Siège de la Corporation Galactique > Identité

Kalyso frissonna en s’identifiant devant la porte vitrée du Siège de la Corporation Galactique.
Avant d’entrer, elle secoua la tête, faisant tomber les quelques flocons qui parsemaient ses cheveux, et sourit à un chef d’état qui sortait.
Elle salua la réceptionniste qui lui lança une clef.

Pas besoin de m’enregistrer ?

Je m’en occupe, Madame. Chambre 31, dans la nouvelle aile.

Madame… Rinn, depuis le temps… On se croise bien dix fois par semaine… Ce genre de formalités sont faites pour les gens que je n’aime pas !

La stagiaire se mit à rire et tapa quelques informations sur son clavier.

Un nom de salle ?

Non… Non c’est bon. Je n’ai rien de vraiment important à signaler. Merci.

La jeune femme regarda les photos sur les murs – plus par habitude que par volonté – et lança la clef en l’air avant de la rattraper et de partir d’un pas rapide vers l’aile nord.

….29….30…..31… Elle fit glisser la petite clef dans la serrure en souriant. Des siècles de progrès technologiques incessants, et la mode revenait aux moyens les plus simples.

La salle, nouvellement construite, et sûrement encore vierge de tout débat, avait un côté chaleureux. Les visages des grands hommes du temps de jadis étaient sculptés, et semblaient fixer la jeune femme d’un air bienveillant. Elle leur rendit un regard complice et alla se placer sur l’estrade. D’un air absent, elle rentra « Identité » sur un clavier, et prit place face à la salle vide.

En quelques minutes, elle se remplit. La jeune femme se leva et posa les mains sur son pupitre.

Bonjour à tous et à toutes. Si vous attendez un débat agité au sujet d’une guerre, ou d’un affrontement, d’une injustice, ou de la destruction d’un état faible par un plus gros, je vous invite à quitter la salle.
Non, ce dont je viens parler ce soir concerne plus l’individu que l’état même.
J’aimerais évoquer les doubles identités, les identités cachées. Vous savez sûrement de quoi je parle.
Ces hommes et ces femmes qui sont en réalité…autre chose que ce qu’ils semblent être.
Ces acteurs dont la scène est la vie, qu’ils soient ouvertement dissimulés, ou cachés dans une foule aveugle.
J’ai, il y a peu de temps, débattu, ou plutôt entendus les idées obtues d’un homme, qui accuse de couardise ceux qui portent un masque et refusent de dévoiler leurs véritable visage.
Il est hélas parti bien trop vite pour que je puisse argumenter avec lui, refusant une « amusante » joute verbale. Et bien voilà. Telle est mon idée.
Ce n’est pas ceux qui portent ouvertement un masque qui sont lâches, ce sont ceux qui en ont peur. Je n’ai rien contre les déguisements, il faut bien savoir garder une âme d’enfant. Je pense que beaucoup en conviendront avec moi.
En vérité, l’ouverture de cette salle a pour but d’attirer ici deux personnes qui, je l’espère, passeront par là. Car j’aimerais terminer cette conversation qui a tourné court il y a peu. Elle m’intéressait.
Ouvrir une salle pour ça est surjoué ? Je ne pense pas. En effet, mon statut de Conseillère m’accordant certains privilèges, je puis affirmer que plus n’a pas une identité seule et propre. Aussi, plusieurs figures de ce monde étant concernées, j’aimerais aussi susciter leur intérêt et avoir leur opinion…
Messieurs Dames, à vous la parole…

La jeune femme s’inclina, malicieuse, et sauta à bas de l’estrade, allant s’enfoncer dans un confortable fauteuil pour attendre les interventions à venir.