment que la fin prime. Néanmoins, à cette condition : ne trahissez point nos vrais amis, jamais. Soyez courtois, gardez la tête haute, comme j’ai moi-même su le faire.
Continuez de privilégier la diplomatie, n’oubliez pas vos promesses envers les hommes de cœur.
Au niveau de l’économie, de l’éducation, et de la religion, laissez donc les platins d’une seule voix vous montrer la voie. Suivez-les, car ils vous suivront.

Voilà enfin le plus douloureux. Mon encre elle-même faiblit lorsque je parcoure mon brouillon. Mais cela est, comme je l’ai dit et répété, nécessaire.

Ainsi, au poste de ministre de l’économie, est maintenu Julian Pirioca.
Au poste de ministre du développement platin, est maintenu Lionel Estalet.
Au poste de chef second des armées, est maintenu Roy Mustang, et est promu comme son égal le désormais général Edagener.
Au poste de diplomate, est nommé Devar Shurak.
Au poste de grand conseiller platin, est nommé Aramis.
Enfin, au poste d’impératrice et chef suprême des armées platines, est promue Ethel Trust.

Continuez à vous battre. Pour nous, pour les Aurors, pour les Croisés, pour l’Aurore de cet univers. Aimez-vous, respectez mes dernières volontés, respectez-moi.
Je vous aime, tous.

Kossnei


Et tous, ils restèrent sans voix, comme il leur fut imposé. Et tous, ils se battraient toujours, pour préserver l’image de cet empereur, ce compagnon, cet ami qui les porta si loin.
Adieu, Kossnei.

Auteur : endymion
04/01/08 14h28 | 24 Aquan 3726

Finalement, rien n'a value l'idéal. Personne n'a pu compenser les vertes années d'une jeunesse qui s'est enfuie, enfouie, réduite au silence par les gémissements grisants, par les plaintes sifflantes des enfants morts trop jeunes, trop innocents, trop courageux...qui s'engouffre dans chaque coin de mon cerveau. Rien ni personne n'a su comprendre l'étendu des pouvoirs que confère l'éternité naissante. La grandeur de mon coeur, l'espace nue, simplement couvert d'un linceul de feuilles cachant à peine ses non dit.
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Aujourd'hui, la mort m'étreint de ses bras habiles. Je ne me débat pas, ce n'est pas la peine, j'ai décidé de cette mort. J'ai vécu avec en moi le désir de l'humanité, j'ai vécu sans vraiment connaitre l'idéalité, la réalité, la vérité. Aujourd'hui, je veux savoir, je traverserai l'immensité blafarde et je découvrirai la "terra incognito". Je prendrai le temps de voir où le monde va, je prendrai l'espoir en mon sein et j'alignerai les planètes sous le simple joug de mon regard.

Une balle en plein coeur et tout sera fini. Je ne serai plus rien, plus personne ne saura qui j'ai été, l'oublie sera mon linceul, la fange mon cercueil.

J'essuierai de mes larmes toute la boue et le sang qui me souillera. J'étalerai le destin sur mon corps éventré et de moi s'évaporera l'ivresse de mes pensées.

J'emporterai avec moi tout ce que j'ai voulu laisser car j'ai décidé de mourir et que de ma mort je veux qu'il ne reste rien, qu'un oublie, un souvenir égaré dans les tréfonds de quelques cerveaux élus.

Je mourrai quand bon me semblera, quand je serai prêt. Dans une heure, deux heures, avant demain. Ce soir, l'éclipse de soleil dans l'alignement des 5 planètes à 18h30 précise.

Le néant, voila ce qui a guidé mes pas dans cette marche troublée, dans cette vie chancelante.

Je n'ai pourtant jamais cessé d'aimer.

Des propos floues, toujours quelques pensées mal placées, des paroles inconvenantes, ce monde n'était pas fait pour moi.


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Lettre à son ami Kossnei:

Mon ami,

Ce soir, nous mourront tout deux, je vous tiendrai la main. Il sera l'heure pour nous de partir de l'autre côté. Un lieu qui ne nous fait plus peur.

Je suis encore bien jeune et vous bien vieux. Les larmes coulent sur ma joue et sèchent aussitôt.

Je sens tout mon moi qui trésaille à la pensée que vous allez disparaitre...j'ose vous accompagner dans cette aventure mortuaire, j'espère pour toujours vous retenir près de moi.

Mes larmes, comme mon sang, affleurent dans mon coeur.

Je vous aime de tout mon être et mon intellect vacillant ne suffit plus à analyser tout le monde qui nous entoure en plus de celui que je me suis créé. Je vois en l'avenir tellement de massacre que quitter aujourd'hui ce monde me semble une bonne solution, la seule et l'unique. Peut-être la plus lache mais c'est le moment, je le ressens comme jamais.

Je vous laisse aujourd'hui dans les décombres de mes pensées. Les mots ne suffisent plus à décrire mes maux. Maladie des cerveaux, l'écriture...


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Cette lettre non signé fut la plus récente que l'on retrouva dans les archives.

Auteur : endymion
04/01/08 18h38 | 24 Aquan 3726

Amour, haine, poison de l'existence, à vous qui m'avez fourni toutes les armes pour mourir honteusement dans la souffrance éternel des pauvres aimants pleurants comme des lâches, des poltrons. Un abominable trait dans le cours de la vie, une honte qui ne me lachera plus jamais!

Je meurs à cette heure heureux de ne plus vous voir! Je ne veux plus vous entendre, vous voir! Crevure!! Allez tous périr dans vos interminables batailles! Mourrez aussi, comme moi, vous l'aurez cherché! Je meurs dans la souffrance! J'aurai tellement voulu vivre, raconter des histoires à mes enfants, mes petits enfants mais je n'aurai pas le temps par votre faute!!

Je ne veux plus de vos gémissements! J'abhorre toutes vos misérables existences, je vous hais tant et plus, tant que j'ai horreur de prononcer vos noms! Je vous déteste!!!

Veuillez s'il vous plait satisfaire à vos pleurs avant que j'ouïsse une nouvelle fois ces longues jérémiades, ces incessantes lueurs de désespoirs! Vous me rappelez tant ce que j'ai pu être que j'en meurs, je vous conchis!!

Soyez d'absurdes dictateurs ou d'infâmes démocrates, vous serez pour moi les mêmes! Tous vous serez d'insignifiantes défécations, des batards, enfants de putains, voyez en ces adieux, le signe de mon dévouement le plus certain!

Je me dévoue à vous détruire et à vous nuire!

Sur ce, je préfère mourir que de vous embrasser...

Endymion, celui dont vous ne vous souviendrez que comme l'odieux, l'infâme, la sous-merde!

Adieux peuple suffoquant, je vous conchie une nouvelle fois!