Divers > Fission

Auteur : Kalyso
07/08/06 01h19 | 33 Desertan 3724

Souvenir, elle n’est plus que souvenir.

Perdue quelque part, loin de tout, derrière un voile, dans un abîme dont elle cherche désespérément à toucher le fond. Juste pour avoir un repère.
Elle ne vit plus que par ceux qui murmurent parfois son nom, nostalgiques ou endormis.
Elle vit dans les mémoires. Elle partage les souvenirs.

Ceux qu’elle affectionne tout particulièrement sont les plus anciens. Bien avant qu’elle ne soit devenue cette dame de marbre dont le nom avait su faire couler les larmes. Bien avant qu’elle n’ait été cette valeureuse guerrière au visage impassible. Bien avant qu’elle ne pleure tous les jours assez pour une vie. Avant même d’être mère, avant même d’avoir rejeté son passé.
Alors qu’elle était « pure ». Non pure n’est pas le mot qui convient. Elle était née impure et le destin l’avait présentée à mille choix n’arrangeant guère les choses.
Non, pas pure. Simple. Tel est le mot. Oui, simple car ignorante. Naïve, croyante et confiante.
Elle était arrivée, comme ça, menée au hasard par ses sentiments ou autre chose. Elle avait rencontré des hommes et des femmes devenus depuis lors de précieux amis ou de redoutables ennemis. Elle aimait cette époque où chaque jour était Découverte. Elle en aimait les personnes. Elle se revoyait, prête à se battre pour ses idéaux. Quelle conne. Mais quelle conne heureuse.

Kalyso, du fond de sa triste prison, regarda par une fenêtre aux verres brisés, qui lui offrait depuis plusieurs mois déjà l’obscure vision d’un paysage quotidiennement changeant en apparence, mais si immuable en réalité.
Etait ce donc ça l’enfer ? Elle sourit. Elle s’y était établie de son propre chef.
Chaque jour était identique à tel point qu’elle réalisait chaque chose comme une chorégraphie. Lente, lasse. Elle était mariée, à un homme. A un Démon. Traverser le voile, suivre le Chapelier. Tout cela avait été un jeu. Elle avait connu l’absurde monde démoniaque de l’intérieur – elle vivait en son cœur. Ce monde qui était l’opposé du sien. Où rien n’était rationnel. Elle l’avait tante aimée au début, cette échappatoire à son oppressante existence. Puis elle s’en était lassée.

D’enfant elle était devenue femme. De femme elle était devenue informe souvenir.
Plus rien ne pouvait l’atteindre. Elle n’avait plus de dignité, plus d’honneur.

Ce matin là, elle se leva comme d’habitude, l’esprit vagabondant dans ses souvenirs, les yeux dans le vague. Son regard épousa le paysage extérieur. Une plaine, vaste, sombre. Parsemée de mille fontaines rougeâtres. Des fontaines de lave.
Elle s’habilla vite. Une robe gris pâle ferait l’affaire.
La Dame soupira et se retourna. Le miroir lui offrit l’image d’un corps décharné, blessé. Son regard s’était éteint durant la nuit. Elle en avait perçu la veille l’ultime étincelle.
S’apprêtant à sortir pour errer comme à son habitude dans les interminables corridors couverts de tableaux représentant le monde qu’elle pensait réel – son monde à elle, l’unique contact qu’elle avait avec son ancienne vie, elle détourna les yeux vers la porte. Quelque chose retint son attention. Sur sa robe claire, une tâche sombre sur sein. Une grosse araignée glissait dans les pans de son vêtement. Voulant la chasser, elle passa une main lasse sur son corps aussi froid que la pierre.
Et c’est à ce moment là que, oh miracle, elle le perçut. Son cœur battait encore.

Mais merde. Qu’est ce qu’elle foutait là ? Elle s’était tant laissée aller, abandonnée au Destin. Et elle en avait assez payé le prix.

Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je t’offre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prends moi. Je suis tienne.

Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je t’offre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prend moi. Je suis tienne.

Pique moi. Mord moi. Absorbe ma vie et répand ton poison en mes veines. Je t’offre mon sein. Mord moi. Déchire moi. Ecrase moi. Prend moi. Je suis tienne.


Comme si elle entendait sa prière, l’araignée s’exécuta. Alors l’obscurité se fit plus forte. Et le froid qu’elle pensait ne plus jamais percevoir engourdi Kalyso.

Mord moi. Déchire. Absorbe. Répand.

Shhhh…

????


La chaleur ? Elle sentait la chaleur, et…. Une étrange odeur de pain chaud…. Oui et de tourte aux pommes !!
Voulant ouvrir les yeux, la jeune femme se heurta à un éclat qui lui semblait devenu insoutenable.

C’est trop tôt. Attends un peu.

Cette voix ! Elle la connaissait ! Elle pensait ne plus jamais pouvoir l’entendre ! Ah que ce voyage dans sa mémoire ne s’achève jamais…
Doucement, elle se laissa bercer par les rayons caressant sa peau et sombra dans un sommeil profond.
Lorsqu’elle les ouvrit, ce n’est pas sa triste et sombre chambre qu’elle découvrit. Non c’était une chambre d’enfant de toutes les couleurs. Dehors c’était le crépuscule.
Elle s’approcha d’une fenêtre aux contours blancs. Posant sa main sur le carreau, elle se perdit dans la contemplation d’un paysage qu’elle aima tout de suite. Une vaste pleine, interminable, couverte de mille fleurs.
Devant la maison, sur le perron, la silhouette d’un homme. Il était de dos et portait en gestes réguliers une cigarette à sa bouche. Devant lui une femme brune courait, sautait, et faisait des roues.

Cette silhouette…. Cette voix…. Ces gestes, calmes, lents… non c’était impossible ! Mais pourtant ce n’était pas SON souvenir…
Et elle s’élança, manquant de tomber à quatre reprises. Elle dévala un escalier blanc, traversa une cuisine aux mille senteurs, et courut dehors, ses pieds nus frappant le sol de bois.
Elle se jeta à genoux et entoura la silhouette familière de ses bras tandis que des larmes de bonheur inondaient ses joues.

[HRP] Allez faire un tour LA et LA pour mieux comprendre ;) [ / HRP ]

Auteur : Namaj Vüenthal
08/08/06 01h40 | 34 Desertan 3724

Le soleil dardait à travers les feuilles du figuier. La chaleur brûlait
la peau comme le sable brûlant les pieds par une chaude
journée.
Une légère brise rafraîchissait cette peau et asséchait la
transpiration.
Le canon du revolver dans le gosier, il en faut des couilles pour
jouer à la roulette russe tous les matins, au réveil.
Et quand, par un semblable matin, l'unique balle sort du canon et
traverse le cerveau, tuant sur le coup la personne, la personne
tenant ce revolver se sent seul. Seul et infini. Infini et vide. Vide
et plein de sens.

Ne pas quitter le rêve, ne pas quitter l'autre réalité. La réalité
des rêves, des rêves enfantins, des rêves salaces, des rêves qui
donne une drôle d'impression le matin, cette impression de
bonheur, de coin de bonheur. Quitter, ne plus recommencer, ne
plus avoir la seconde sensation, celle qui suit le bonheur
éphémère, le vide qui nous prend, comme si on était mort, mort
dans le rêve.

Les bras l'étrangle. Il étouffe. Il va mourir. Il meurt. Il est déjà
mort. Il ressuscite. Du rêve ou de la réalité. Tout est flou. il y a un
voile, une brume qui sépare la réalité à l'autre réalité.

Il faut du temps pour le savoir, savoir si on rêve ou non, si cette
impression de déjà-vu n'est pas une récidive de l'acte d'une
réalité dans l'autre.

La chemise était trempée de sueur. La sueur coulait sur son dos,
sur son front, sur ses oreilles.
Les grillons se mirent à se taire. L'homme se leva, troublé par ce
silence.
Il eut une pensée pour la femme faisant une roue.
ll respira l'air chargée des éfluves des champs de lavande.
Un autre parfum vînt se superposer à celui des fleurs mauves.
L'homme sentit une femme venir. Elle voulait qu'ils s'étreignent. Il
sentait la volonté d'un contact et de fusion de sentiments.

Rien, le vide, le néant. Boire une gorgée d'eau pour se remettre
les idées en place, respirer profondément, lentement, sentir l'air
monter dans les sinus puis dans la gorge et enfin dans les
poumons. Recracher cette air impure, imparfaite dans
l'atmosphère.

Un âne brait. L'homme bougea la tête, comme un tic, un
mouvement vif, sec, petit, minuscule, comme si une mouche
venait de se poser sur son oreille.

Elle. Mon rêve.
Moi. Mon frère.
Moi. Keyrato.
« Où suis-je ? »

Auteur : Kalyso
08/08/06 18h05 | 35 Desertan 3724

C’était bien lui, oui.

Elle le surnommait « clef ». Pourquoi ? Elle ne l’avait jamais réellement su, elle était mue par l’inspiration d’une autre vie. Car oui, chacun a plusieurs vies. Elle le savait, maintenant qu’elle avait vécu de l’autre côté du voile. Elle frissonna ; y était elle encore, de l’autre côté ?
Non. Ce n’était pas comme ses rêves. Celui-ci semblait « réel ».

Le serrant plus fort contre elle, elle murmura à son oreille.

Clef.

Non. Quelque chose clochait. L’homme ne réagissait pas. Il continuait de bouger sa main, tenant la cigarette. Kalyso le fit pivoter et poussa un petit cri de surprise. Il n’avait pas de visage.

Non. Non c’est impossible.

Elle s’effondre, physiquement, moralement. Elle y avait cru.
Ses yeux fermés anticipent déjà la sombre chambre qu’elle découvrira à son réveil.

Où suis-je ?

Cette voix !!
Leurs yeux se rencontrèrent enfin. Par quelle magie était ce possible ? Comment s’était ils retrouvés ici ? Comment avaient ils réussis, alors qu’ils étaient tous deux bien au-delà de la vie, mais bien avant la mort aussi ? Avaient ils tous deux effleuré le même souvenir ? Avaient ils songé la même chose ? Peu importait. Le résultat était là.

[HRP : Pardon Clef, c’est vraiment trop court, mais je fais ça en douze cinq (expression de mon invention ^^) Je me rattrape au prochain /HRP]

Auteur : Namaj Vüenthal
09/08/06 00h53 | 35 Desertan 3724

Le ciel est d'une étrange couleur cette après-midi. Deux nuages ronds et noirs en plein milieu de la vaste mer bleue. Pourquoi viennent-ils troubler les ombres rasantes ? Pourquoi le vent sent dorénavant la peau d'une femme ? Pourquoi mes songes sont troublés ?

Immobilité maximale. Pas un cil ne bougeait. Il ne respirait pas. Il était comme un apnéiste avant sa plongée, il était comme un moine essayant d'atteindre l'illumination.
Il ne faisait pas attention à sa respiration. A certains moments, il la bloquait inconsciemment. Son torse ne bougeait pas même quand il inspirait et quand il expirait ce parfum.

Parfum de jeunesse
Fleur de printemps
Océan de caresse
Litanie et gémissements.

Il l'avait aimée. Il n'avait jamais rien dit de ça, il ne lui avait jamais rien dit. Il ne s'était pas permis de le dire, il ne se le permettait pas.

Les oiseaux s'envolèrent comme un embrin sur une digue, effrayés par la femme.


« Que veut-elle ? »

Auteur : Ash
09/08/06 19h38 | 36 Desertan 3724

Le noir. Le Néant absolu.
Tellement longtemps sans lumiere... Tant de temps passé dans cette noirceur absolue, sans horizon, ni haut, ni bas, ni avant, ni arriere.


" Depuis combien de temps suis-je ici ? Mille ans ? une seconde ?
Le temps veut-il encore dire quelque chose... "


Il se demande ce qu'il fait la. Il veut remonter, mais si ce n'était pas finit ? S'il remontait trop tot, cette indicible souffrance aurait été vaine ?


... Plus tard ...



" Et maintenant ? Combien ? J'attends... Je ne sais plus ou il est. D'ailleurs, son visage m'échappe... Oldwë ! "

... Encore plus tard ...

Immobile depuis déja longtemps, il " bouge ".
C'est beaucoup dire, parce qu'il n'a plus de corps. Son corps, cela fait longtemps qu'il est englouti, rongé, réabsorbé, réintegré... Mais son esprit, toujours entier, s'anime.


" Qu'est-ce que je fais la ? Pourquoi être ici ?
Je ne me rappelle plus de rien... Aaaah, bouger, penser, réflechir...
Trop douloureux. Attendons. "


Il attend. Il ne sait pas qauoi, il ne sait pas pourquoi, mais il ne s'en lasse plus. Un an est comme une journée, rien ne se passe, il ne pense pas.
Il pourrait attendre l'éternité ici...


" NOOON ! "

Non, il ne veut pas apparemment.
Il s'éveille, il bouge encore. Il endure une souffrance pire que l'enfer, cela fait si longtemps qu'il n'a pas pensé.
Il se rappelle pourquoi il est la. Qui il est.
Le Cataclysme.
La fusion.

Mais il faut remonter maintenant ! Cela fait déja bien trop longtemps qu'il reste sous terre, dans la terre, ne faisant qu'un avec sa planete.

Il essaie de se rappeler le rituel... Qu'était-ce déja ? Tracer des runes, oui... Mais avec quoi ?! Sans crayon, sans bras, sans existence matérielle...


" Est-ce que je suis perdu a jamais ?

Non... Je n'abandonne pas. Cet endroit n'est que mon imagination. Je suis imaginaire, puisque je ne suis qu'un esprit.
Le tout est de... réussir a... "


Le décor change. D'une immensité noire, vide et infinie, des couleurs semblent fleurir. Par taches. Des murs se matérialisent. Une maison, confortable, douillette. Tout est la.
Au dehors, un beau paysage vertanien.


" Bien... Mais impossible de me rappeler le rit... Hein ? AAAAAAAAAAAHHHH !!!! "

Un hurlement strident, alors que la maison s'effondre, le paysage au dehors semble chamboulé comme par d'immenses séismes... Tout s'écroule et converge en un point pour disparaitre finalement.

" Aïe... Ca fait mal... Depuis combien de temps n'avais-je pas eu mal ? "

Alors qu'il est perdu dans ses pensées, comme une odeur passe... Un parfum délicat. Une vague odeur de cigarette mêlée a celle d'une femme.

Il leve la tête, aussitôt.


" Qu'est-ce que... "

Tout un décor se met en place, beaucoup plus rapidement que la premiere fois.

" Qui... Comment ?? Ce n'est pas moi qui... AAAAAAAAAAHHHH ! "

Encore un hurlement. Il tombe a genoux, la tête entre les mains.
Trop douloureux, de se souvenir. Petit a petit, il se calme. Il se leve.


" Bon... Pret pour explorer sa propre mémoire... "

Il avance dans un couloir. Il avance, avance, avance encore... Jusqu'a un escalier.
Marche par marche, il descend. Lentement. Longtemps qu'il n'a pas pris un escalier.
Il arrive dans une piece qui ressemble a l'entrée banale d'une maison banale.
Pas faim, pas soif. Il serre les poings...


" Puisqu'il faut le faire... "

Il fait un grand geste de la main en direction de la porte.
Rien ne se passe.


" Mais... Comment... C'est impossible ! "

Il ferme les yeux, se concentre...

" C'est bien mon rêve, pourtant ! "

En colere, contre il-ne-sait-pas-trop-quoi d'ailleurs, il s'avance, tourne la poignée... Donne un petit coup dessus... La porte s'ouvre.

Dehors, une rue. Une femme qui fait la roue. Et en face, sur le perron de la maison de l'autre coté de la rue...
Il tombe a genoux, lentement. Il prend sa tête entre ses mains.
On dirait qu'il pleure.
Il se redresse, son visage exprime a la fois une joie, une tristesse et une terreur infinies...


" Kaly... Key... Vous ? "

Auteur : Kalyso
09/08/06 20h52 | 36 Desertan 3724

Un simple geste de la main suffirait à tout balayer. Une simple déviation de leurs consciences les enverrait ailleurs.

Oui, elle avait compris maintenant. Depuis des mois déjà, elle errait, seule, dans ses souvenirs, ses rêves. Puis elle avait appris à visiter ceux des autres. Là où elle était alors, les règles ne correspondaient en rien à celles qu’elle avait connues toute sa vie. Elle était au-delà de toute existence vivante, sans toutefois avoir atteint la Mort et son mystère. Et elle errait, âme solitaire, dans les dédalles des subconscients qui lui étaient proches. Et elle n’était visiblement pas la seule.

Kaly...

Elle avait appris la mort de Keyrato, quelques mois plus tôt. Son désarroi avait été dissimulé par la haine qu’elle avait déversée dans une bataille pour son état. Une force nouvelle était née en elle, et elle s’était perdue dans un combat qui l’avait menée à ce qu’elle fuyait depuis le début. Le Désespoir. Il avait fini par la recouvrir entièrement, impénétrable voile opaque où la jeune femme s’était perdue. Son échappatoire avait été la magie des voyages mentaux qu’elle réalisait toutes les nuits.

... Key…

Le dernier s’était fait malgré elle. Elle avait été propulsée, sans s’en rendre compte, dans un rêve. Il lui rappelait les songes d’une âme proche, confiés un soir d’été, pas si lointain que ça.
Cette âme proche, hasardeuse coïncidence ou volonté extérieure, s’était trouvée ici même.

Kalyso l’avait retrouvé.
Jusqu’à maintenant, tout autour d’elle avait été brouillard impalpable, beau, certes, mais irréel. Seul Keyrato était l’appui, immatériel, peut être, mais en dimensions. Elle pouvait sentir sa présence. Tous deux ils étaient pensées, mais pensées animées d’une volonté, d’une mémoire, et de la capacité de ressentir. Ce qui les entourait était constitué de leurs pensées à eux…

... Vous ?

La brume environnante sembla frissonner, telle une surface liquide troublée un instant par la chute d’une feuille.
La plaine s’estompa, la jeune fille disparut avec elle.
Kalyso resta, un genou au sol, une main sur l’épaule de Keyrato. Une obscurité les engloutit, les noyant dans des profondeurs noires. Un troisième cœur se joignait à leur duo.

Très vite l’Obscurité se dissipa. Clignant des yeux, les deux comparses se découvrirent au centre d’une clairière de Vertana éclairée par une lune blanche.
La jeune femme sauta sur ses pieds et se retourna vers le nouveau venu. La voix qu’elle pensait être le fruit de son imagination était donc réelle !

Est-ce bien vous ? Est-ce bien vous que j’ose imaginer à nos côtés ? Vous que j’ai connu aux temps jadis et qui mourûtes sans que je ne puisse vous découvrir réellement ? Vous qui étiez Son descendant. Le descendant du seul homme que j’ai jamais appelé mon Maître ?
O Dieux permettez moi de vivre encore un peu ce rêve où enfin mon esprit se lie à ceux que je perdis autrefois. Laissez moi le savourez encore, ou tuez moi immédiatement. Car si je quitte cet endroit sans réponse, j’embrasserai la Mort.

Auteur : Namaj Vüenthal
11/08/06 17h34 | 38 Desertan 3724

Un cliquetis se fait entendre tout autour de moi.

On m'a dit que ce type cliquetis se produit quand il pleut. Si le son est assez sourd, c'est que la pluie tombe sur de l'herbe relativement haute.
Je ne sens pas l'eau me couler dessus. Je dois être sous un abri, peut-être un arbre. Un grand arbre peut-être.
Haut, grand. Qu'est ce que cela signifie ? On m'a aussi dit que j'étais grand, beau et svelte. Je ne comprend pas.
On m'a alors expliqué que grand ça veut dire une taille importante. Je n'ai pas compris le mot "taille".
On a tenté une autre explication : si, quand je me baigne, j'ai de l'eau jusqu'au cou, c'est que c'est profond donc qu'il y a une trop grande profondeur pour la plupart des gens.
J'ai compris. Si je ne peux pas toucher le bout d'un bâton de bois planté dans le sol, c'est qu'il est grand.

Il fait lourd et humide. Ca me colle à la peau. La sueur coule et trempe mes habits, blancs paraît-il.

Je crois qu'on essaye de me parler, on me touche. Je ne suis pas aveugle de naissance. Une balle m'a transpercé de part en part. Cependant au lieu que ma tête explose après que j'ai appuyé sur la détente, il n'y a eu plus que du vide. Un bordel de sons, de sensations toutes plus ou moins étranges et étrangères. Mais la balle a coupé un
je-ne-sais-quoi qui m'a fait perdre un autre je-ne-sais-quoi et puis ce vide.
C'est couillon, on pense toujours qu'on contrôle tout, qu'on sait tout ce qu'y se passe autour de nous, ce qui interagit avec nous, mais une fois qu'on supprime un sens, les autres prennent de l'importance par rapport à ce manque et tout change.
Bordel, c'est quoi ce truc doux qui me frôle les jambes et cette chose qui me donne des frissons ?


« Eh ! Vous ! »

Auteur : Kalyso
16/08/06 01h25 | 42 Desertan 3724

Key ?

Est-ce que tu te rappelles, Key ?

Ouvre tes yeux !!

Est-ce que tu te rappelles de cette nuit là ?

Key…

Moi, c’est cette nuit là qui m’est restée en mémoire.

Oh mon Dieu, on dirait qu’il ne respire plus !

Ce souvenir qui a le plus emprunt mon esprit.

Pourquoi me le rendre si c’est pour le reprendre aussitôt ?

Là où tu as laissé ton parfum.
Est-ce que tu te rappelles, Key ?
Cette nuit là, nous étions tous les deux.
Cette nuit là je faisais mes adieux.
Je ris maintenant.
Je pensais ne plus revenir.

Key je t’en prie, parle encore !

Cette nuit là je fus frappée.
C’est de ton bras pourtant que la vie me fut ôtée.
Paradoxe d’ailleurs… tu me vengeais, me pensant déjà morte…

Parle ! Respire ! Bouge ! Je t’en supplie !!

Hmmm je sens encore les odeurs.
Tu m’as offert le repos… Warren m’a ramenée.
Que devient il d’ailleurs, Warren ?
Je ne le vois qu’au travers des peintures changeantes qui ornent les murs de ma nouvelle, mon éternelle demeure. Est il toujours en guerre ?

Keyrato…

C’était un soir de printemps, n’est ce pas ?
Les fleurs étaient si splendides.
Je crois que je suis un peu tombée amoureuse de toi cette nuit là.

Key je t’en supplie !

C’est con à dire, mais j’ai du tous vous aimer au moins un instant.

Key…

Vous me manquez tant…

L’autre homme s’approcha doucement et posa une main délicate sur l’épaule de la jeune femme. Kalyso, toujours à genoux, tentait de croiser le regard d’un Keyrato hagard et perdu.
Perdus… C’est ce qu’ils étaient, tous les trois, au beau milieu d’un éphémère souvenir.

C’est ce moment là que choisit une silhouette vêtue de blanc pour entrer au centre de la clairière, et s’agenouiller sur le sol tout en récitant des formules en elfique, une lourde épée dans la main.

Doux mais éphémère souvenir…

Auteur : Namaj Vüenthal
19/08/06 22h59 | 46 Desertan 3724

Pourquoi lui parler ?
Gâchis de temps !
Observer l'autre, le comprendre.
Communiquer ainsi.

Mais je n'ouvre jamais la bouche dans mes rêves. Ce n'est pas moi, mais l'autre Keyrato, celui qui peut être beau, celui qui peut être imperceptible, celui qui peut être trilingue, celui qui bouge d'une pièce à l'autre sans le moindre effort, le Keyrato inconscient ou l'inconscience de Keyrato, un souvenir fugace, celui qui fuit le matin.

Guerre. La vie est une guerre paraît-il. il aut se battre pour vivre. Mais moi, je n'ai jamais rien demandé. Je n'ai jamais voulu apparaître dans un putain de merdier de merde. Les mouches, elles s'en foutent, elles aiment ça la merde, pour procréer entre autre. Je n'ai rien demandé. Je ne me bat pas pour vivre. Mon coeur battait, bat encore et battra encore.
Mon esprit, lui, est mort depuis longtemps, perdu dans ses pensées.

« Toi, Kalyso, qu'es-tu ? Le drapeau qu'on plante au sommet de la montagne, le drapeau qu'on plante sur l'endroit le plus haut de la place-forte ? »


Moi, je suis éphémère comme un milieu naturel, détruit par l'homme, je ne suis pas trois mais un souvenir, beau n'est que subjectivité.

Mort de rire, une épée, lourde en plus. Quelle stupidité !
S'attacher à des valeurs vertueusement morales.
Amis du passé au revoir. On oubli vite. Toi tu veux pas nous oublier. Tu te bats pour ça. Tu veux vivre avec nous, est-ce cela ?
D'accord. É bom ?


« Kalyso, je ne suis pas là, ni à côté, ni dans tes souvenirs. Je suis en Lusitania. »

Auteur : Kalyso
30/12/07 17h30 | 19 Aquan 3726

Le réveil fut brutal. Elle poussa un petit cri et se releva sur ses mains. Le flou s’estompa vite et il ne resta rien de ses fantasmes qu’un arrière goût sucré. Elle était dans une chambre où l’air tiède caressait sa peau nue. Tout était blanc. Les draps, le sol, la lumière. Et elle au milieu de tout ça était étrangement sombre. Sa peau d’habitude presque transparente était brune, et son corps se découpait dans le reflet du miroir, suspendu au fond de la pièce, à une cinquantaine de mètres d’elle. Ses yeux errèrent d’un coin à l’autre, et elle prit conscience de l’étendue vertigineuse de l’endroit. Il n’y avait d’autre repère que ses mains tremblantes, et son reflet, quelque part au loin. Elle sentit un courant d’air enrober ses seins, lécher son ventre et couler sur ses jambes, et baissant les yeux vit que le lit avait disparu. Elle était seule, nue, au milieu d’une immense chambre immaculée, seule avec le vent, et le miroir.

D’habitude, il faisait noir. Et elle ressortait dans sa froide pâleur tant l’obscurité était profonde, et brûlante ; et si déchirante était sa glaciale présence au milieu du néant qu’elle parcourait avidement, en quête d’un rien supplémentaire pour justifier à ses propres yeux son existence. Ici elle était noire et le reste si blanc glaçait ses contours. C’était une allégorie de son existence, encore au stade de négatif.

Son cœur se mit à battre, et le bruit empli la salle, faisant prendre à la silhouette conscience de l’oppressant silence qui jusqu’alors avait alourdit l’endroit. Et elle ferma les yeux, pour mieux écouter cette preuve qu’elle était encore en vie. Pour mieux fuir cette idée à l’avenir. Et alors que ses paupières se posaient doucement sur le gris de son iris, inchangé en cet univers corrompu, une touche de couleur fustigea sa vue un instant. Et elle sentit le choc de ses genoux sur le sol, et le contact glacé du sol sur ses paumes moites. Et il était là.

Fusion…

Il écarta ses mains, rieur, sa bouche s’ouvrant sur un boum silencieux…

…Fission !

… et ses doigts s’entrelacèrent aussi vite qu’ils s’étaient séparés.

Et les yeux de la silhouette se rouvrirent. Et l’éclat de la pièce ne l’aveugla.
Elle porta une main à son front et baissa la tête, tentant de chasser les images qui harassaient à présent son esprit par flashs incontrôlés. Elle l’avait cherché.

STOP

Sa voix s’était perdue dans les battements de son cœur. Elle n’était pas sortie de ses lèvres sèches, sa gorge était restée muette, elle laissait à peine passer l’air. Malgré cela le son avait été entendu. Il avait résonné par delà les murs invisibles de la chambre. Il avait éteint l’aubier palpitant. Et plus rien. Tel sur une toile trempée de pluie, le blanc coula des murs. Il n’y avait plus de teinte, rien, nada.

Elle baissa les yeux sur ses pieds. Ses orteils étaient recouverts d’un liquide parfaitement albe, qui montait, mordant progressivement ses chevilles, puis ses mollets. Décolorant sa peau en négatif, refroidissant sa chaleur mensongère. Et comme s’il avait pris son élan et courait dans sa direction, elle vit le miroir s’approcher d’elle à toute vitesse. Et il tourna, et tourna, et tourna si vite, qu’il n’y eut rien d’autre que cette matière en laquelle il était fait. Elle y flottait, redevenue elle-même, redevenue reflet, redevenue blanche, avec ses yeux si gris. Ses cheveux l’habillaient à présent, en tombant sur ses épaules, sa poitrine, ses hanches, et le sol. Elle était revenue dans ce néant incolore, et le miroir était toujours là, qui ne lui renvoyait plus rien.

Fusion… Fission … Fusion … Fission …Fu..

Les doigts se séparaient et s’embrassaient et se quittaient de nouveau. Vite puis lentement. Et les lèvres riaient, muette, prononçant ces mots silencieux qu’elle entendait pourtant. Il était revenu. Il n’était jamais parti en fait ?

D’un doigt hésitant, elle alla à la rencontre de la surface réfléchissante où à son soulagement elle ne se rencontrait plus. Et sous sa caresse, elle y vit se creuser neuf lettres. Et elle entendit son rire cristallin déchirer de nouveau le silence, et son cœur qui battait, encore plus vite que tantôt. Et elle promena cent fois son index dans le relief du miroir qui dessinait un mot qu’elle avait entendu, il y a bien longtemps, et qui valait aujourd’hui toutes les cartes du monde.

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