Divers > Fission
Auteur : Kalyso
07/08/06 01h19 | 33 Desertan 3724
Souvenir, elle nest plus que souvenir.
Perdue quelque part, loin de tout, derrière un voile, dans un abîme dont elle cherche désespérément à toucher le fond. Juste pour avoir un repère.
Elle ne vit plus que par ceux qui murmurent parfois son nom, nostalgiques ou endormis.
Elle vit dans les mémoires. Elle partage les souvenirs.
Ceux quelle affectionne tout particulièrement sont les plus anciens. Bien avant quelle ne soit devenue cette dame de marbre dont le nom avait su faire couler les larmes. Bien avant quelle nait été cette valeureuse guerrière au visage impassible. Bien avant quelle ne pleure tous les jours assez pour une vie. Avant même dêtre mère, avant même davoir rejeté son passé.
Alors quelle était « pure ». Non pure nest pas le mot qui convient. Elle était née impure et le destin lavait présentée à mille choix narrangeant guère les choses.
Non, pas pure. Simple. Tel est le mot. Oui, simple car ignorante. Naïve, croyante et confiante.
Elle était arrivée, comme ça, menée au hasard par ses sentiments ou autre chose. Elle avait rencontré des hommes et des femmes devenus depuis lors de précieux amis ou de redoutables ennemis. Elle aimait cette époque où chaque jour était Découverte. Elle en aimait les personnes. Elle se revoyait, prête à se battre pour ses idéaux. Quelle conne. Mais quelle conne heureuse.
Kalyso, du fond de sa triste prison, regarda par une fenêtre aux verres brisés, qui lui offrait depuis plusieurs mois déjà lobscure vision dun paysage quotidiennement changeant en apparence, mais si immuable en réalité.
Etait ce donc ça lenfer ? Elle sourit. Elle sy était établie de son propre chef.
Chaque jour était identique à tel point quelle réalisait chaque chose comme une chorégraphie. Lente, lasse. Elle était mariée, à un homme. A un Démon. Traverser le voile, suivre le Chapelier. Tout cela avait été un jeu. Elle avait connu labsurde monde démoniaque de lintérieur elle vivait en son cur. Ce monde qui était lopposé du sien. Où rien nétait rationnel. Elle lavait tante aimée au début, cette échappatoire à son oppressante existence. Puis elle sen était lassée.
Denfant elle était devenue femme. De femme elle était devenue informe souvenir.
Plus rien ne pouvait latteindre. Elle navait plus de dignité, plus dhonneur.
Ce matin là, elle se leva comme dhabitude, lesprit vagabondant dans ses souvenirs, les yeux dans le vague. Son regard épousa le paysage extérieur. Une plaine, vaste, sombre. Parsemée de mille fontaines rougeâtres. Des fontaines de lave.
Elle shabilla vite. Une robe gris pâle ferait laffaire.
La Dame soupira et se retourna. Le miroir lui offrit limage dun corps décharné, blessé. Son regard sétait éteint durant la nuit. Elle en avait perçu la veille lultime étincelle.
Sapprêtant à sortir pour errer comme à son habitude dans les interminables corridors couverts de tableaux représentant le monde quelle pensait réel son monde à elle, lunique contact quelle avait avec son ancienne vie, elle détourna les yeux vers la porte. Quelque chose retint son attention. Sur sa robe claire, une tâche sombre sur sein. Une grosse araignée glissait dans les pans de son vêtement. Voulant la chasser, elle passa une main lasse sur son corps aussi froid que la pierre.
Et cest à ce moment là que, oh miracle, elle le perçut. Son cur battait encore.
Mais merde. Quest ce quelle foutait là ? Elle sétait tant laissée aller, abandonnée au Destin. Et elle en avait assez payé le prix.
Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je toffre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prends moi. Je suis tienne.
Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je toffre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prend moi. Je suis tienne.
Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je toffre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prend moi. Je suis tienne.
Comme si elle entendait sa prière, laraignée sexécuta. Alors lobscurité se fit plus forte. Et le froid quelle pensait ne plus jamais percevoir engourdi Kalyso.
Mord moi. Déchire. Absorbe. Répand.
Shhhh
????
La chaleur ? Elle sentait la chaleur, et
. Une étrange odeur de pain chaud
. Oui et de tourte aux pommes !!
Voulant ouvrir les yeux, la jeune femme se heurta à un éclat qui lui semblait devenu insoutenable.
Cest trop tôt. Attends un peu.
Cette voix ! Elle la connaissait ! Elle pensait ne plus jamais pouvoir lentendre ! Ah que ce voyage dans sa mémoire ne sachève jamais
Doucement, elle se laissa bercer par les rayons caressant sa peau et sombra dans un sommeil profond.
Lorsquelle les ouvrit, ce nest pas sa triste et sombre chambre quelle découvrit. Non cétait une chambre denfant de toutes les couleurs. Dehors cétait le crépuscule.
Elle sapprocha dune fenêtre aux contours blancs. Posant sa main sur le carreau, elle se perdit dans la contemplation dun paysage quelle aima tout de suite. Une vaste pleine, interminable, couverte de mille fleurs.
Devant la maison, sur le perron, la silhouette dun homme. Il était de dos et portait en gestes réguliers une cigarette à sa bouche. Devant lui une femme brune courait, sautait, et faisait des roues.
Cette silhouette
. Cette voix
. Ces gestes, calmes, lents
non cétait impossible ! Mais pourtant ce nétait pas SON souvenir
Et elle sélança, manquant de tomber à quatre reprises. Elle dévala un escalier blanc, traversa une cuisine aux mille senteurs, et courut dehors, ses pieds nus frappant le sol de bois.
Elle se jeta à genoux et entoura la silhouette familière de ses bras tandis que des larmes de bonheur inondaient ses joues.
[HRP] Allez faire un tour
LA et
LA pour mieux comprendre ;) [ / HRP ]
Auteur : Namaj Vüenthal
08/08/06 01h40 | 34 Desertan 3724
Le soleil dardait à travers les feuilles du figuier. La chaleur brûlait
la peau comme le sable brûlant les pieds par une chaude
journée.
Une légère brise rafraîchissait cette peau et asséchait la
transpiration.
Le canon du revolver dans le gosier, il en faut des couilles pour
jouer à la roulette russe tous les matins, au réveil.
Et quand, par un semblable matin, l'unique balle sort du canon et
traverse le cerveau, tuant sur le coup la personne, la personne
tenant ce revolver se sent seul. Seul et infini. Infini et vide. Vide
et plein de sens.
Ne pas quitter le rêve, ne pas quitter l'autre réalité. La réalité
des rêves, des rêves enfantins, des rêves salaces, des rêves qui
donne une drôle d'impression le matin, cette impression de
bonheur, de coin de bonheur. Quitter, ne plus recommencer, ne
plus avoir la seconde sensation, celle qui suit le bonheur
éphémère, le vide qui nous prend, comme si on était mort, mort
dans le rêve.
Les bras l'étrangle. Il étouffe. Il va mourir. Il meurt. Il est déjà
mort. Il ressuscite. Du rêve ou de la réalité. Tout est flou. il y a un
voile, une brume qui sépare la réalité à l'autre réalité.
Il faut du temps pour le savoir, savoir si on rêve ou non, si cette
impression de déjà-vu n'est pas une récidive de l'acte d'une
réalité dans l'autre.
La chemise était trempée de sueur. La sueur coulait sur son dos,
sur son front, sur ses oreilles.
Les grillons se mirent à se taire. L'homme se leva, troublé par ce
silence.
Il eut une pensée pour la femme faisant une roue.
ll respira l'air chargée des éfluves des champs de lavande.
Un autre parfum vînt se superposer à celui des fleurs mauves.
L'homme sentit une femme venir. Elle voulait qu'ils s'étreignent. Il
sentait la volonté d'un contact et de fusion de sentiments.
Rien, le vide, le néant. Boire une gorgée d'eau pour se remettre
les idées en place, respirer profondément, lentement, sentir l'air
monter dans les sinus puis dans la gorge et enfin dans les
poumons. Recracher cette air impure, imparfaite dans
l'atmosphère.
Un âne brait. L'homme bougea la tête, comme un tic, un
mouvement vif, sec, petit, minuscule, comme si une mouche
venait de se poser sur son oreille.
Elle. Mon rêve.
Moi. Mon frère.
Moi. Keyrato.
« Où suis-je ? »
Auteur : Kalyso
08/08/06 18h05 | 35 Desertan 3724
Cétait bien lui, oui.
Elle le surnommait « clef ». Pourquoi ? Elle ne lavait jamais réellement su, elle était mue par linspiration dune autre vie. Car oui, chacun a plusieurs vies. Elle le savait, maintenant quelle avait vécu de lautre côté du voile. Elle frissonna ; y était elle encore, de lautre côté ?
Non. Ce nétait pas comme ses rêves. Celui-ci semblait « réel ».
Le serrant plus fort contre elle, elle murmura à son oreille.
Clef.
Non. Quelque chose clochait. Lhomme ne réagissait pas. Il continuait de bouger sa main, tenant la cigarette. Kalyso le fit pivoter et poussa un petit cri de surprise. Il navait pas de visage.
Non. Non cest impossible.
Elle seffondre, physiquement, moralement. Elle y avait cru.
Ses yeux fermés anticipent déjà la sombre chambre quelle découvrira à son réveil.
Où suis-je ?
Cette voix !!
Leurs yeux se rencontrèrent enfin. Par quelle magie était ce possible ? Comment sétait ils retrouvés ici ? Comment avaient ils réussis, alors quils étaient tous deux bien au-delà de la vie, mais bien avant la mort aussi ? Avaient ils tous deux effleuré le même souvenir ? Avaient ils songé la même chose ? Peu importait. Le résultat était là.
[HRP : Pardon Clef, cest vraiment trop court, mais je fais ça en douze cinq (expression de mon invention ^^) Je me rattrape au prochain /HRP]
Auteur : Namaj Vüenthal
09/08/06 00h53 | 35 Desertan 3724
Le ciel est d'une étrange couleur cette après-midi. Deux nuages ronds et noirs en plein milieu de la vaste mer bleue. Pourquoi viennent-ils troubler les ombres rasantes ? Pourquoi le vent sent dorénavant la peau d'une femme ? Pourquoi mes songes sont troublés ?
Immobilité maximale. Pas un cil ne bougeait. Il ne respirait pas. Il était comme un apnéiste avant sa plongée, il était comme un moine essayant d'atteindre l'illumination.
Il ne faisait pas attention à sa respiration. A certains moments, il la bloquait inconsciemment. Son torse ne bougeait pas même quand il inspirait et quand il expirait ce parfum.
Parfum de jeunesse
Fleur de printemps
Océan de caresse
Litanie et gémissements.
Il l'avait aimée. Il n'avait jamais rien dit de ça, il ne lui avait jamais rien dit. Il ne s'était pas permis de le dire, il ne se le permettait pas.
Les oiseaux s'envolèrent comme un embrin sur une digue, effrayés par la femme.
« Que veut-elle ? »
Auteur : Ash
09/08/06 19h38 | 36 Desertan 3724
Le noir. Le Néant absolu.
Tellement longtemps sans lumiere... Tant de temps passé dans cette noirceur absolue, sans horizon, ni haut, ni bas, ni avant, ni arriere.
" Depuis combien de temps suis-je ici ? Mille ans ? une seconde ?
Le temps veut-il encore dire quelque chose... "
Il se demande ce qu'il fait la. Il veut remonter, mais si ce n'était pas finit ? S'il remontait trop tot, cette indicible souffrance aurait été vaine ?
... Plus tard ...
" Et maintenant ? Combien ? J'attends... Je ne sais plus ou il est. D'ailleurs, son visage m'échappe... Oldwë ! "
... Encore plus tard ...
Immobile depuis déja longtemps, il " bouge ".
C'est beaucoup dire, parce qu'il n'a plus de corps. Son corps, cela fait longtemps qu'il est englouti, rongé, réabsorbé, réintegré... Mais son esprit, toujours entier, s'anime.
" Qu'est-ce que je fais la ? Pourquoi être ici ?
Je ne me rappelle plus de rien... Aaaah, bouger, penser, réflechir...
Trop douloureux. Attendons. "
Il attend. Il ne sait pas qauoi, il ne sait pas pourquoi, mais il ne s'en lasse plus. Un an est comme une journée, rien ne se passe, il ne pense pas.
Il pourrait attendre l'éternité ici...
" NOOON ! "
Non, il ne veut pas apparemment.
Il s'éveille, il bouge encore. Il endure une souffrance pire que l'enfer, cela fait si longtemps qu'il n'a pas pensé.
Il se rappelle pourquoi il est la. Qui il est.
Le Cataclysme.
La fusion.
Mais il faut remonter maintenant ! Cela fait déja bien trop longtemps qu'il reste sous terre, dans la terre, ne faisant qu'un avec sa planete.
Il essaie de se rappeler le rituel... Qu'était-ce déja ? Tracer des runes, oui... Mais avec quoi ?! Sans crayon, sans bras, sans existence matérielle...
" Est-ce que je suis perdu a jamais ?
Non... Je n'abandonne pas. Cet endroit n'est que mon imagination. Je suis imaginaire, puisque je ne suis qu'un esprit.
Le tout est de... réussir a... "
Le décor change. D'une immensité noire, vide et infinie, des couleurs semblent fleurir. Par taches. Des murs se matérialisent. Une maison, confortable, douillette. Tout est la.
Au dehors, un beau paysage vertanien.
" Bien... Mais impossible de me rappeler le rit... Hein ? AAAAAAAAAAAHHHH !!!! "
Un hurlement strident, alors que la maison s'effondre, le paysage au dehors semble chamboulé comme par d'immenses séismes... Tout s'écroule et converge en un point pour disparaitre finalement.
" Aïe... Ca fait mal... Depuis combien de temps n'avais-je pas eu mal ? "
Alors qu'il est perdu dans ses pensées, comme une odeur passe... Un parfum délicat. Une vague odeur de cigarette mêlée a celle d'une femme.
Il leve la tête, aussitôt.
" Qu'est-ce que... "
Tout un décor se met en place, beaucoup plus rapidement que la premiere fois.
" Qui... Comment ?? Ce n'est pas moi qui... AAAAAAAAAAHHHH ! "
Encore un hurlement. Il tombe a genoux, la tête entre les mains.
Trop douloureux, de se souvenir. Petit a petit, il se calme. Il se leve.
" Bon... Pret pour explorer sa propre mémoire... "
Il avance dans un couloir. Il avance, avance, avance encore... Jusqu'a un escalier.
Marche par marche, il descend. Lentement. Longtemps qu'il n'a pas pris un escalier.
Il arrive dans une piece qui ressemble a l'entrée banale d'une maison banale.
Pas faim, pas soif. Il serre les poings...
" Puisqu'il faut le faire... "
Il fait un grand geste de la main en direction de la porte.
Rien ne se passe.
" Mais... Comment... C'est impossible ! "
Il ferme les yeux, se concentre...
" C'est bien mon rêve, pourtant ! "
En colere, contre il-ne-sait-pas-trop-quoi d'ailleurs, il s'avance, tourne la poignée... Donne un petit coup dessus... La porte s'ouvre.
Dehors, une rue. Une femme qui fait la roue. Et en face, sur le perron de la maison de l'autre coté de la rue...
Il tombe a genoux, lentement. Il prend sa tête entre ses mains.
On dirait qu'il pleure.
Il se redresse, son visage exprime a la fois une joie, une tristesse et une terreur infinies...
" Kaly... Key... Vous ? "
Auteur : Kalyso
09/08/06 20h52 | 36 Desertan 3724
Un simple geste de la main suffirait à tout balayer. Une simple déviation de leurs consciences les enverrait ailleurs.
Oui, elle avait compris maintenant. Depuis des mois déjà, elle errait, seule, dans ses souvenirs, ses rêves. Puis elle avait appris à visiter ceux des autres. Là où elle était alors, les règles ne correspondaient en rien à celles quelle avait connues toute sa vie. Elle était au-delà de toute existence vivante, sans toutefois avoir atteint la Mort et son mystère. Et elle errait, âme solitaire, dans les dédalles des subconscients qui lui étaient proches. Et elle nétait visiblement pas la seule.
Kaly...
Elle avait appris la mort de Keyrato, quelques mois plus tôt. Son désarroi avait été dissimulé par la haine quelle avait déversée dans une bataille pour son état. Une force nouvelle était née en elle, et elle sétait perdue dans un combat qui lavait menée à ce quelle fuyait depuis le début. Le Désespoir. Il avait fini par la recouvrir entièrement, impénétrable voile opaque où la jeune femme sétait perdue. Son échappatoire avait été la magie des voyages mentaux quelle réalisait toutes les nuits.
... Key
Le dernier sétait fait malgré elle. Elle avait été propulsée, sans sen rendre compte, dans un rêve. Il lui rappelait les songes dune âme proche, confiés un soir dété, pas si lointain que ça.
Cette âme proche, hasardeuse coïncidence ou volonté extérieure, sétait trouvée ici même.
Kalyso lavait retrouvé.
Jusquà maintenant, tout autour delle avait été brouillard impalpable, beau, certes, mais irréel. Seul Keyrato était lappui, immatériel, peut être, mais en dimensions. Elle pouvait sentir sa présence. Tous deux ils étaient pensées, mais pensées animées dune volonté, dune mémoire, et de la capacité de ressentir. Ce qui les entourait était constitué de leurs pensées à eux
... Vous ?
La brume environnante sembla frissonner, telle une surface liquide troublée un instant par la chute dune feuille.
La plaine sestompa, la jeune fille disparut avec elle.
Kalyso resta, un genou au sol, une main sur lépaule de Keyrato. Une obscurité les engloutit, les noyant dans des profondeurs noires. Un troisième cur se joignait à leur duo.
Très vite lObscurité se dissipa. Clignant des yeux, les deux comparses se découvrirent au centre dune clairière de Vertana éclairée par une lune blanche.
La jeune femme sauta sur ses pieds et se retourna vers le nouveau venu. La voix quelle pensait être le fruit de son imagination était donc réelle !
Est-ce bien vous ? Est-ce bien vous que jose imaginer à nos côtés ? Vous que jai connu aux temps jadis et qui mourûtes sans que je ne puisse vous découvrir réellement ? Vous qui étiez Son descendant. Le descendant du seul homme que jai jamais appelé mon Maître ?
O Dieux permettez moi de vivre encore un peu ce rêve où enfin mon esprit se lie à ceux que je perdis autrefois. Laissez moi le savourez encore, ou tuez moi immédiatement. Car si je quitte cet endroit sans réponse, jembrasserai la Mort.
Auteur : Namaj Vüenthal
11/08/06 17h34 | 38 Desertan 3724
Un cliquetis se fait entendre tout autour de moi.
On m'a dit que ce type cliquetis se produit quand il pleut. Si le son est assez sourd, c'est que la pluie tombe sur de l'herbe relativement haute.
Je ne sens pas l'eau me couler dessus. Je dois être sous un abri, peut-être un arbre. Un grand arbre peut-être.
Haut, grand. Qu'est ce que cela signifie ? On m'a aussi dit que j'étais grand, beau et svelte. Je ne comprend pas.
On m'a alors expliqué que grand ça veut dire une taille importante. Je n'ai pas compris le mot "taille".
On a tenté une autre explication : si, quand je me baigne, j'ai de l'eau jusqu'au cou, c'est que c'est profond donc qu'il y a une trop grande profondeur pour la plupart des gens.
J'ai compris. Si je ne peux pas toucher le bout d'un bâton de bois planté dans le sol, c'est qu'il est grand.
Il fait lourd et humide. Ca me colle à la peau. La sueur coule et trempe mes habits, blancs paraît-il.
Je crois qu'on essaye de me parler, on me touche. Je ne suis pas aveugle de naissance. Une balle m'a transpercé de part en part. Cependant au lieu que ma tête explose après que j'ai appuyé sur la détente, il n'y a eu plus que du vide. Un bordel de sons, de sensations toutes plus ou moins étranges et étrangères. Mais la balle a coupé un je-ne-sais-quoi qui m'a fait perdre un autre je-ne-sais-quoi et puis ce vide.
C'est couillon, on pense toujours qu'on contrôle tout, qu'on sait tout ce qu'y se passe autour de nous, ce qui interagit avec nous, mais une fois qu'on supprime un sens, les autres prennent de l'importance par rapport à ce manque et tout change.
Bordel, c'est quoi ce truc doux qui me frôle les jambes et cette chose qui me donne des frissons ?
« Eh ! Vous ! »
Auteur : Kalyso
16/08/06 01h25 | 42 Desertan 3724
Key ?
Est-ce que tu te rappelles, Key ?
Ouvre tes yeux !!
Est-ce que tu te rappelles de cette nuit là ?
Key
Moi, cest cette nuit là qui mest restée en mémoire.
Oh mon Dieu, on dirait quil ne respire plus !
Ce souvenir qui a le plus emprunt mon esprit.
Pourquoi me le rendre si cest pour le reprendre aussitôt ?
Là où tu as laissé ton parfum.
Est-ce que tu te rappelles, Key ?
Cette nuit là, nous étions tous les deux.
Cette nuit là je faisais mes adieux.
Je ris maintenant.
Je pensais ne plus revenir.
Key je ten prie, parle encore !
Cette nuit là je fus frappée.
Cest de ton bras pourtant que la vie me fut ôtée.
Paradoxe dailleurs
tu me vengeais, me pensant déjà morte
Parle ! Respire ! Bouge ! Je ten supplie !!
Hmmm je sens encore les odeurs.
Tu mas offert le repos
Warren ma ramenée.
Que devient il dailleurs, Warren ?
Je ne le vois quau travers des peintures changeantes qui ornent les murs de ma nouvelle, mon éternelle demeure. Est il toujours en guerre ?
Keyrato
Cétait un soir de printemps, nest ce pas ?
Les fleurs étaient si splendides.
Je crois que je suis un peu tombée amoureuse de toi cette nuit là.
Key je ten supplie !
Cest con à dire, mais jai du tous vous aimer au moins un instant.
Key
Vous me manquez tant
Lautre homme sapprocha doucement et posa une main délicate sur lépaule de la jeune femme. Kalyso, toujours à genoux, tentait de croiser le regard dun Keyrato hagard et perdu.
Perdus
Cest ce quils étaient, tous les trois, au beau milieu dun éphémère souvenir.
Cest ce moment là que choisit une silhouette vêtue de blanc pour entrer au centre de la clairière, et sagenouiller sur le sol tout en récitant des formules en elfique, une lourde épée dans la main.
Doux mais éphémère souvenir
Auteur : Namaj Vüenthal
19/08/06 22h59 | 46 Desertan 3724
Pourquoi lui parler ?
Gâchis de temps !
Observer l'autre, le comprendre.
Communiquer ainsi.
Mais je n'ouvre jamais la bouche dans mes rêves. Ce n'est pas moi, mais l'autre Keyrato, celui qui peut être beau, celui qui peut être imperceptible, celui qui peut être trilingue, celui qui bouge d'une pièce à l'autre sans le moindre effort, le Keyrato inconscient ou l'inconscience de Keyrato, un souvenir fugace, celui qui fuit le matin.
Guerre. La vie est une guerre paraît-il. il aut se battre pour vivre. Mais moi, je n'ai jamais rien demandé. Je n'ai jamais voulu apparaître dans un putain de merdier de merde. Les mouches, elles s'en foutent, elles aiment ça la merde, pour procréer entre autre. Je n'ai rien demandé. Je ne me bat pas pour vivre. Mon coeur battait, bat encore et battra encore.
Mon esprit, lui, est mort depuis longtemps, perdu dans ses pensées.
« Toi, Kalyso, qu'es-tu ? Le drapeau qu'on plante au sommet de la montagne, le drapeau qu'on plante sur l'endroit le plus haut de la place-forte ? »
Moi, je suis éphémère comme un milieu naturel, détruit par l'homme, je ne suis pas trois mais un souvenir, beau n'est que subjectivité.
Mort de rire, une épée, lourde en plus. Quelle stupidité !
S'attacher à des valeurs vertueusement morales.
Amis du passé au revoir. On oubli vite. Toi tu veux pas nous oublier. Tu te bats pour ça. Tu veux vivre avec nous, est-ce cela ?
D'accord. É bom ?
« Kalyso, je ne suis pas là, ni à côté, ni dans tes souvenirs. Je suis en Lusitania. »
Auteur : Kalyso
30/12/07 17h30 | 19 Aquan 3726
Le réveil fut brutal. Elle poussa un petit cri et se releva sur ses mains. Le flou sestompa vite et il ne resta rien de ses fantasmes quun arrière goût sucré. Elle était dans une chambre où lair tiède caressait sa peau nue. Tout était blanc. Les draps, le sol, la lumière. Et elle au milieu de tout ça était étrangement sombre. Sa peau dhabitude presque transparente était brune, et son corps se découpait dans le reflet du miroir, suspendu au fond de la pièce, à une cinquantaine de mètres delle. Ses yeux errèrent dun coin à lautre, et elle prit conscience de létendue vertigineuse de lendroit. Il ny avait dautre repère que ses mains tremblantes, et son reflet, quelque part au loin. Elle sentit un courant dair enrober ses seins, lécher son ventre et couler sur ses jambes, et baissant les yeux vit que le lit avait disparu. Elle était seule, nue, au milieu dune immense chambre immaculée, seule avec le vent, et le miroir.
Dhabitude, il faisait noir. Et elle ressortait dans sa froide pâleur tant lobscurité était profonde, et brûlante ; et si déchirante était sa glaciale présence au milieu du néant quelle parcourait avidement, en quête dun rien supplémentaire pour justifier à ses propres yeux son existence. Ici elle était noire et le reste si blanc glaçait ses contours. Cétait une allégorie de son existence, encore au stade de négatif.
Son cur se mit à battre, et le bruit empli la salle, faisant prendre à la silhouette conscience de loppressant silence qui jusqualors avait alourdit lendroit. Et elle ferma les yeux, pour mieux écouter cette preuve quelle était encore en vie. Pour mieux fuir cette idée à lavenir. Et alors que ses paupières se posaient doucement sur le gris de son iris, inchangé en cet univers corrompu, une touche de couleur fustigea sa vue un instant. Et elle sentit le choc de ses genoux sur le sol, et le contact glacé du sol sur ses paumes moites. Et il était là.
Fusion
Il écarta ses mains, rieur, sa bouche souvrant sur un boum silencieux
Fission !
et ses doigts sentrelacèrent aussi vite quils sétaient séparés.
Et les yeux de la silhouette se rouvrirent. Et léclat de la pièce ne laveugla.
Elle porta une main à son front et baissa la tête, tentant de chasser les images qui harassaient à présent son esprit par flashs incontrôlés. Elle lavait cherché.
STOP
Sa voix sétait perdue dans les battements de son cur. Elle nétait pas sortie de ses lèvres sèches, sa gorge était restée muette, elle laissait à peine passer lair. Malgré cela le son avait été entendu. Il avait résonné par delà les murs invisibles de la chambre. Il avait éteint laubier palpitant. Et plus rien. Tel sur une toile trempée de pluie, le blanc coula des murs. Il ny avait plus de teinte, rien, nada.
Elle baissa les yeux sur ses pieds. Ses orteils étaient recouverts dun liquide parfaitement albe, qui montait, mordant progressivement ses chevilles, puis ses mollets. Décolorant sa peau en négatif, refroidissant sa chaleur mensongère. Et comme sil avait pris son élan et courait dans sa direction, elle vit le miroir sapprocher delle à toute vitesse. Et il tourna, et tourna, et tourna si vite, quil ny eut rien dautre que cette matière en laquelle il était fait. Elle y flottait, redevenue elle-même, redevenue reflet, redevenue blanche, avec ses yeux si gris. Ses cheveux lhabillaient à présent, en tombant sur ses épaules, sa poitrine, ses hanches, et le sol. Elle était revenue dans ce néant incolore, et le miroir était toujours là, qui ne lui renvoyait plus rien.
Fusion
Fission
Fusion
Fission
Fu..
Les doigts se séparaient et sembrassaient et se quittaient de nouveau. Vite puis lentement. Et les lèvres riaient, muette, prononçant ces mots silencieux quelle entendait pourtant. Il était revenu. Il nétait jamais parti en fait ?
Dun doigt hésitant, elle alla à la rencontre de la surface réfléchissante où à son soulagement elle ne se rencontrait plus. Et sous sa caresse, elle y vit se creuser neuf lettres. Et elle entendit son rire cristallin déchirer de nouveau le silence, et son cur qui battait, encore plus vite que tantôt. Et elle promena cent fois son index dans le relief du miroir qui dessinait un mot quelle avait entendu, il y a bien longtemps, et qui valait aujourdhui toutes les cartes du monde.
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