Les sous-sols de la Corporation > La fontaine maudite

Auteur : Lord Faust
26/11/07 18h07 | 60 Galan 3726

Les quelques frottements des pieds sur le sol mènent les âmes de tous temps vers l’inquiétude, frigide et molle. L’homme et encore, c’est à supposer, l’être plutôt avance dans le noir, si profond qu’il y tomberait, et il stagnerait dans comme dans un miroir. Comment faisait-il ? La question est subtil, mais ici, elle reste inutile. Les sous-sols de la Corporation sont vastes et sur quelques jambes, le bonhomme continuait sa lente progressions… vers le noir absolu. Quelque chose se figea, et une autre se tendit. Une main apparut au bout de laquelle, un bâton de bois et le feu, comme artifice, réchauffait les cœurs abandonnés. Il était de forme humain, mais sa cape ocre et pourpre le cachait de tout regard, anxieux comme pervers. De son habit, seule sa main fraîche et ferme dépassait pour tenir l’arborescente flamme nouvelle. Il marchait encore pendant plusieurs heures. Tant de temps à perdre pour un homme dont la vie est si courte. Bientôt, la faux noire l’emportera et tous les hommes trépasseront.

Bientôt. Mais d’ici là, j’aurais le temps de vivre et de découvrir l’éternité, satanée conscience.

Faust marchait encore, son grand âge ne perturbant en rien la tranquillité de sa condition. Sous air de jeunot radieux, le Lord vertanien scelle l’âme d’un philosophe des grands jours, un assistant de la logique quantique par la rhétorique de l’être. Il est physicien de l’âme et psychanalyste des astres. Il mélange aristocratie et socialisme tout aussi bien qu’il allie totalitarisme à la simple liberté démocratique de gouverner les autres, et cela dans une séance magistrale qui ferait plier l’animal en rut qu’est l’homme désemparé devant le récit d’une vie. Pourtant, la simplicité si lisait sur le jeune visage du grand-père La simplicité et la confiance. Non l’orgueil ni la vanité, il n’était pas assez bon à cela, mais la tâche qui incombait de sa personne était comme un défie de tous les jours. Il est homme à rêver en marchant, et dans son imagination, il pense seulement à réaliser les rêves qu’il appréciait la veille. Son plexus est une matière que même un scientifique ne saurait comprendre tant pas sa complexité de formation que par sa simple organisation de vie.
Les doigts de son pieds qui passèrent outre quelques temps le pan de sa robe, heurtèrent une couche d’air différente. Lord Faust s’arrêta et brandit la torche de soie, éclairant d’une couleur violette le mur. Une impasse ? Faust appliqua sa main sur le support, elle plongea dedans dessinant sa paume. Dans le noir, il était difficile de savoir que Lord Faust avait fermé les yeux, mais ses poumons n’expiraient plus, et son sang stagnait. Pourtant, dans son corps, une énergie se déployait, comme si elle hantait. Le mage eut une révulsion violente, ouvrit brutalement ses paupières et entre ses doigts, une petite aura indigo se propagea. La porte s’ouvrit, Faust se retourna, et contempla le couloir, droit, vide, sombre.


Il trouvera ? Il trouvera.

La lourde porte se referma, claquant contre la pierre meurtrie. Un courait d’air se faufila et dans l’ombre du souterrain une petite lucarne apportait la lumière nécessaire au bon vouloir du possesseur. Faust s’avança quelque peu. Lorsqu’il se pencha et tendit sa main vers le sol, un liquide froid contracta ses peurs. Mais le mage se reprit et joignit ses deux pouces pour former une petite cuve qu’il emplit de la substance. Apportant l’offrande à sa bouche, il délecta le breuvage jusqu’à la dernière goutte. De nombreuses fentes trouèrent le sol, et la lumière emplit le sol, donnant une autre dimension à son analyse. Car la blancheur du soleil était outrepassée. Il n’y avait pas cette impression de solstice d’été, le soleil illuminant ses sujets. Non, l’atmosphère était rouge. Rouge comme le liquide aux pieds de Faust. Ce n’était ni de l’eau ni aucune autre boisson connue des commerçants, c’était du sang, ce même sang qu’il venait de boire. Ronde, la fontaine semblait profonde. En son centre, un femme de pierre, nue et vierge, belle mais envoûtante crachait le sérum autour d’elle. La lumière quant à elle, provenait de la fontaine, de ses profondeurs, si bien que lorsqu’elle ressortait du penchant maudit, elle en avait pris la couleur. On aurait dit que c’était cette fontaine qui éclairait de son sang la salle vierge de lumière pure.

C’est bien ici.

Faust sourit, devant la muse maudite. Mais il ne s’attarda pas, s’enfonçant un peu plus, guidé par la source amorphe. Il s’assit sur son bureau de pierre, et s’étendit. Cette salle avait un passé. Faust l’avait découvert quand il n’était que gamin, avec un ami. Depuis, il l’avait adopté. Et durant toutes ces longues années, il en chercha l’importance et la propre signification dans tous les livres qui la peuplent. Car encastré dans la pierre même, de nombreuses étagères renfermaient le pouvoir absolu : le savoir. Faust y découvrit de multiples connaissances, mais aussi des systèmes, des conceptions, des idées. C’était une véritable âme qui habitait l’antre que tous appelaient la fontaine de sang, la fontaine maudite.
Celui que Lord Faust attendait, c’était ce très vieil ami, celui avec qui il entreprit de nombreuses actions, autrefois. Pourtant, cela faisait bien l’éternité qu’ils ne s’étaient plus donné le moindre contact. Seulement aujourd’hui, Lord savait qu’il viendrait.

C’était écrit.